Matthieu 3, 6

et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.

et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Fulcran Vigouroux
Le baptême de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu’il promettait à ceux qui s’en approchaient dans un esprit de componction et de pénitence, après avoir confessé leurs péchés.
Louis-Claude Fillion
A sa prédication, S. Jean avait joint un rite extérieur qui lui avait été sans doute directement inspiré de Dieu, et qui consistait dans une immersion complète dans les eaux du Jourdain, selon l’étymologie du mot “baptiser”. – Ce rite était un symbole très intelligible, qui figurait la purification de l’âme nécessaire pour participer au royaume du Christ : c’était donc le corollaire ou plutôt l’explication pratique de la grave parole “Faites pénitence”; c’était en même temps un acte d’initiation au règne messianique. Rien ne prouve que ce baptême fût obligatoire ; cependant toutes les âmes pieuses et croyantes s’empressaient de le recevoir. Le livre des Actes, 19, 3, nous apprend qu’il survécut pendant longtemps au Précurseur. Quoique nouveau sous le rapport du but spécial qu’il indiquait, il était déjà très ancien et très universel au point de vue extérieur, c’est-à-dire dans la matière et dans le mode d’administration qui lui servaient de bases : les ablutions de divers genre prescrites par la Loi mosaïque à ceux qui avaient contracté des souillures légales, en dehors du judaïsme, les “lustrations” nombreuses qui avaient lieu chez les peuples païens, n’étaient-elles pas en vérité des cérémonies analogues à celle de Jean-Baptiste ? – Confessant leurs péchés. L’immersion dans le Jourdain était accompagnée non d’holocaustes matériels comme la plupart des purifications légales, mais de l’élément le plus spirituel du sacrifice, la confession des péchés. Il est assez difficile de le déterminer. L’expression du texte grec semble supposer un aveu public qui entrait sans doute dans quelques détails, mais dont l’étendue variait selon le degré de ferveur et d’humilité des baptisés.
Saint Thomas d'Aquin
300. ET (…) ILS ÉTAIENT BAPTISÉS PAR LUI DANS LE JOURDAIN. Mais pourquoi dans le Jourdain ? Parce que c’est dans le Jourdain que fut d’abord préfiguré le baptême. En 2 R 2, 8-11, il est dit qu’Élisée traversa le Jourdain et qu’Élie fut enlevé au ciel. De plus, c’est là que fut purifié Naaman le lépreux, qui représente l’homme purifié du péché dans le baptême. C’était aussi parce que la traduction elle-même [du nom «Jourdain»] convient au baptême : en effet, il se traduit par «descente», et il représente l’humilité que l’homme doit avoir dans le baptême, 1 P 2, 2 : Comme des bébés, désirez le lait raisonnable et non frelaté.

301. Le troisième point est abordé en cet endroit : CONFESSANT LEURS PÉCHÉS. La raison pour laquelle la confession a été introduite a été montrée plus haut : elle est nécessaire au salut, Jc 5, 16 : Confessez vos péchés les uns aux autres. Et la Glose dit qu’elle a été introduite pour que l’homme ait honte. Mais il faut savoir que la honte est une cause secondaire, la principale étant le pouvoir des clés, car nul ne pourrait lier ni délier s’il ne savait ce qui est à lier ou à délier. Donc, de même que nul ne peut abolir la nécessité des clés, de même nul ne pourrait abolir la confession vocale.

Mais on se demande si celui qui accède au baptême est tenu de se confesser. Il semble qu’il n’y ait pas besoin du pouvoir des clés, puisque tous les péchés sont remis dans le baptême. Mais il faut dire qu’il est tenu [de le faire], au moins en général, et il le fait quand il renonce à Satan et à toutes ses pompes : en cela il confesse ouvertement qu’il est lié à Satan.

302. VOYANT BEAUCOUP DE GENS. Après avoir montré que beaucoup de gens étaient baptisés par Jean, [Matthieu] traite ici de leur instruction, et sur ce sujet, il fait deux choses. D’abord sont présentés les gens qui reçoivent cette instruction ; deuxièmement est abordée leur instruction, en cet endroit : QUI VOUS A MONTRÉ À FUIR LA COLÈRE QUI VIENT ?
La Glose
C'était un baptême de préparation, qui n'effaçait pas les péchés.
Rabanus Maurus
C'est avec raison que l'Évangéliste dit que ceux qui devaient être baptisés sortaient pour aller trouver le prophète, car à moins de sortir de ses faiblesses, de renoncer aux pompes du démon et aux attraits séducteurs du monde, on ne peut recevoir le baptême avec fruit. Il était également convenable qu'ils fussent baptisés dans le Jourdain, dont le nom signifie descente, car ils descendaient des hauteurs orgueilleuses de leur vie pour se soumettre aux humiliations d'une confession véritable. Dès lors l'exemple était donné à ceux qui voulaient recevoir le baptême de confesser leurs péchés et de s'engager à mener une vie plus pure.
Saint Rémi
Le baptême de Jean figurait la conduite que tient l'Église à l'égard des catéchumènes ; on catéchise les enfants pour les rendre dignes du sacrement de baptême ; ainsi Jean donnait le baptême, afin que ceux qui le recevaient méritassent par une vie vraiment pieuse le baptême de Jésus-Christ. Il baptisait dans le Jourdain pour ouvrir la porte du royaume des cieux dans le même endroit qui avait ouvert aux enfants d'Israël l'entrée de la terre promise.
Saint Jean Chrysostome
Après nous avoir fait connaître la vie de Jean, l'Évangéliste ajoute comme conséquence : " Alors Jérusalem venait à lui, " etc. Car la renommée de sa vie dans le désert avait plus de retentissement que le son de sa voix.

C'était un spectacle admirable de voir une force aussi grande dans un corps mortel. C'est aussi ce qui attirait le plus les juifs, qui croyaient voir en lui le grand prophète Élie. Ce qui augmentait leur étonnement, c'est que depuis longtemps ils étaient privés de la grâce des prophéties, et que cette grâce paraissait leur être rendue. Le genre de prédication tout différent y contribuait encore, car ils n'entendaient rien de ce que les autres prophètes avaient coutume de leur annoncer, les combats, les victoires des Assyriens et des Perses. Jean-Baptiste ne leur parlait que des cieux, du royaume que Dieu y a fondé, et du supplice de l'enfer.

Devant l'éminente sainteté de Jean-Baptiste, qui pourra se croire juste ? De même qu'un vêtement d'une éclatante blancheur perd tout son éclat et paraît même souillé si on le place près de la neige ; ainsi en comparaison de saint Jean tout homme se trouvait impur et se hâtait de confesser ses péchés. Or la confession des péchés est la marque d'une conscience qui craint Dieu, car la crainte qui est parfaite triomphe de toute honte. On se laisse arrêter par la honte de se confesser, quand on ne croit pas au châtiment qui doit suivre le jugement dernier. Et comme la honte et la confusion sont une peine assez forte, Dieu nous ordonne l'aveu de nos fautes pour nous soumettre à cette peine de la honte, car elle fait aussi partie du jugement.