Matthieu 19, 24
Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »
Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »
C’était un proverbe usité chez les Juifs pour marquer une chose naturellement impossible. Les Arabes en ont un semblable.
Je vous le dis encore. Avant de réitérer
solennellement, et sous une forme beaucoup plus énergique, son assertion du v. 23, Notre-Seigneur
Jésus-Christ en atteste de nouveau la vérité sous le sceau du serment. - Il est plus facile à un chameau... Ce
texte a donné autrefois naissance à une foule d’étranges discussions. Dès les temps anciens, il existait déjà
une tendance à en corriger la dureté apparente. « Un chameau passant par le trou d’une aiguille semblait une
image ridicule ; alors en mettant le mot câble à la place de celui de chameau, on crut avoir rétabli une
analogie plus naturelle entre les termes de la comparaison : un câble passant par le trou d’une aiguille, »
Wiseman, Mélanges religieux scientif. etc., traduits par F. de Bernhardt, p. 17. Cette opinion est déjà signalée
par Théophylacte. On en rencontre aussi les traces dans des notes écrites sur la marge des anciens
manuscrits. Mais on imagina encore quelque chose de plus extraordinaire. Il aurait existé à Jérusalem une
porte très basse et très étroite destinée aux piétons seulement et nommée à cause de sa petitesse « le trou
d’aiguille » ; c’est à cette porte que Notre-Seigneur ferait actuellement allusion. Mais aucun interprète sensé
ne voudrait aujourd’hui recourir à de pareilles tentatives pour corriger la parole du divin Maître. « On ne
saurait douter, dit encore le Card. Wiseman, que cette expression ne fût une sorte de proverbe pour indiquer
une impossibilité (ou du moins une difficulté considérable, Cf. Bustorf, Lexic. Talm. p. 1722). En effet, à
part un changement dans le nom de l’animal dont il est parlé, on retrouve la même sentence usitée dans
l’Asie centrale et dans l’Asie orientale. Dans ces pays, la plus grande des bêtes de somme est l’éléphant, et
c’est lui qui fournit naturellement le sujet de la comparaison. On lit dans le Bava Metria, un des traités du Talmud, qu’une personne répond à une autre qui lui raconte certaines nouvelles peu croyables : Vous arrivez
peut-être de la ville de Pumbeditha, où l’on fait passer un éléphant par le trou d’une aiguille ? Dans un autre
livre (Berachoth) il est écrit : Ils ne sauraient montrer ni une palme d’or, ni un éléphant passant par le trou
d’une aiguille. Le Dr Franck attribue un proverbe analogue aux Indiens : Comme si un éléphant essayait de
passer par une étroite ouverture ! Le chameau était pour l’Asiatique occidental ce que l’éléphant était pour
celui des contrées plus orientales... Ainsi les Arabes possèdent le même proverbe et le chameau y figure
comme dans l’Évangile », ibid. p. 17 et 18. En effet nous lisons dans le Coran : « Ceux qui taxent nos signes
de fausseté et qui les rejettent verront les portes du ciel se fermer contre eux et ils n’entreront pas dans le
paradis jusqu’à ce qu’un chameau puisse passer par le trou d’une aiguille », Sur. 7, 38. Il existe dans toutes
les langues des hyperboles du même genre qui expriment sous une forme pittoresque et paradoxale une
impossibilité morale : Corneille de Lapierre en cite une intéressante collection. On connaît celle de Jérémie,
13, 23 : « Un Éthiopien peut-il changer de peau, une panthère, changer de pelage ? Et vous pourriez faire le
bien, vous, les habitués du mal ? ». Entendues à la lettre, ces locutions représentent des choses impossibles ;
mais le contexte prouve qu’il s’agit seulement d’une impossibilité relative, comme nous le verrons au v. 26. -
Dans ces terribles sentences du Sauveur on croirait entendre un développement de la malédiction « Malheur
à vous les riches ! ».
2062. [Le Seigneur] ajoute quelque chose qui semble se rapporter à la difficulté. Il dit donc : JE VOUS LE RÉPÈTE, IL EST PLUS FACILE À UN CHAMEAU DE PASSER PAR LE TROU D’UNE AIGUILLE QU’À UN RICHE D’ENTRER DANS LE ROYAUME DES CIEUX. Plus haut, le Seigneur avait dit qu’il était difficile pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux ; ici, [il dit] que cela est impossible, comme IL EST IMPOSSIBLE À UN CHAMEAU DE PASSER PAR LE TROU D’UNE AIGUILLE. Ainsi, prenez un riche qui possède des richesses et ne les aime pas : cela est difficile ; mais à celui qui les aime et met en elles sa confiance, il est impossible d’entrer dans le royaume des cieux. En effet, qu’un chameau ne puisse passer par le trou d’une aiguille, cela est dans la nature des choses ; qu’un riche qui aime les richesses ne puisse entrer dans le royaume des cieux, cela vient de la justice divine, mais tout pourrait d’abord être bouleversé avant que la justice divine ne soit changée.
2063. D’autres, tel Jérôme, [disent] que ce n’est pas l’impossibilité mais la difficulté [qui est indiquée]. On trouve dans une glose, dont on ignore l’auteur, qu’il y avait à Jérusalem une porte qui s’appelait le «trou d’aiguille», que ne pouvaient franchir les chameaux chargés. De même le riche ne peut entrer dans le royaume des cieux que s’il se décharge de l’amour des richesses. Mais il est plus facile de décharger un chameau que pour un riche d’abandonner [cet] amour.
2064. Chrysostome donne une interprétation mystique : par le chameau, sont signifiés les païens, qui sont chargés du péché d’idolâtrie, et par les richesses, les Juifs ; l’aiguille est le Christ, et le trou de l’aiguille est la passion. Ainsi, il fut plus facile pour le peuple païen de passer par la passion du Christ que pour les Juifs, car ceux-ci ne pouvaient y venir qu’en abandonnant les cérémonies de la loi, et ils ne le feraient pas d’eux-mêmes. De sorte qu’on demanda au Démon quel était le péché le plus grave, et il répondit que c’était de posséder le bien d’autrui. On lui répondit : «Tu mens.» Bien plus, il dit : «J’abandonne souvent les autres pécheurs, mais ceux-ci, je ne les abandonne pas.» Ou bien : IL EST PLUS FACILE, etc., de sorte qu’on entende par le riche l’orgueilleux, par le chameau, le Christ, par le trou de l’aiguille, la passion du Christ. Ainsi, il était plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un orgueilleux de s’humilier.
2063. D’autres, tel Jérôme, [disent] que ce n’est pas l’impossibilité mais la difficulté [qui est indiquée]. On trouve dans une glose, dont on ignore l’auteur, qu’il y avait à Jérusalem une porte qui s’appelait le «trou d’aiguille», que ne pouvaient franchir les chameaux chargés. De même le riche ne peut entrer dans le royaume des cieux que s’il se décharge de l’amour des richesses. Mais il est plus facile de décharger un chameau que pour un riche d’abandonner [cet] amour.
2064. Chrysostome donne une interprétation mystique : par le chameau, sont signifiés les païens, qui sont chargés du péché d’idolâtrie, et par les richesses, les Juifs ; l’aiguille est le Christ, et le trou de l’aiguille est la passion. Ainsi, il fut plus facile pour le peuple païen de passer par la passion du Christ que pour les Juifs, car ceux-ci ne pouvaient y venir qu’en abandonnant les cérémonies de la loi, et ils ne le feraient pas d’eux-mêmes. De sorte qu’on demanda au Démon quel était le péché le plus grave, et il répondit que c’était de posséder le bien d’autrui. On lui répondit : «Tu mens.» Bien plus, il dit : «J’abandonne souvent les autres pécheurs, mais ceux-ci, je ne les abandonne pas.» Ou bien : IL EST PLUS FACILE, etc., de sorte qu’on entende par le riche l’orgueilleux, par le chameau, le Christ, par le trou de l’aiguille, la passion du Christ. Ainsi, il était plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un orgueilleux de s’humilier.