Matthieu 19, 26

Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. »

Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. »
Catéchisme de l'Église catholique
Fidèle au témoignage de l’Écriture, l’Église adresse souvent sa prière au " Dieu Tout-Puissant et éternel " (" omnipotens sempiterne Deus... "), croyant fermement que " rien n’est impossible à Dieu " (Lc 1, 37 ; cf. Gn 18, 14 ; Mt 19, 26).

C’est une vérité inséparable de la foi en Dieu le Créateur : Dieu agit en tout agir de ses créatures. Il est la cause première qui opère dans et par les causes secondes : " Car c’est Dieu qui opère en nous à la fois le vouloir et l’opération même, au profit de ses bienveillants desseins " (Ph 2, 13 ; cf. 1 Co 12, 6). Loin de diminuer la dignité de la créature, cette vérité la rehausse. Tirée du néant par la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu, elle ne peut rien si elle est coupée de son origine, car " la créature sans le Créateur s’évanouit " (GS 36, § 3) ; encore moins peut-elle atteindre sa fin ultime sans l’aide de la grâce (cf. Mt 19, 26 ; Jn 15, 5 ; Ph 4, 13).

L’Église prie pour que personne ne se perde : " Seigneur, ne permets pas que je sois jamais séparé de toi ". S’il est vrai que personne ne peut se sauver lui-même, il est vrai aussi que " Dieu veut que tous soient sauvés " (1 Tm 2, 4) et que pour Lui " tout est possible " (Mt 19, 26).
Pape Saint Jean-Paul II
Amère est la conclusion du dialogue entre Jésus et le jeune homme riche : « Entendant cette parole, le jeune homme s'en alla contristé, car il avait de grands biens » (Mt 19, 22). Non seulement le riche, mais encore les disciples eux-mêmes sont effrayés par l'appel de Jésus à le suivre, appel dont les exigences dépassent les aspirations et les forces humaines : « Entendant cela, les disciples restèrent tout interdits : " Qui donc peut être sauvé ? " disaient-ils » (Mt 19, 25). Mais le Maître renvoie à la puissance de Dieu : « Pour les hommes, c'est impossible, mais pour Dieu tout est possible » (Mt 19, 26).
Louis-Claude Fillion
Jésus, les regardant. Le divin Maître jette d’abord sur ses Apôtres effrayés un regard plein de douceur et de bonté, afin de les rassurer déjà par ce geste significatif ; puis il tempère, à l’aide d’une profonde distinction, la sévérité de ses paroles. Vous me demandez si après la sentence que j’ai prononcée, le salut est encore possible ; je réponds sans figure : Cela est impossible aux hommes. C’est-à- dire du côté des hommes, si l’on n’envisage que leurs propres forces. Mais, tout est possible à Dieu, et par conséquent l’homme, en s’appuyant sur la toute-puissance divine, pourra surmonter les dangers des richesses et parvenir au salut. « Ce chameau, dit agréablement le vén. Bède, Comm. in Luc. 19, qui ayant déposé le fardeau de sa bosse, est passé par le trou, c'est le riche qui a abandonné le poids de ses richesses pour entrer plus facilement par la porte étroite de l'éternel bonheur ». Quelle consolation dans ces mots : Du côté de Dieu, tout est possible ! Celse raconte que les chrétiens les répétaient souvent.
Saint Thomas d'Aquin
2066. [LES] REGARDANT, JÉSUS LEUR DIT : «POUR LES HOMMES, C’EST IMPOSSIBLE, etc.» Ici, [le Seigneur] répond à leur étonnement : «POUR LES HOMMES, C’EST IMPOSSIBLE, MAIS POUR DIEU TOUT EST POSSIBLE.» Mais que veut-il dire ? En effet, il semble que le libre arbitre disparaît si cela est impossible pour les hommes. Il est vrai que l’homme possède par lui-même le pouvoir de pécher ; mais il ne possède pas en lui-même de pouvoir ressusciter ou accomplir les œuvres du salut sans l’aide de la grâce de Dieu. En effet, c’est Dieu lui-même qui peut accomplir cela. Rm 9, 16 : Cela n’est pas le fait de celui qui court ou qui veut, mais de Dieu qui prend pitié. Ainsi, Jb 42, 1 : Je sais que tu peux tout et que rien n’est impossible pour toi. De sorte qu’il est impossible que l’homme soit sauvé selon la puissance humaine, car la puissance humaine ne change pas la volonté, mais il appartient à Dieu seul de la changer, comme on le lit en Ph 2, 13 : Lui qui opère en nous le vouloir et l’action.
La Glose
Notre-Seigneur prend occasion de cet avare, dont il vient d'être question, pour parler de tous ceux qui sont esclaves de l'avarice: «Et Jésus dit à ses disciples: Je vous le dis en vérité», etc.

On donne encore cette autre expli cation, qu'il y avait à Jérusalem une porte qu'on appelait le trou de l'aiguille, et par laquelle un chameau ne pouvait passer qu'après avoir déposé son fardeau et plié les genoux. C'était le symbole de cette vérité, que les riches ne peuvent entrer dans la voie étroite qui conduit à la vie, qu'après s'être déchargés des souillures de leurs péchés et de leurs richesses, en cessant, du moins, de les aimer.
Rabanus Maurus
Mais il y a une grande différence entre posséder les richesses et aimer les richesses; or, le plus sûr est de ne pas les avoir et de ne pas les aimer.
Saint Grégoire le Grand
Ou bien, sous le nom de riches, Notr e-Seigneur veut que nous entendions tout homme orgueilleux, et sous celui de chameau, ses hu miliations personnelles. Le chameau passe par le trou de l'aiguille, lorsque notre Rédempteur a pénétré jusqu'à la mort par la porte étroite et resserrée de ses souffrances, souffrances qui ont été pour lui comme une aiguille, parce qu'elles ont transpercé son corps de douleur. Or, le chameau passe par le trou d'une aiguille, plus facilement que le riche n'entre dans le royaume des cieux, parce que si Jésus n'avait commencé par nous donner l'exemple de l'humilité dans sa passion, jamais notre orgueilleuse raideur n'aurait voulu s'abaisser jusqu'à son humilité.
Saint Rémi
Aussi le Seigneur, expliquant lui-même, dans saint Marc, le sens de ce passage déclare «qu'il est difficile à ceux qui mettent leur confiance dans les richesses, d'entrer dans le royaume des cieux». Ils mettent leur confiance dans leurs richesses en y pla çant toutes leurs espérances.

Il ne faut pas, toutefois, entendre les paroles du Sauveur, en ce sens qu'il soit possible à Dieu de faire entrer dans le royaume des cieux un riche cupide, avare et superbe, mais qu'il le convertira d'abord pour qu'il puisse y entrer.
Saint Augustin
Comme le nombre des riches est peu considérable en comparaison de la multitude des pauvres, nous devons comprendre que les disciples mettaient au nombre des riches tous ceux qui désirent les richesses.
Saint Jérôme
Comme il est difficile de mépriser et de sacrifier les richesses qu'on possède, Notre-Seigneur ne dit pas qu'il est impossible, mais qu'il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux, la difficulté n'emporte pas l'impossibilité, mais indique seulement la rareté du fait.

D'après ces paroles, personne, ce semble, ne pourra être sauvé. Mais si nous lisons dans le prophète Isaïe ( Is 25 ), comment les chameaux de Madian et d'Epha se rendent à Jérusalem chargés de dons et de présents, et comment ceux qui étaient courbés et contournés sous le poids des vices, entrent par la porte de cette cité, nous comprendrons comment ces chameaux, qui sont la fi gure des riches, pourront entrer par la voie étroite et resserrée qui conduit à la vie, après s'être déchargés du poids si lourd de leurs péchés et de toute la dépravation des sens.
Saint Jean Chrysostome
Après avoir déclaré qu'il était difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux, N otre-Seigneur entreprend de prouver que cette difficulté va même jusqu'à l'impossibilité: «Je vous le dis encore une fois, il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux ».

Ce ne sont point les richesses qu'il accuse ici, mais ceux qui s'en rendent esclaves, et il enseigne en même temps à ses disciples, qui étaient pauvres, à ne pas rougir de leur pauvreté.

Les âmes des païens sont comparées ici à des chameaux mal conformés, et qui sont courbés sous la bosse de l'idolâtrie, car c'est la connaissance de Dieu qui relève les âmes. L'aiguille, c'est le Fils de Dieu, dont la première partie, celle qui représente sa divinité, est d'une finesse extrême, tandis que l'autre partie, qui figure son humanité, est beaucoup moins aiguisée. Or, cette aiguille, dans toute sa longueur, est droite, et ne présente aucune déviation, et c'est par la blessure qu'elle a faite dans la passion, que les Gentils sont entrés dans la vie éternelle. C'est cette aiguille qui a cousu la tunique de l'immortalité; c'est cette aiguille qui a cousu et uni la chair à l'esprit, c'est elle qui a uni le peuple juif au peuple des Gentils; c'est elle, enfin, qui a établi des liens étroits entre les anges et les hommes. Il est donc plus facile aux Gentils de passer par le trou de l'aiguille, qu'aux Juifs qui se croient riches, d'entrer dans le royaume des cieux; car si l'on ne peut arracher les Gentils qu'avec peine au culte insensé des idoles, combien sera-t-il plus difficile de détacher les Juifs des cérémonies du culte du vrai Dieu, cérémonies si conformes à la raison.

Ces paroles jettent le trouble dans l'âme des Apôtres qui, cependant, menaient une vie pauvre; mais ils sont inquiets pour le salut des autres, et ont déjà les entrail les paternelles qui conviennent aux docteurs et aux maîtres des nations. Ils lui disent donc: «Qui pourra être sauvé ?»

Notre-Seigneur montre ensuite que c'est là l'oeuvre de Dieu, et qu'il faut à l'homme une grâce signalée pour se bien diriger au milieu des richesses. Aussi l'Évangéliste ajoute: «Or, Jésus, les regardant, leur dit: Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu». Il nous fait remarquer que Jésus regarde ses disciples pour si gnifier que par ce regard plein de bonté, il veut enhardir leur timidité.

Et s'il s'exprime de la sorte, ce n'est pas pour que vous vous découragiez et que vous vous arrêtiez comme devant une impossibilité; mais afin, qu'étant bien convaincu de la grandeur de l'entreprise, vous franchissiez cet obstacle en recourant à Dieu par la prière.
Saint Hilaire de Poitiers
Ce n'est point un crime d'avoir des richesses, mais il faut les posséder avec modération; en effet, comment pourra-t-on soulager les nécessités des saints ( Rm 12,13 ), si l'on ne garde pas de quoi venir à leur secours?

C'est une chose pleine de dangers que de vouloir s'enrichir, et l'innocence qui cherche à accroître ses richesses, se charge d'un lourd fardeau. Dans le service de Dieu, on ne peut acquérir les biens du monde, sans s'exposer à contracter les vices du monde, et c'est ce qui rend difficile aux riches l'entrée du royaume des cieux.