Matthieu 3, 14
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Après avoir accepté de Lui donner le Baptême à la suite des pécheurs (cf. Lc 3, 21 ; Mt 3, 14-15), Jean-Baptiste a vu et montré en Jésus l’Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1, 29. 36). Il manifeste ainsi que Jésus est à la fois le Serviteur souffrant qui, silencieux, se laisse mener à l’abattoir (cf. Is 53, 7 ; Jr 11, 19) et porte le péché des multitudes (cf. Is 53, 12), et l’agneau Pascal symbole de la rédemption d’Israël lors de la première Pâque (cf. Ex 12, 3-14 ; Jn 19, 36 ; 1 Co 5, 7). Toute la vie du Christ exprime sa mission : servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (cf. Mc 10, 45).
Après ces détails préliminaires, nous arrivons au récit des circonstances qui
accompagnèrent le baptême de Jésus. Elles consistent : 1° en un dialogue remarquable qui eut lieu entre le
Baptiste et le Baptisé, vv. 14 et 15 ; 2° en plusieurs manifestations extraordinaires qui suivirent
immédiatement la cérémonie, vv. 16 et 17. - 1° Le dialogue ne nous a été conservé que par le premier
évangéliste ; il se compose d’une objection faite au Christ par le Précurseur, v. 14, et de la réponse de Jésus,
v. 15. Les deux Testaments figurés par nos saints personnages semblent y changer de rôle ; ici, en effet, Jean
représente la liberté de la Nouvelle Alliance, Jésus la sévérité de l’Ancienne. - Jean l'écartait. Il l’empêchait,
du geste, de la voix, du regard. Cette expression suppose des efforts sérieux, extérieurs, pour dissuader Jésus.
Jean-Baptiste ne fait des difficultés, relativement à son baptême, qu’à deux sortes de personnes, aux sectaires
juifs et au Sauveur ; à celui-ci parce qu’il est au-dessus de ce rite qui est indigne de lui, à ceux-là parce qu’ils
ne sont pas dignes de recevoir le signe de la purification. - C'est moi qui dois. Moi, je dois. Ou mieux : j’ai
comme tâche, comme mission de… « Si quelqu’un de nous doit à tout prix être baptisé, c’est moi plutôt que
toi, qui es le plus digne, qui dois demander le baptême. » Grotius. Et c’est toi qui viens à moi ? » - Et tu
viens à moi. Jean et Jésus se tiennent en face l’un de l’autre comme autrefois leurs mères, Cf. Luc., 1, 40 et
suiv., et le langage du premier rappelle vivement celui d’Elisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de
mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ». Le Précurseur comprend qu’il y a une sorte d’inconvenance pour lui à
baptiser Celui dont il ne mérite pas même de porter les chaussures. Ne serait-ce point sortir de son rôle ? En
effet, « il est indiscutable que c’est toujours le supérieur qui bénit l’inférieur » , Hebr. 7, 7. La pureté
éminente de Jésus et le baptême « de pénitence » lui semblent être deux choses contradictoires : Vous êtes
saint, vous ne pouvez être baptisé, surtout par moi qui suis pécheur. L’objection de S. Jean est donc aussi
simple que légitime ; elle a pourtant occasionné une difficulté assez grave qui aurait même, d’après les
critiques rationalistes, le caractère d’une véritable contradiction. La narration de S. Matthieu suppose
manifestement que le Précurseur connaissait Notre-Seigneur avant de le baptiser ; or, ce même Précurseur dit
en propres termes d’après le quatrième Évangile, 1, 31 et suiv. : « Et moi je ne le connaissais pas... ». Sans
entrer dans le détail des solutions plus ou moins heureuses qui ont été proposées de divers côtés, nous nous
bornerons à la réponse suivante. Il est très probable que Jean-Baptiste, à cette époque, connaissait déjà
personnellement son cousin, et même qu’il l’avait vu à différentes reprises. De plus, il avait certainement
appris de son père et de sa mère les prodiges qui avaient accompagné sa propre naissance et celle de Jésus,
comme aussi le rôle que Dieu leur avait dès lors assigné à l’un et à l’autre. Voilà pourquoi, au moment où
Jésus s’approche de lui pour être baptisé, il s’écrie dans le sentiment de son indignité : « C'est moi qui dois
être baptisé », etc. Toutefois, il ne le connaissait pas encore d’une manière officielle, si l’on peut s’exprimer
ainsi. En tant que Précurseur, Jean-Baptiste a reçu de Dieu la promesse d’un signe qui lui manifestera le Messie, Cf. Joan., 1, 33 ; avant d’avoir vu ce signe, il pourra bien connaître le Messie pour son propre
compte, mais il ne le connaîtra pas comme Précurseur, de façon à pouvoir déclarer ouvertement à la foule
qu’il est le Christ promis... Telle est l’opinion commune des interprètes. D’autres supposent, mais avec moins
d’autorité, qu’au moment de baptiser Jésus, S. Jean ne le connaissait réellement pas, mais qu’il fut alors saisi
d’un pressentiment prophétique qui lui dicta les humbles paroles contenues dans le v. 14.
356. Vient ensuite l’étonnement. Note trois choses : premièrement, Jean récuse l’honneur qui lui est offert ; deuxièmement, il reconnaît son humilité ; troisièmement, [il reconnaît] sa faiblesse. Le deuxième point : JEAN L’EMPÊCHAIT, Si 7, 4 : Ne demande pas à un homme la première place, ni au roi un fauteuil d’honneur. Le troisième point : C’EST MOI QUI DOIS ÊTRE BAPTISÉ PAR TOI. Il connaissait l’effet intérieur du baptême ; c’est pourquoi il dit : ÊTRE BAPTISÉ, c’est-à-dire purifié du péché originel. Ainsi dit la Glose. [On pourrait dire] au contraire qu’il avait été sanctifié in utero. Mais il faut dire qu’avant la venue du Christ, certains ont été en quelque sorte purifiés de l’impureté personnelle par la circoncision et les choses de ce genre ; mais quant à la faute et à l’impureté de la nature entière, personne ne fut purifié avant la Passion du Christ.
357. ET TOI, TU VIENS À MOI ! Ps 138, 6 : Merveille de science qui me dépasse, hauteur où je ne puis atteindre !
357. ET TOI, TU VIENS À MOI ! Ps 138, 6 : Merveille de science qui me dépasse, hauteur où je ne puis atteindre !