Matthieu 3, 16
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
La colombe. A la fin du déluge (dont le symbolisme concerne le Baptême), la colombe lâchée par Noé revient, un rameau tout frais d’olivier dans le bec, signe que la terre est de nouveau habitable (cf. Gn 8, 8-12). Quand le Christ remonte de l’eau de son baptême, l’Esprit Saint, sous forme d’une colombe, descend sur lui et y demeure (cf. Mt 3, 16 par.). L’Esprit descend et repose dans le cœur purifié des baptisés. Dans certaines églises, la sainte Réserve eucharistique est conservée dans un réceptacle métallique en forme de colombe (le columbarium) suspendu au-dessus de l’autel. Le symbole de la colombe pour suggérer l’Esprit Saint est traditionnel dans l’iconographie chrétienne.
364. Ensuite quand il dit : AUSSITÔT BAPTISÉ, JÉSUS REMONTA DE L’EAU, sont abordées quatre suites du baptême, et il faut savoir que de même que le Christ en son baptême a donné aux autres l’exemple de se faire baptiser, de même dans les suites du baptême il a donné à comprendre ce que nous poursuivons.
365. Les suites [du baptême] sont quatre : le Christ remonte, le ciel s’ouvre, le Saint-Esprit apparaît, le Père fait une déclaration.
366. La première [se trouve] en cet endroit : AUSSITÔT BAPTISÉ, JÉSUS REMONTA DE L’EAU. Et il dit cela littéralement, parce que le fleuve avait un lit profond. Cependant cela signifie que ceux qui sont baptisés montent par les bonnes œuvres. Il dit AUSSITÔT, parce qu’aussitôt baptisés dans le Christ, ils revêtent le Christ, Ga 3, 27 : Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ.
367. De plus, ils obtiennent l’héritage céleste, 1 P 1, 3 : Il nous a engendrés de nouveau pour une espérance vivante, par la résurrection, pour l’héritage incorruptible. [Il dit] ainsi : ET LES CIEUX S’OUVRIRENT POUR LUI. Cela n’est pas à entendre corporellement, mais en vision imaginaire. ET LES CIEUX S’OUVRIRENT POUR LUI, cela signifie que le ciel était fermé au genre humain à cause du péché, Gn 3, 24 : Et il mit devant le paradis de délices les chérubins et la tourbillonnante épée de flamme pour garder le chemin du bois de vie. Il est dit qu’il mit les séraphins, mais le ciel fut ouvert à cause du Christ.
368. Une question : pourquoi les cieux se sont-ils ouverts pour lui, alors qu’ils lui avaient toujours été ouverts ? Il faut dire, selon Chrysostome, que l’évangéliste parle selon la façon ordinaire de parler, parce que, par le mérite de son baptême, les cieux se sont ouverts pour nous, de même qu’un roi dit à son ami qui lui demande une faveur pour un autre : «Je vous l’accorde. »
369. Et il faut savoir qu’il y a trois sortes de gens qui s’envolent aussitôt au ciel après la mort : les baptisés, comme ici ; les martyrs, d’où Ac 7, 56 : Voici que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’Homme debout à droite de la puissance de Dieu ; et ceux qui ont persévéré jusqu’au bout dans le repentir. Ac 10, 19 dit que le ciel s’est ouvert pour Pierre en prière.
370. Ensuite est abordée l’apparition du Saint-Esprit : ET IL VIT L’ESPRIT DE DIEU DESCENDANT COMME UNE COLOMBE ET VENANT AU-DESSUS DE LUI. C’est ce qui appartient aux baptisés qui reçoivent le Saint-Esprit en eux, Jn 3, 6 : Ce qui est né de l’Esprit est Esprit, c’est-à-dire est spirituel.
371. ET IL VIT, non dans une vision imaginaire, autrement lui seul aurait vu, L’ESPRIT DE DIEU, c’est-à-dire la colombe. Et il faut savoir que rien de corporel n’est dit de Dieu selon sa substance, mais soit par vision imaginaire (Is 6, 1 : J’ai vu le Seigneur assis sur un trône haut et élevé etc.), soit symboliquement (1 Co 10, 4 : La pierre était le Christ), soit par assomption dans l’unité de la personne (Jn 1, 14 : Le Verbe s’est fait chair). Mais ce n’est selon aucun de ces modes que l’Esprit Saint est appelé une colombe. Que ce ne soit pas par vision imaginaire, c’est évident, car elle a été vue par tous ensemble. Ce n’est pas symbolique, car elle n’était pas là au début. Ce n’est pas par assomption dans l’unité de la personne. C’est pourquoi il y a un quatrième mode, qui consiste en ce qu’une espèce est formée à neuf pour la représentation des effets divins, comme, en Ex 3, 2, le Seigneur est apparu dans le feu et le buisson ; et lors du don de la loi, dans la foudre et dans le tonnerre, Ex 19, 16. C’est pourquoi la colombe fut [chargée] de représenter la venue du Saint-Esprit. [Il dit] donc : ET IL VIT L’ESPRIT DE DIEU DESCENDANT.
372. Il apparut sous l’aspect d’une colombe pour quatre raisons. D’abord, à cause de la charité, car la colombe est un animal affectueux. Chrysostome [dit] : «Le serviteur du diable a encore d’autres dons, simulés, que le serviteur de Dieu a en vérité.» Il n’y a que la charité du Saint-Esprit que l’esprit immonde ne puisse imiter. Ct 5, 2 : Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, mon immaculée. Deuxièmement, à cause de l’innocence et de la simplicité, Mt 10, 16 : Soyez prudents comme les serpents, simples comme les colombes. Troisièmement, parce que son chant est un gémissement, et que l’homme sanctifié par l’Esprit Saint doit gémir pour ses péchés, Na 2, 8 : Et ses servantes étaient chassées, gémissant comme des colombes. Quatrièmement, à cause de sa fécondité ; c’est pourquoi la loi prescrivait d’offrir une colombe, ce qui convient aux baptisés car, comme dit Jn 3, 6 : Ce qui est né de l’Esprit, est Esprit.
373. DESCENDANT COMME UNE COLOMBE. L’émanation des dons divins venant de Dieu dans n’importe quelle créature se fait toujours par descente, parce que la créature ne peut recevoir en elle sinon par descente, Jc 1, 17 : Tout don excellent et toute donation parfaite viennent d’en haut, descendant du Père des lumières.
374. ET VENANT AU-DESSUS DE LUI. Note que l’envoi visible est toujours le signe de l’envoi invisible, et signifie soit une grâce nouvellement reçue, soit une augmentation de la grâce. De même quand l’Esprit Saint apparut en langues sur les apôtres, [cet envoi] a signifié une augmentation de la grâce. En outre, un tel envoi signifie soit une grâce faite à ce moment, soit une grâce faite auparavant. Mais, chez le Christ, il ne signifie pas un effet nouveau, parce que, depuis l’instant de sa conception, il fut plein de grâce et de vérité. Mais la grâce, qui était déjà avant sur lui, y fut en tant qu’[il est] homme, non en tant qu’[il est] Dieu.
365. Les suites [du baptême] sont quatre : le Christ remonte, le ciel s’ouvre, le Saint-Esprit apparaît, le Père fait une déclaration.
366. La première [se trouve] en cet endroit : AUSSITÔT BAPTISÉ, JÉSUS REMONTA DE L’EAU. Et il dit cela littéralement, parce que le fleuve avait un lit profond. Cependant cela signifie que ceux qui sont baptisés montent par les bonnes œuvres. Il dit AUSSITÔT, parce qu’aussitôt baptisés dans le Christ, ils revêtent le Christ, Ga 3, 27 : Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ.
367. De plus, ils obtiennent l’héritage céleste, 1 P 1, 3 : Il nous a engendrés de nouveau pour une espérance vivante, par la résurrection, pour l’héritage incorruptible. [Il dit] ainsi : ET LES CIEUX S’OUVRIRENT POUR LUI. Cela n’est pas à entendre corporellement, mais en vision imaginaire. ET LES CIEUX S’OUVRIRENT POUR LUI, cela signifie que le ciel était fermé au genre humain à cause du péché, Gn 3, 24 : Et il mit devant le paradis de délices les chérubins et la tourbillonnante épée de flamme pour garder le chemin du bois de vie. Il est dit qu’il mit les séraphins, mais le ciel fut ouvert à cause du Christ.
368. Une question : pourquoi les cieux se sont-ils ouverts pour lui, alors qu’ils lui avaient toujours été ouverts ? Il faut dire, selon Chrysostome, que l’évangéliste parle selon la façon ordinaire de parler, parce que, par le mérite de son baptême, les cieux se sont ouverts pour nous, de même qu’un roi dit à son ami qui lui demande une faveur pour un autre : «Je vous l’accorde. »
369. Et il faut savoir qu’il y a trois sortes de gens qui s’envolent aussitôt au ciel après la mort : les baptisés, comme ici ; les martyrs, d’où Ac 7, 56 : Voici que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’Homme debout à droite de la puissance de Dieu ; et ceux qui ont persévéré jusqu’au bout dans le repentir. Ac 10, 19 dit que le ciel s’est ouvert pour Pierre en prière.
370. Ensuite est abordée l’apparition du Saint-Esprit : ET IL VIT L’ESPRIT DE DIEU DESCENDANT COMME UNE COLOMBE ET VENANT AU-DESSUS DE LUI. C’est ce qui appartient aux baptisés qui reçoivent le Saint-Esprit en eux, Jn 3, 6 : Ce qui est né de l’Esprit est Esprit, c’est-à-dire est spirituel.
371. ET IL VIT, non dans une vision imaginaire, autrement lui seul aurait vu, L’ESPRIT DE DIEU, c’est-à-dire la colombe. Et il faut savoir que rien de corporel n’est dit de Dieu selon sa substance, mais soit par vision imaginaire (Is 6, 1 : J’ai vu le Seigneur assis sur un trône haut et élevé etc.), soit symboliquement (1 Co 10, 4 : La pierre était le Christ), soit par assomption dans l’unité de la personne (Jn 1, 14 : Le Verbe s’est fait chair). Mais ce n’est selon aucun de ces modes que l’Esprit Saint est appelé une colombe. Que ce ne soit pas par vision imaginaire, c’est évident, car elle a été vue par tous ensemble. Ce n’est pas symbolique, car elle n’était pas là au début. Ce n’est pas par assomption dans l’unité de la personne. C’est pourquoi il y a un quatrième mode, qui consiste en ce qu’une espèce est formée à neuf pour la représentation des effets divins, comme, en Ex 3, 2, le Seigneur est apparu dans le feu et le buisson ; et lors du don de la loi, dans la foudre et dans le tonnerre, Ex 19, 16. C’est pourquoi la colombe fut [chargée] de représenter la venue du Saint-Esprit. [Il dit] donc : ET IL VIT L’ESPRIT DE DIEU DESCENDANT.
372. Il apparut sous l’aspect d’une colombe pour quatre raisons. D’abord, à cause de la charité, car la colombe est un animal affectueux. Chrysostome [dit] : «Le serviteur du diable a encore d’autres dons, simulés, que le serviteur de Dieu a en vérité.» Il n’y a que la charité du Saint-Esprit que l’esprit immonde ne puisse imiter. Ct 5, 2 : Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, mon immaculée. Deuxièmement, à cause de l’innocence et de la simplicité, Mt 10, 16 : Soyez prudents comme les serpents, simples comme les colombes. Troisièmement, parce que son chant est un gémissement, et que l’homme sanctifié par l’Esprit Saint doit gémir pour ses péchés, Na 2, 8 : Et ses servantes étaient chassées, gémissant comme des colombes. Quatrièmement, à cause de sa fécondité ; c’est pourquoi la loi prescrivait d’offrir une colombe, ce qui convient aux baptisés car, comme dit Jn 3, 6 : Ce qui est né de l’Esprit, est Esprit.
373. DESCENDANT COMME UNE COLOMBE. L’émanation des dons divins venant de Dieu dans n’importe quelle créature se fait toujours par descente, parce que la créature ne peut recevoir en elle sinon par descente, Jc 1, 17 : Tout don excellent et toute donation parfaite viennent d’en haut, descendant du Père des lumières.
374. ET VENANT AU-DESSUS DE LUI. Note que l’envoi visible est toujours le signe de l’envoi invisible, et signifie soit une grâce nouvellement reçue, soit une augmentation de la grâce. De même quand l’Esprit Saint apparut en langues sur les apôtres, [cet envoi] a signifié une augmentation de la grâce. En outre, un tel envoi signifie soit une grâce faite à ce moment, soit une grâce faite auparavant. Mais, chez le Christ, il ne signifie pas un effet nouveau, parce que, depuis l’instant de sa conception, il fut plein de grâce et de vérité. Mais la grâce, qui était déjà avant sur lui, y fut en tant qu’[il est] homme, non en tant qu’[il est] Dieu.
La Glose
Ou bien le Christ fut entouré d'un tel éclat dans son baptême, que l'empyrée parut être ouvert au-dessus de lui.
La colombe nous représente aussi les sept vertus propres à ceux qui sont baptisés. La colombe habite sur les bords d'une eau courante ; aussitôt qu'elle aperçoit l'épervier, elle s'y plonge pour lui échapper ; elle choisit toujours le meilleur grain, elle nourrit les petits des autres oiseaux, elle ne déchire pas avec son bec, elle n'a pas de fiel, elle fait son nid dans le trou des rochers, et pour tout chant elle n'a que son gémissement. C'est ainsi que les saints habitent au bord des courants de la parole divine, pour échapper aux attaques du démon ; ils choisissent pour nourrir leur âme les saines maximes, de préférence aux maximes des hérétiques ; ils nourrissent du pain de l'exemple et de la doctrine ceux qui se sont montrés les enfants du démon en l'imitant ; ils ne corrompent pas les vérités saintes en les déchirant à l'exemple des hérétiques, on ne voit point en eux de colère sans raison ; ils placent leur nid, c'est-à-dire leur refuge et leur espérance, dans les plaies de Jésus, qui est pour eux la pierre ferme, et toute leur joie est de gémir sur leurs péchés, comme la joie des enfants du monde est de se livrer aux chants du plaisir.
Le Seigneur, non content de consacrer l'eau du baptême par le contact de son corps, nous apprend qu'après le baptême le ciel nous est ouvert, et que l'Esprit saint nous est donné ; c'est ce qu'indiquent les paroles suivantes : " Les cieux furent ouverts. "
Or, de même que la porte du royaume des cieux est ouverte à tous ceux qui sont régénérés par le baptême ; ainsi tous dans le baptême reçoivent les dons de l'Esprit saint, comme l'indiquent les paroles suivantes : " Et il vit l'Esprit de Dieu descendant en forme de colombe et s'arrêtant au-dessus de lui.
Mais, à ne le considérer que comme homme, est-ce que les cieux lui furent ouverts alors pour la première fois ? La foi de l'Église est qu'ils lui furent ouverts aussi bien avant qu'après. Si donc il est dit ici qu'ils lui furent ouverts, c'est parce que la porte du ciel s'ouvre pour tous ceux qui sont régénérés dans les eaux du baptême.
Nous l'avons déjà dit, au moment où le Sauveur est baptisé, toute l'eau qui doit servir à notre baptême est purifiée, afin que la grâce de la régénération coule désormais sur tous les peuples à venir dans la suite des siècles.
Il fallait aussi que le baptême de Jésus-Christ représentât les effets que le baptême produit dans les fidèles ; c'est pour cela que l'Évangéliste ajoute : " Jésus, aussitôt qu'il fut baptisé, sortit de l'eau. "
Jésus-Christ après qu'il est né pour les hommes veut encore renaître par les sacrements ; il veut que, comme nous l'avons admiré prenant naissance dans le sein d'une mère immaculée, nous l'admirions encore plongé dans les flots d'une onde pure. Sa mère a engendré le Fils de Dieu, et elle est chaste ; l'eau a lavé le Christ et elle est sanctifiée ; enfin l'Esprit saint qui l'avait assisté dans le sein de sa mère, l'entoure d'une brillante lumière au milieu du Jourdain ; celui qui a conserve alors la chasteté de Marie, sanctifie maintenant les eaux du fleuve. C'est pour cela que l'Évangéliste ajoute : " Et j'ai vu l'Esprit de Dieu qui descendait. "
il est facile de comprendre pourquoi l'Évangéliste dit que le Saint-Esprit a été envoyé, lorsqu'il descendit sur la personne du Seigneur sous la forme visible d'une colombe. Dieu créa sur-le-champ une forme extérieure sous laquelle l'Esprit saint pût paraître visiblement. Or cette création rendue visible et offerte aux regards des hommes a été appelée mission de l'Esprit saint ; elle n'avait pas pour fin de découvrir son invisible nature, mais de frapper les coeurs des hommes par cette apparition visible, et de les attirer vers les secrets de la nature éternelle. Cependant l'Esprit saint ne s'est pas uni cette nature corporelle dont il a revêtu la forme comme Jésus-Christ s'est uni en unité de personne la nature humaine qu'il avait reçue de la Vierge Marie : car l'Esprit ne sanctifia pas la colombe, et ne l'éleva pas jusqu'à lui être unie personnellement pour l'éternité. Il s'ensuit que, bien que cette colombe ait reçu le nom d'Esprit saint, pour rappeler que c'est sous cette forme que l'Esprit saint s'est manifesté, nous ne pouvons cependant dire de l'Esprit saint qu'il est Dieu et colombe, comme nous disons que le Fils de Dieu est tout à la fois Dieu et homme. Nous ne pouvons même l'appeler ainsi dans le sens où Jean-Baptiste appelle le Fils agneau de Dieu, nom que lui donne aussi saint Jean l'évangéliste dans l'Apocalypse lorsqu'il vit cet Agneau immolé (Jn 1, 26.36 ; Ap 5, 6), car cette vision prophétique ne fut pas révélée aux yeux du corps sous une forme sensible, mais elle eut lieu en esprit, et au moyen d'images toutes spirituelles des objets sensibles, tandis que personne ne doute que cette colombe n'ait été visible aux yeux du corps. Nous ne pouvons non plus appeler la colombe Esprit saint, dans le même sens que le Fils est appelé la pierre, car il est écrit : " La pierre c'était le Christ (1Co 10, 4) ; " en effet, cette pierre existait déjà dans la nature, et c'est pour exprimer une des propriétés du Christ que le nom de pierre a été donné au Christ dont elle était la figure ; la colombe au contraire a reçu soudainement l'existence au moment de son apparition. Je comparerais plus volontiers cette apparition de la colombe à celle du feu qui apparut dans le buisson aux yeux de Moïse (Ex 3) ; à cette flamme lumineuse qui précédait le peuple dans le désert (Ex 14), aux éclairs qui fendirent la minée et au tonnerre qui se fit entendre lorsque la loi fut donnée sur la montagne (Ex 19), car tous ces phénomènes extérieurs n'eurent qu'une existence passagère pour figurer les choses que Dieu voulait annoncer. C'est donc à cause de ces formes extérieures qu'on dit de l'Esprit saint qu'il a été envoyé ; ces mêmes apparences corporelles n'existèrent qu'un instant pour révéler ce qu'elles devaient apprendre, et rentrèrent immédiatement après dans le néant.
Ils ne furent pas ouverts extérieurement, mais seulement aux yeux de l'âme, comme Ézéchiel nous dit au commencement de son livre qu'ils lui furent ouverts.
La colombe s'arrêta sur la tête de Jésus, pour que personne ne pût s'imaginer que la voix du Père s'adressait à Jean et non pas au Seigneur. Aussi est-il dit : " Elle s'arrêta sur lui. "
Ce qui se passe en Jésus-Christ représente le mystère qui devait se produire dans ceux qui devaient être baptisés par la suite, et c'est pour cela que l'Évangéliste ne dit pas simplement : " Il monta, " mais " Il monta aussitôt, " parce que tous ceux qui reçoivent le baptême de Jésus-Christ avec les dispositions convenables, montent aussitôt hors de l'eau, c'est-à-dire marchent de vertus en vertus et s'élèvent à une dignité toute céleste. En effet, ils étaient entrés dans l'eau tout charnels et enfants d'Adam prévaricateurs, et ils sortent aussitôt de l'eau tout spirituels, et avec le titre d'enfants de Dieu. Si quelques-uns, par leur faute, ne profitent pas de la grâce de leur baptême, qu'est-ce que cela fait au baptême ?
Car si les cieux visibles s'étaient littéralement entrouverts, l'Évangéliste n'aurait pas dit : " Lui furent ouverts, " mais simplement " furent ouverts ; " car ce qui est ouvert extérieurement l'est pour tous. On me demandera : Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que les cieux avaient jamais été fermés aux yeux du Fils de Dieu, lui qui, quoique sur la terre, n'a jamais cessé d'être dans les cieux ? Mais on doit savoir que c'est en vertu de l'économie de son incarnation que le Sauveur fut baptisé et que c'est par suite de la même économie que les cieux lui furent ouverts, car, selon la nature divine, il n'a jamais cessé d'être dans les cieux.
Peut-être qu'auparavant certains obstacles invisibles s'opposaient à ce que les âmes entrassent dans le ciel, car je ne pense pas que depuis le péché d'Adam, qui en avait fermé les portes, aucune âme y soit entrée avant Jésus-Christ. Ce n'est qu'après son baptême que les portes en ont été ouvertes. Lorsque, par sa mort, Jésus-Christ eut triomphé du démon, les portes n'étaient plus nécessaires, puisque le ciel ne devait plus être jamais fermé (cf. Ap21, 25). Aussi, les anges ne disent pas : Ouvrez les portes, mais enlevez les portes. " Ou bien, les cieux sont ouverts à ceux qui sont baptisés, en ce sens qu'ils voient les choses du ciel non pas des yeux du corps, mais des yeux spirituels que la foi donne à l'âme qui croit. Ou bien encore, les cieux sont les Écritures divines que tous lisent, mais que tous ne comprennent pas, à moins qu'avec le baptême ils n'aient reçu le Saint-Esprit. Voilà pourquoi les écrits des prophètes étaient d'abord pour les Apôtres un livre scellé ; mais aussitôt qu'ils eurent reçu le Saint-Esprit, toutes les Écritures leur furent dévoilées. De quelque manière qu'on l'entende, les cieux lui furent ouverts c'est-à-dire qu'ils ont été ouverts pour tous les hommes, à cause de lui ; de même qu'un empereur accordant une grâce qu'une personne lui demande pour un autre lui dirait : " Ce n'est pas à lui que j'accorde cette faveur, mais c'est à vous, ou si vous voulez, je la lui accorde à cause de vous. "
Quoique vous n'ayez pas été témoin de ce prodige, ne laissez pas d'y ajouter foi, car lorsqu'il s'agit de fonder une oeuvre spirituelle, Dieu l'appuie toujours par des apparitions sensibles, en faveur de ceux qui ne peuvent avoir aucune idée de la nature invisible, afin que si par la suite, ces prodiges ne se renouvellent pas, les premiers qui ont en lieu les déterminent à croire.
L'Esprit saint a voulu paraître sous la forme d'une colombe, parce que de tous les animaux, la colombe est celui qui cultive le plus le sentiment de l'amour. Or toutes les espèces le vertus que les serviteurs de Dieu ont dans la vérité, les serviteurs du démon peuvent les avoir en apparence ; il n'y a que la charité seule de l'Esprit saint que l'esprit immonde mie puisse contrefaire. C'est peur cela que l'Esprit saint s'est réservé cette vertu particulière de la charité, car il n'est point de témoignage plus évident de sa présence dans une âme que la grâce de la charité.
Ce prodige nous rappelle aussi un fait des premiers temps. Nous voyons, en effet, à l'époque du déluge, apparaître la colombe portant un rameau d'olivier, et annonçant à tout l'univers le retour du calme et de la paix, figure de ce qui devait arriver dans la suite, car c'est encore la colombe qui nous apparaît pour nous montrer notre libérateur, et pour apporter au genre humain, au lieu du rameau d'olivier, le bienfait de l'adoption divine.