Matthieu 19, 17

Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. »

Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. »
Pape Saint Jean-Paul II
Le commandement « tu ne tueras pas », inclus et approfondi dans le commandement positif de l'amour du prochain, est réaffirmé dans toute sa force par le Seigneur Jésus. Au jeune homme riche qui lui demande: « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle? », Jésus répond: « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 16.17). Et il cite, comme le premier d'entre eux, le commandement: « Tu ne tueras pas » (v. 18). Dans le Discours sur la Montagne, Jésus demande aux disciples une justice supérieure à celle des scribes et des pharisiens dans tous les domaines, y compris celui du respect de la vie: « Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres: Tu ne tueras pas; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal » (Mt 5, 21-22).

Jésus dit : « Qu'as-tu à m'interroger sur ce qui est bon ? Un seul est le Bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). Dans la version des évangélistes Marc et Luc, la question est ainsi formulée : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon que Dieu seul » (Mc 10, 18 ; cf. Lc 18, 19).

C'est pourquoi, après l'importante précision « un seul est le Bon », Jésus répond au jeune homme : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). De cette manière est énoncé un lien étroit entre la vie éternelle et l'obéissance aux […]

La moralité des actes est définie par la relation entre la liberté de l'homme et le bien authentique. Ce bien est établi comme Loi éternelle, par la Sagesse de Dieu qui ordonne tout être à sa fin : cette Loi éternelle est connue autant grâce à la raison naturelle de l'homme (et ainsi, elle est « loi naturelle »), que, de manière intégrale et parfaite, grâce à la révélation surnaturelle de Dieu (elle est alors appelée « Loi divine »). L'agir est moralement bon quand les choix libres sont conformes au vrai bien de l'homme et manifestent ainsi l'orientation volontaire de la personne vers sa fin ultime, à savoir Dieu lui-même : le bien suprême, dans lequel l'homme trouve son bonheur plénier et parfait. La question initiale du dialogue entre le jeune homme et Jésus : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » (Mt 19, 16) met immédiatement en évidence le lien essentiel entre la valeur morale d'un acte et la fin ultime de l'homme. Dans sa réponse, Jésus corrobore la conviction de son interlocuteur : l'accomplissement d'actes bons, exigés par Celui qui « seul est le Bon », constitue la condition indispensable et la voie de la béatitude éternelle : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). La réponse de Jésus et la référence aux commandements manifestent aussi que la voie qui mène à cette fin est marquée par le respect des lois divines qui sauvegardent le bien humain. Seul l'acte conforme au bien peut être la voie qui conduit à la vie.

En ce sens, la vie morale possède un caractère « téléologique » fondamental, car elle consiste dans l'orientation délibérée des actes humains vers Dieu, bien suprême et fin (telos) ultime de l'homme. De nouveau, la question du jeune homme à Jésus l'atteste : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Mais cette orientation vers la fin ultime n'est pas une dimension subjective qui dépend seulement de l'intention. Elle présuppose que des actes puissent être ordonnés, par eux-mêmes, à cette fin, en tant qu'ils sont conformes à l'authentique bien moral de l'homme, préservé par les commandements. C'est ce que rappelle Jésus dans sa réponse au jeune homme : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17).

Quand les hommes présentent à l'Eglise les questions de leur conscience, quand à l'intérieur de l'Eglise les fidèles s'adressent à leurs évêques et à leurs pasteurs, c'est la voix de Jésus Christ, la voix de la vérité sur le bien et le mal qu'on entend dans la réponse de l'Eglise. Dans la parole prononcée par l'Eglise retentit, à l'intime de l'être, la voix de Dieu, qui « seul est le Bon » (Mt 19, 17), qui seul « est amour » (1 Jn 4, 8.16).
Louis-Claude Fillion
Pourquoi m'interroges-tu... Le « textus receptus » diffère ici notablement de la Vulgate, car il porte « Pourquoi dis-tu que je suis bon ? Seul Dieu est bon » ; de telle sorte que Jésus-Christ aurait répondu tout à fait dans les mêmes termes d’après les trois évangélistes ; Cf. Marc. 10, 18 ; Luc. 18, 19. Toutefois, des autorités aussi graves que nombreuses, entre autres les manuscrits B. D. L. 1. 22. 251, l’Itala, les versions saxonne, copte, arménienne, syriaque, éthiopienne et plusieurs Pères, reproduisent la leçon de la Vulgate à laquelle les auteurs modernes donnent généralement la préférence. Le « textus receptus » aura probablement été corrigé d’après les deux autres synoptiques, qui reproduisent sous une forme plus claire la parole du divin Maître. - Ici, Notre-Seigneur manifeste tout d’abord un certain étonnement de se voir interrogé touchant ce qui est bien. En effet, ajoute-t- il, Dieu seul est bon. Vous désirez connaître le bien par excellence pour votre âme. Mais Dieu n’est-il pas, et lui seul, l’archétype de tout bien ? C’est donc à lui qu’il faut recourir ; ainsi votre demande est superflue : puisqu’il n’y a qu’un seul être absolument bon, il ne peut y avoir qu’une seule chose absolument bonne, l’accomplissement de ses volontés. - Si tu veux entrer... Le Sauveur exprime maintenant en propres termes ce qu’il venait de dire implicitement par la proposition qui précède. La locution dans la vie équivaut à celle qu’avait employée le jeune homme au v. 16 : « avoir la vie éternelle ». - Garde les commandements, c’est-à- dire les dix préceptes du Décalogue. « je sais que son commandement est vie éternelle », dira plus tard Notre-Seigneur d’une manière plus directe. Cf. Joan. 12, 50. « Rien n’est bon que la Loi », s’écriait le Talmud, Rosch hasch. f. 59, et la Loi n’était bonne qu’en tant qu’elle était l’expression de la volonté de Dieu.
Saint Thomas d'Aquin
2044. IL LUI DIT : «QU’AS-TU À M’INTERROGER ?» Ici, [le Seigneur] donne sa réponse. Premièrement, il répond, comme on le trouve chez Marc : Pourquoi dis-tu que je suis bon ? Ici, [il répond] : «QU’AS-TU À M’INTERROGER ?» On peut comprendre les deux [réponses]. Mais ce que Matthieu dit : «QU’AS-TU À M’INTERROGER ?» ne porte pas à la calomnie. Mais, de ce que dit Marc, les ariens ont tiré une erreur, en disant que le Père est bon par essence, mais le Fils par participation. Ils disaient donc que le Fils était inégal au Père. Mais il faut remarquer ce que [le Seigneur] dit : SEUL DIEU EST BON. Mais, par le nom de Dieu, on entend le Père, le Fils et le Saint-Esprit. De sorte que toute créature en est exclue, car elle n’est pas bonne par essence.

2045. Mais pourquoi [le Seigneur] répond-il ainsi ? Jérôme dit qu’il répond selon l’esprit de celui qui louait la bonté qu’on a coutume de trouver chez l’homme, car ils s’attachaient davantage aux traditions des hommes qu’à celle de Dieu, comme plus haut, 15, 6 : Vous avez annulé un commandement de Dieu à cause de vos traditions. Il le reprend donc parce qu’il s’adressait à lui comme à un homme bon, et non comme à Dieu.

2046. Mais que signifie ce qu’il dit : «QU’AS-TU À M’INTERROGER SUR CE QUI EST BON ?» Il dit cela parce qu’il connaît son cœur, car celui-ci n’avait pas le cœur à obéir au bien et tout bien temporel est imparfait et comme une ombre en regard du bien divin. Is 64, 6 : Toute votre justice est comme le linge souillé d’une femme menstruée. Tous ces biens viennent donc de Dieu. Si donc tu veux les posséder, adresse-toi à lui : en effet, lui seul est bon. Ps 135[136], 1 : Confessez que le Seigneur est bon. Tourne-toi donc vers lui.

2047. SI TU VEUX ENTRER DANS LA VIE, OBSERVE LES COMMANDEMENTS. En effet, certains ont une vie imparfaite, certains, une [vie] parfaite et d’autres sont complètement hors du chemin, comme ceux qui sont dans le péché ou sont infidèles, car le juste vit de la foi, He 10, 38. Certains ont donc une amorce de vie imparfaite, comme les justes de ce monde ; mais ceux-là [ont une vie] parfaite qui sont déjà dans la vie éternelle. Ainsi, SI TU VEUX ENTRER DANS LA VIE, OBSERVE LES COMMANDEMENTS, car l’homme [y] est introduit par les commandements. Ez 20, 11 : Je leur ai donné mes commandements et je leur ai montré mes jugements. Mais est-ce que les commandements suffisaient au salut ? Je dis que non, à moins que ce n’ait été par le moyen de la foi et de la charité. L’Apôtre [dit] ainsi en Ga 2, 21 : Si la justice vient de la loi, alors le Christ est mort en vain. De même, Pr 7, 2 : Observe mes commandements et tu vivras.