Matthieu 6, 6
Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
La mission du Christ et de l’Esprit Saint qui, dans la Liturgie sacramentelle de l’Église, annonce, actualise et communique le Mystère du salut, se poursuit dans le cœur qui prie. Les Pères spirituels comparent parfois le cœur à un autel. La prière intériorise et assimile la Liturgie pendant et après sa célébration. Même lorsqu’elle est vécue " dans le secret " (Mt 6, 6), la prière est toujours prière de l’Église, elle est communion avec la Trinité Sainte (cf. IGLH 9).
– pour la prière personnelle, ce peut être un " coin de prière ", avec les saintes Écritures et des icônes, afin d’être " là, dans le secret " devant notre Père (cf. Mt 6, 6). Dans une famille chrétienne, ce genre de petit oratoire favorise la prière en commun.
Nous devons prier dans le plus grand silence, afin que nos ennemis qui nous entourent, surtout pendant la prière, ne puissent connaître dans quelle intention nous prions.
Jésus-Christ ne défend point ici les prières publiques qui se font dans les assemblées des fidèles, puisqu’il nous dit lui-même qu’il se trouve au milieu de deux ou trois personnes rassemblées pour prier en son nom ; mais il veut que dans les prières particulières et de simple dévotion chacun se retire dans le secret pour prier avec plus de recueillement et pour éviter l’ostentation. Il ne condamne pas non plus d’une manière absolue les longues prières, puisque lui-même a passé quelquefois les nuits à prier ; il s’élève seulement contre l’abus qu’en faisaient les Juifs à l’imitation des païens, qui croyaient se rendre plus aisément leurs dieux propices lorsqu’ils parlaient beaucoup en priant.
Voici, comme
pendant, un autre portrait, celui du disciple de Jésus en oraison. Quelle différence ! Rien de théâtral, rien
d’affecté. C’est Dieu seul que l’on prie, c’est à lui seul qu’on veut plaire : tout se passe « dans le secret »,
entre l’âme et Lui. - Dans ta chambre ; l’expression grecque correspondante ne désigne pas seulement la
chambre à coucher, mais tout appartement intérieur, quel qu’il soit, par opposition aux lieux publics
mentionnés au v. 5. - Et après avoir fermé la porte : ce sont là des figures évidemment, et il faut les entendre
selon l’esprit, comme tant d’autres paroles du Discours sur la Montagne. « Ce qui est dit de la porte secrète
et verrouillée a été tiré du langage usuel pour désigner ce qui se fait sans vacarme », Rosenmüller, Schol. in
h.l. Jésus n’a nullement l’intention de condamner la prière publique en elle-même, à plus forte raison la
prière faite dans les églises ; ce qu’il attaque, c’est la vaine complaisance, la recherche du moi qui peut s’y
mêler. - Te le rendra : il récompensera votre piété sincère.
884. POUR TOI, QUAND TU PRIES, etc. Voici la deuxième partie, où [Jésus] présente la manière de prier. Premièrement, il montre la manière appropriée ; deuxièmement, il écarte de cette manière le comportement des Gentils, à savoir, le bavardage, en cet endroit : QUAND VOUS PRIEZ, NE RABÂCHEZ PAS COMME LES GENTILS [6, 7].
885. Le premier point comporte deux [parties] : premièrement, il présente la manière de prier ; deuxièmement, il ajoute une promesse, en cet endroit : ET TON PÈRE, QUI VOIT DANS LE SECRET, TE LE RENDRA [6, 6].
886. La manière de prier comporte trois éléments. Le premier, le secret de la méditation ; le second, l’exclusion d’un mauvais désir, en cet endroit : ET EN FERMANT LA PORTE [6, 6] ; le troisième, la rectitude d’intention, en cet endroit : ET PRIE TON PÈRE DANS LE SECRET [6, 6].
887. [Jésus] dit donc : QUAND TU PRIES, RETIRE-TOI DANS TA CHAMBRE, c’est-à-dire dans le secret de ton esprit, et dans ta retraite, comme disent Augustin et Raban Maur, par l’acte d’une méditation secrète. Chrysostome [écrit] : «Il ne faut pas chercher à émouvoir Dieu par une voix criarde, mais il doit être apaisé par une conscience droite ; car Il n’écoute pas la voix, mais le cœur.» Ou bien : ENTRE DANS TA CHAMBRE, au sens littéral. Et il dit à dessein «chambre», car alors l’âme doit se reposer des choses extérieures lorsqu’elle prie, et c’est là le moment le plus approprié et le lieu plus secret. Chrysostome [écrit] : «Au cours de la journée, mille choses t’ont sollicité et ne t’ont pas permis d’être dans le secret pour prier. Mais lorsque tu atteins ton lit, dis à ton âme : “Mon âme, comment avons-nous passé la journée ? Qu’avons-nous fait de bien ou de mal ?” Prie Dieu d’abord, puis permets à ton âme de s’endormir.» Ainsi faisait Judith, 8, 6 ; ainsi, Pierre, Ac 10, 9, et Tobie, 3, 10. ET EN FERMANT LA PORTE, c’est-à-dire en écartant tout désir mauvais et terrestre, ou en fermant les sens extérieurs, comme le dit la Glose, Is 26, 20 : Va, mon peuple, dans ta chambre, et ferme ta porte sur toi. PRIE TON PÈRE. La Glose [dit] : «Celui qui prie en esprit et en vérité, Jn 4, 23.» Ne prie pas pour les choses de ce monde. Isidore [écrit] : «C’est une chose de raconter à celui qui ne sait pas ; c’en est une autre de prier celui qui sait ; à celui-là, on fournit des indications, à celui-ci, on rend hommage.» DANS LE SECRET, c’est-à-dire dans l’intimité du cœur. Chrysostome [écrit] : «Que celui qui prie ne fasse rien d’étrange que puissent apercevoir les hommes, qu’il n’élève pas la voix, ni n’étende les mains, ni ne lève impudemment les yeux vers le ciel afin de se faire remarquer.»
888. ET TON PÈRE, QUI VOIT DANS LE SECRET, TE LE RENDRA. Voilà qu’il ajoute la promesse, en disant : ET TON PÈRE QUI VOIT DANS LE SECRET, c’est-à-dire qui regardera ton cœur, He 4, 13 : Tout est à nu et à découvert à ses yeux. TE LE RENDRA. Il ne dit pas : «Il te donnera», car Il s’est déjà constitué débiteur, c’est-à-dire qu’il te donnera certainement une récompense. Chrysostome [écrit] : «Vois la philanthropie de Dieu, c’est-à-dire l’amour qu’Il a pour les hommes, et considère avec admiration la miséricorde de Dieu, puisque, pour ces biens mêmes que nous Lui demandons, Il promet de donner une récompense.»
885. Le premier point comporte deux [parties] : premièrement, il présente la manière de prier ; deuxièmement, il ajoute une promesse, en cet endroit : ET TON PÈRE, QUI VOIT DANS LE SECRET, TE LE RENDRA [6, 6].
886. La manière de prier comporte trois éléments. Le premier, le secret de la méditation ; le second, l’exclusion d’un mauvais désir, en cet endroit : ET EN FERMANT LA PORTE [6, 6] ; le troisième, la rectitude d’intention, en cet endroit : ET PRIE TON PÈRE DANS LE SECRET [6, 6].
887. [Jésus] dit donc : QUAND TU PRIES, RETIRE-TOI DANS TA CHAMBRE, c’est-à-dire dans le secret de ton esprit, et dans ta retraite, comme disent Augustin et Raban Maur, par l’acte d’une méditation secrète. Chrysostome [écrit] : «Il ne faut pas chercher à émouvoir Dieu par une voix criarde, mais il doit être apaisé par une conscience droite ; car Il n’écoute pas la voix, mais le cœur.» Ou bien : ENTRE DANS TA CHAMBRE, au sens littéral. Et il dit à dessein «chambre», car alors l’âme doit se reposer des choses extérieures lorsqu’elle prie, et c’est là le moment le plus approprié et le lieu plus secret. Chrysostome [écrit] : «Au cours de la journée, mille choses t’ont sollicité et ne t’ont pas permis d’être dans le secret pour prier. Mais lorsque tu atteins ton lit, dis à ton âme : “Mon âme, comment avons-nous passé la journée ? Qu’avons-nous fait de bien ou de mal ?” Prie Dieu d’abord, puis permets à ton âme de s’endormir.» Ainsi faisait Judith, 8, 6 ; ainsi, Pierre, Ac 10, 9, et Tobie, 3, 10. ET EN FERMANT LA PORTE, c’est-à-dire en écartant tout désir mauvais et terrestre, ou en fermant les sens extérieurs, comme le dit la Glose, Is 26, 20 : Va, mon peuple, dans ta chambre, et ferme ta porte sur toi. PRIE TON PÈRE. La Glose [dit] : «Celui qui prie en esprit et en vérité, Jn 4, 23.» Ne prie pas pour les choses de ce monde. Isidore [écrit] : «C’est une chose de raconter à celui qui ne sait pas ; c’en est une autre de prier celui qui sait ; à celui-là, on fournit des indications, à celui-ci, on rend hommage.» DANS LE SECRET, c’est-à-dire dans l’intimité du cœur. Chrysostome [écrit] : «Que celui qui prie ne fasse rien d’étrange que puissent apercevoir les hommes, qu’il n’élève pas la voix, ni n’étende les mains, ni ne lève impudemment les yeux vers le ciel afin de se faire remarquer.»
888. ET TON PÈRE, QUI VOIT DANS LE SECRET, TE LE RENDRA. Voilà qu’il ajoute la promesse, en disant : ET TON PÈRE QUI VOIT DANS LE SECRET, c’est-à-dire qui regardera ton cœur, He 4, 13 : Tout est à nu et à découvert à ses yeux. TE LE RENDRA. Il ne dit pas : «Il te donnera», car Il s’est déjà constitué débiteur, c’est-à-dire qu’il te donnera certainement une récompense. Chrysostome [écrit] : «Vois la philanthropie de Dieu, c’est-à-dire l’amour qu’Il a pour les hommes, et considère avec admiration la miséricorde de Dieu, puisque, pour ces biens mêmes que nous Lui demandons, Il promet de donner une récompense.»

Ou bien ces coins de rues sont les endroits où une voie en coupe une autre et forme un carrefour.
Voici donc le sens de ces paroles : qu'il vous suffise que votre prière soit connue de celui-là seul qui pénètre jusqu'au plus secret des coeurs, et qui par là même ne peut manquer de l'exaucer.
Or, il nous enseigne ici non pas l'obligation de la prière, mais la manière dont nous devons prier, de même que plus haut il n'a point parlé de la nécessité de l'aumône, mais de l'intention avec laquelle on doit la faire.
Ce qui est un mal, ce n'est pas d'être vu des hommes, mais d'agir pour en être remarqué.
Nous devons éviter également de faire voir aux hommes que nous ne voulons pour récompense de nos actions que leur être agréables, car écoutons ce qui suit : « Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense. »
Par nos chambres on peut encore entendre nos coeurs, dont le Psalmiste a dit (Ps 4) : « Ce que vous dites dans vos coeurs, repassez-le avec amertume dans le lieu de votre repos. » La porte ce sont les sens de la chair ; au dehors sont toutes les choses temporelles qui pénètrent par les sens dans nos pensées, et la multitude des vains fantômes qui viennent nous étourdir pendant la prière.
Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister à l'importunité des sens, afin que la prière toute spirituelle monte jusqu'au Père après avoir été formée au plus intime du coeur où l'âme prie Dieu dans le secret, c'est pourquoi il ajoute : « Et votre Père vous le rendra.
Ces paroles, dans leur sens naturel, apprennent à celui qui les entend à fuir la vaine gloire dans la prière.
Salomon (Si 9, 23) nous fait cette recommandation : « Avant la prière, préparez votre âme. » C'est ce que fait celui qui donne l'aumône avant de prier. Les bonnes oeuvres, en effet, réveillent la foi du coeur et donnent à l'âme la force de s'adresser à Dieu par la prière. L'aumône est donc une préparation à la prière et c'est pour cela qu'après avoir expliqué les conditions de l'aumône le Sauveur nous donne ses instructions sur la prière.
La prière est comme un tribut spirituel que l'homme tire du plus intime de son âme pour l'offrir à Dieu. Plus donc la prière est honorable et glorieuse, plus il faut prendre garde à ce qu'une intention tout humaine ne vienne l'avilir. Aussi, écoutez le Sauveur : « Lorsque vous prierez, vous ne serez pas comme des hypocrites. »
Il appelle hypocrites ceux qui font semblant de prier et regardent de tous côtés si les hommes les considèrent, et c'est pour cela qu'il ajoute « Qui aiment à prier dans les synagogues. »
Je ne pense pas que le Seigneur veuille parler ici du lieu où l'on prie, mais de l'intention qui anime la prière, car c'est une action louable que de prier dans les assemblées des fidèles, selon cette parole du roi-prophète : « Bénissez Dieu dans les assemblées. » Celui-là donc qui prie pour être vu des hommes, ce n'est pas vers Dieu, mais vers les hommes qu'il tourne ses regards et, par son intention, il prie dans la synagogue. Le texte ajoute : « Et dans les coins des rues, » afin de paraître prier en secret, poursuivant ainsi aux yeux des hommes le double mérite de la prière et de la prière faite en secret.
Il nous défend donc de prier dans l'assemblée de nos frères dans l'intention d'en être remarqués ; aussi ajoute-t-il : « Pour être vus des hommes. » Que celui qui se livre à la prière évite donc avec soin tout ce qui est extraordinaire et qui peut attirer les regards des hommes, comme d'élever la voix, de se frapper la poitrine ou de tenir les mains étendues.
Il est toujours bon de se dérober au danger de la vaine gloire, mais surtout dans la prière, car si même sans ce défaut nos pensées nous égarent çà et là pendant la prière, comment comprenons-nous ce qui nous est dit si nous venons prier avec une âme travaillée de cette nouvelle infirmité ?
Chacun ne moissonnera que ce qu'il aura semé ; celui donc qui aura prié pour plaire aux hommes plutôt qu'à Dieu recevra les louanges des hommes et n'aura aucun droit aux louanges de Dieu. Notre-Seigneur dit : « Ils ont reçu, » car Dieu voulait leur accorder la récompense dont il est l'auteur, ils ont mieux aimé rechercher celle que donnent les hommes. Mais comment doit-on prier ? Notre-Seigneur nous l'enseigne par ce qui suit : « Pour vous, lorsque vous voudrez prier, entrez dans votre chambre et, après en avoir fermé la porte, priez votre Père dans le secret.
Il faut qu'il n'y ait absolument là que celui qui prie et celui à qui s'adresse la prière. Un témoin, loin de vous être alors utile, ne fait que vous être à charge.
Nous pouvons aussi par cette porte de la maison entendre notre bouche, en ce sens que nous n'avons pas besoin d'élever bien haut la voix, mais que nous devons prier dans le silence du coeur pour trois raisons : la première c'est que Dieu qui écoute la voix du coeur ne doit pas être importuné par des cris, mais apaisé par le spectacle d'une conscience droite ; la seconde, c'est que personne, excepté Dieu et vous ne doit connaître l'objet de vos prières secrètes ; la troisième, c'est que votre prière bruyante est un véritable empêchement pour celui qui prie à côté de vous.
Remarquez qu'il ne dit pas : « C'est lui qui vous donnera gratuitement, » mais « c'est lui qui vous le rendra, » car Dieu se constitue lui-même votre débiteur.
D'ailleurs il est plus convenable pour notre foi de prier dans les lieux retirés, nous comprenons mieux alors que Dieu est présent partout et qu'il pénètre les endroits les plus secrets de la plénitude de sa majesté.
Mais quelle est cette négligence qui vous laisse prendre et entraîner lorsque vous priez Dieu, par des pensées aussi ridicules que profanes ? Quelle pensée donc doit vous occuper davantage que celle-ci ; c'est à Dieu que je parle. Comment exiger que Dieu vous écoute, alors que vous ne vous écoutez pas vous-mêmes ? C'est vraiment là ne pas vous mettre en garde contre votre ennemi, c'est offenser Dieu par la négligence et la froideur de votre prière.