Matthieu 3, 9
N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Parole de grave
avertissement : Ne vous fiez point à vos privilèges extérieurs. - Ne prétendez pas ; en grec, ne vous imaginez
pas que vous puissiez dire, etc. - Dire en vous-mêmes, locution hébraïque, pour signifier « réfléchir », la
réflexion étant comme un langage intérieur qu’on se parle à soi-même au fond de son cœur. - Ces cœurs
charnels se disaient intérieurement bien des choses étranges ; le Précurseur signale ici la plus grossière de leurs imaginations : Nous avons Abraham pour père. Abraham est notre père ; nous ne sommes donc pas une
race de pécheurs comme les Gentils ; nous sommes essentiellement une nation sainte, qui n’a pas besoin de
pénitence et à laquelle le royaume du ciel s’ouvrira de lui-même. Nous savons, par divers passages du
Nouveau Testament et des livres rabbiniques, que les Juifs, les Pharisiens surtout, déduisaient de leur titre
d’Abrahamides des conséquences aussi vaines qu’exorbitantes. Être fils d’Abraham, c’était être certainement
et en quelque sorte nécessairement sauvé, les mérites de l’aïeul suffisant, croyait-on, pour toute sa postérité,
et devant être appliqués à tous les Israélites sans exception. « Tout Israël aura part au siècle futur (c’est-à-dire
au bonheur éternel) », Sanh. 90, 1. « Dans les temps futurs, Abraham sera assis à côté des portes de la
Géhenne, et ne permettra à aucun Israélite circoncis d'y descendre », Bereschit. R. 18, 7. Ainsi donc, cette
noblesse, car c’en était une véritable, au lieu d’obliger à une vie plus parfaite, dispensait au contraire de toute
vertu personnelle, puisqu’elle assurait le salut quand même. Les Rabbins allaient jusqu’à diviser l’humanité
en deux classes composées : l’une des enfants de la promesse ou des Juifs, l’autre des enfants de la menace
ou des Gentils. Le Précurseur attaque de front ce préjugé immoral des sectaires qui l’entourent en ce
moment, et, à la place du particularisme révoltant qu’ils enseignent, il établit, comme le fera plus tard
Jésus-Christ, l’universalité, la catholicité du « royaume des cieux ». - Dieu peut susciter. Le pouvoir et la
liberté de Dieu ne sont nullement restreints par le droit héréditaire des Juifs ; il peut rejeter, condamner ces
faux enfants d’Abraham et extraire des matériaux les plus durs, les plus vils, les moins capables de
formation, une nouvelle race de vrais Abrahamides. « Ne croyez pas, quand même vous péririez tous, que le
saint patriarche demeure privé de postérité. Non, Dieu ne le souffrira pas, parce qu’il peut de ces pierres
même faire naître des hommes qui seront fils d’Abraham », S. Jean Chrys. Hom. 11 in h. l. - De ces pierres.
En prononçant ces mots, le Précurseur montrait du doigt les pierres qui abondent en ce lieu du désert et qui
figuraient parfaitement les païens endurcis dans leurs péchés, mais destinés quand même à devenir les fils
spirituels du Père des croyants. Abraham lui-même, suivant l’expression magnifique d’Isaïe, n’était-il pas un
rocher dans lequel ses descendants selon la chair, ces Juifs orgueilleux, avaient été taillés ? « Regardez le
rocher dans lequel vous avez été taillés, la carrière d’où vous avez été tirés. Regardez Abraham votre père, et
Sara qui vous a enfantés » Is. 51, 1 et 2. S. Paul développera plus tard avec toute sa vigueur dogmatique
cette légitime conclusion du Précurseur ; Cf. Rom. 4 ; 9 ; Gal. 4.
322. [Jean] dit donc : NE DITES PAS EN VOUS-MÊMES : «NOUS AVONS COMME PÈRE ABRAHAM.» Ils étaient de la descendance d’Abraham selon la chair, ainsi ils pouvaient croire que s’ils péchaient, même beaucoup, Dieu leur faisait miséricorde à cause d’Abraham, Ex 32, 11 : Pourquoi, Seigneur, ta fureur s’enflammerait-elle [contre ton peuple] ? Et plus loin, Ex 32, 13 : Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob, etc. Et c’est pourquoi Jean n’admet pas cela : NE DITES PAS. C’est une façon de parler, comme s’il disait : «Ne dites pas cela, parce que cela ne vaudra pas pour vous.» Rm 9, 8 : Ce ne sont pas les fils de la chair qui sont fils de Dieu, ce sont les fils de la promesse qui sont comptés comme descendance, etc. Eux se glorifiaient beaucoup d’Abraham, mais le Seigneur dit, Jn 8, 39 : Si vous êtes fils d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham. C’est contre de tels hommes que Chrysostome dit : «Celui que ses mœurs défigurent, à quoi lui sert une illustre généalogie ?» Et cela est [vrai] aussi pour les choses spirituelles.
323. Ensuite, [Jean] donne un argument : MOI, JE VOUS DIS, car il est plus grand d’imiter son père que de naître de lui : DIEU EST CAPABLE AVEC CES PIERRES DE SUSCITER DES FILS À ABRAHAM. On lit en Jos 4 que lorsque le peuple d’Israël traversa le Jourdain à pied sec, en mémoire du miracle, Josué ordonna de prendre douze pierres dans le fond du fleuve et de les poser à l’extérieur, et de mettre dans l’eau douze pierres qui dépassaient. Jean, baptisant en ce lieu, les montra.
324. On peut l’entendre de deux façons. D’abord littéralement : c’est le premier fondement de la foi, de croire à la toute-puissance de Dieu, Jb 42, 2 : Je sais que tu peux, et aucune pensée ne t’est cachée. Ou bien nous pouvons entendre par les pierres les païens, qui sont appelés pierres pour deux raisons : d’abord, parce qu’ils adorent des pierres ; deuxièmement, à cause de leur dureté. Les pierres sont dures, mais elles gardent longtemps ce qu’on y imprime. Un bâtiment de pierre est long à faire, mais il est solide et durable. C’est pourquoi les païens, bien que durs à recevoir la foi au Christ, ont tenu vaillamment. Cela est signifié en Ez 11, 19 : Je vous enlèverai le cœur de pierre de votre chair, et je vous donnerai un cœur de chair, et je mettrai mon esprit au milieu de vous.
325. Selon Jérôme, dans ces paroles, [Jean] paraît ramener à la mémoire la prophétie d’Is 51, 2 : Regardez Abraham votre père, et Sara qui vous a enfantés : [il était seul quand je l’ai appelé, mais je l’ai béni et multiplié].
326. [Jean] appelle Abraham «pierre» à cause de son incapacité à procréer, et Sara à cause de sa stérilité, comme s’il disait : «Dieu, qui a rendu Abraham capable et Sara féconde, EST CAPABLE AVEC CES PIERRES DE SUSCITER DES ENFANTS À ABRAHAM.»
323. Ensuite, [Jean] donne un argument : MOI, JE VOUS DIS, car il est plus grand d’imiter son père que de naître de lui : DIEU EST CAPABLE AVEC CES PIERRES DE SUSCITER DES FILS À ABRAHAM. On lit en Jos 4 que lorsque le peuple d’Israël traversa le Jourdain à pied sec, en mémoire du miracle, Josué ordonna de prendre douze pierres dans le fond du fleuve et de les poser à l’extérieur, et de mettre dans l’eau douze pierres qui dépassaient. Jean, baptisant en ce lieu, les montra.
324. On peut l’entendre de deux façons. D’abord littéralement : c’est le premier fondement de la foi, de croire à la toute-puissance de Dieu, Jb 42, 2 : Je sais que tu peux, et aucune pensée ne t’est cachée. Ou bien nous pouvons entendre par les pierres les païens, qui sont appelés pierres pour deux raisons : d’abord, parce qu’ils adorent des pierres ; deuxièmement, à cause de leur dureté. Les pierres sont dures, mais elles gardent longtemps ce qu’on y imprime. Un bâtiment de pierre est long à faire, mais il est solide et durable. C’est pourquoi les païens, bien que durs à recevoir la foi au Christ, ont tenu vaillamment. Cela est signifié en Ez 11, 19 : Je vous enlèverai le cœur de pierre de votre chair, et je vous donnerai un cœur de chair, et je mettrai mon esprit au milieu de vous.
325. Selon Jérôme, dans ces paroles, [Jean] paraît ramener à la mémoire la prophétie d’Is 51, 2 : Regardez Abraham votre père, et Sara qui vous a enfantés : [il était seul quand je l’ai appelé, mais je l’ai béni et multiplié].
326. [Jean] appelle Abraham «pierre» à cause de son incapacité à procréer, et Sara à cause de sa stérilité, comme s’il disait : «Dieu, qui a rendu Abraham capable et Sara féconde, EST CAPABLE AVEC CES PIERRES DE SUSCITER DES ENFANTS À ABRAHAM.»