Matthieu 19, 11
Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.
Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.
La sainteté de l’Église est entretenue spécialement par les conseils, sous des formes multiples, que le Seigneur, dans l’Évangile, a proposés à l’observation de ses disciples. Parmi ces conseils, en première place, il y a ce don précieux de grâce fait par le Père à certains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se vouer à Dieu seul plus facilement sans partage du cœur, dans la virginité ou le célibat (cf. 1 Co 7, 32-34). Cette continence parfaite à cause du règne de Dieu a toujours été l’objet de la part de l’Église d’un honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité et comme une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde.
Il leur dit. A cette réflexion de ses disciples, dictée par les sentiments imparfaits de la
nature, Jésus-Christ fait une réponse bien délicate. Vous dites vrai, il vaut mieux garder la virginité ; mais
apprenez à quelles conditions, car il en est de plusieurs sortes. Il élève ainsi très visiblement le célibat
au-dessus du mariage, mais sans abaisser, sans condamner ce dernier état que Dieu lui-même avait institué. -
Tous ne comprennent pas : dans le texte latin, le verbe capiunt signifie contenir et se dit habituellement d’un
vase et de sa capacité plus ou moins considérable ; mais il s’agit ici d’une capacité morale, intellectuelle.
Tous ne comprennent pas cette chose ; tous ne sont pas capables de la réaliser. La version syriaque et
d’anciens interprètes adoptent ce dernier sens. C’est une figure élégante et très classique. - Cette parole, la
supériorité réelle de la virginité sur le mariage. - Mais seulement... « Il relevait ainsi le célibat, et montrait
que c’était une grande chose; afin que les louanges qu’il lui donnait y attirassent à l’avenir ses disciples », S.
Jean Chrysost., Hom. 62 in Matth. « Ceux à qui cela n'a pas été donné, ou ils ne veulent pas, ou ils
n'accomplissent pas ceux qu'ils veulent ; mais ceux à qui cela a été donné, veulent de telle sorte que ce qu'ils
veulent ils l'accomplissent », S. Aug. De gratia et lib. Arbitr. c. 4. L’état de virginité n’est pas la règle, mais
l’exception, et ceux qui ont le bonheur de se trouver dans cette glorieuse exception n’y sont pas
d’eux-mêmes, mais par une grâce particulière du ciel. L’instinct qui porte l’homme au mariage est le plus
fort des instincts naturels. Pour lui résister victorieusement, la volonté humaine ne suffit pas ; il faut de plus
un secours venu d’en haut, comme le dit si bien le Sage : « je savais que je ne pourrais jamais obtenir la
sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce
bienfait. Je me tournai donc vers le Seigneur et lui fis cette prière », Sagesse. 8, 21 ; 1 Cor. 7, 35.
2029. IL LEUR DIT. [Le Seigneur] approuve l’opinion des disciples : premièrement, par des paroles, deuxièmement, par des actes, en cet endroit : ALORS DES PETITS ENFANTS LUI FURENT PRÉSENTÉS [19, 13].
Premièrement, il approuve la continence ; deuxièmement, il précise des différences entre les continents, en cet endroit : IL Y A, EN EFFET, DES EUNUQUES, etc. [19, 12] ; troisièmement, [il précise] une difficulté, en cet endroit : QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ! [19, 12].
2030. [Matthieu] dit donc : IL LEUR DIT : «TOUS NE COMPRENNENT PAS CE LANGAGE.» Ainsi, vous dites qu’il n’est pas expédient de se marier ; cela est vrai pour certains, mais cela n’est pas vrai pour tous, car tous ne possèdent pas une vertu telle qu’ils puissent s’abstenir. MAIS CEUX À QUI CELA A ÉTÉ DONNÉ, car cela a été donné a certains, non pas de leur propre fait, mais par un don de la grâce. Sg 8, 21 : Je savais que je ne peux demeurer continent que si Dieu me l’accorde. En effet, qu’un homme vive dans la chair au-delà de la chair ne vient pas de l’homme. 1 Co 7, 7 : Je veux que tous les hommes soient comme moi, mais chacun reçoit de Dieu sa propre demeure, l’un de telle manière, l’autre d’une autre manière.
2031. Et parce qu’ils pourraient croire que tous peuvent s’abstenir, il dit donc : IL Y A DES EUNUQUES, etc. Il fait donc une distinction entre la continence qui, chez certains, vient de la nature, parfois de la violence, et parfois de la volonté. Il aborde donc trois genres d’eunuques. Certains le sont naturellement : ILS SONT EUNUQUES DEPUIS LE SEIN DE LEUR MÈRE. Comme certains naissent monstrueux en raison d’un défaut de la main, de même certains [naissent] sans organes génitaux. Et cela est le fait de la providence de Dieu, car si tout arrivait selon le cours commun de la nature, cela serait attribué à la nature, et non à la divine providence. Ainsi, Sg 8, 8 : Il connaît les prodiges et les monstres avant qu’ils n’arrivent. De même, certains [sont eunuques] par violence, comme ceux qui sont castrés par des tyrans ou des barbares, ou ceux qui sont castrés parce qu’ils veillent sur des femmes : IL Y A DES EUNUQUES QUI LE SONT DEVENUS PAR L’ACTION DES HOMMES, à savoir, ceux que la cruauté des hommes a castrés ou la protection de femmes. Et Jérôme dit qu’il sait que des enfants étaient pris et castrés pour être placés dans la maison de Nabuchodonosor. Mais certains [le sont] par volonté. Il dit ainsi : IL Y A DES EUNUQUES QUI SE SONT CASTRÉS EUX-MÊMES À CAUSE DU ROYAUME DES CIEUX.
2032. Certains ont mal compris ce discours en disant qu’il fallait couper les organes génitaux, et on lit que certains l’ont fait, parmi lesquels on dit qu’Origène se trouvait. Mais cela a été condamné, et ceux-ci doivent être écartés du clergé, chapitre Ex parte et chapitre Significavit, extra de corp. Vit. Cela a été l’occasion de l’erreur des manichéens, qui disaient que la créature corporelle était la cause du mal. De même, cela a été l’occasion d’une erreur des Gentils, car certains se sont castrés au cours de leurs sacrifices. De même, cela n’a donné rien d’utile, car ces gens, même s’ils ne peuvent passer à l’acte, ne sont pas exempts de concupiscence. Ainsi, Si 20, 2 : La concupiscence de l’eunuque déflorera une jeune fille. Il est donc mieux qu’un homme s’impose un frein que de se couper un membre afin de refréner ses pensées et ses désirs mauvais. Is 1, 16 : Enlevez les pensées mauvaises de vos cœurs.
2033. QUI SE SONT CASTRÉS EUX-MÊMES : qui se sont voués à la chasteté continuelle, et cela, À CAUSE DU ROYAUME DES CIEUX. En effet, on entend parfois par le membre l’acte, comme plus haut, 18, 9 : Si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi ! De la même façon, ici, on entend par les organes génitaux l’acte. Ainsi, celui qui se voue à la chasteté se castre. Ou bien, selon Jérôme, [il faut entendre] que ceux qui gardent la chasteté sont nés frigides, c’est-à-dire [qu’ils le sont] par nature, de sorte qu’ils ne sont pas amenés à cet acte. Ils sont donc appelés eunuques en raison du comportement des eunuques qu’ils possèdent par la nature qu’ils ont reçue dès le sein [de leur mère]. Car certains ont naturellement une certaine disposition pour une vertu, comme Job pour la miséricorde, qui dit au chapitre 20, 18 : La miséricorde s’est développée en moi depuis ma naissance. Certains le font par volonté ou par feinte, ou bien quelqu’un fera ce qui lui a été enseigné par les hérétiques. 2 Tm 3, 5 : Ils ont l’apparence de la piété, mais ils en répudient la vertu. Mais certains [se font eunuques] à cause de la récompense de la vie éternelle. Les deux premiers, c’est-à-dire ceux qui le sont naturellement ou ceux qui sont castrés de force, ne méritent pas la vie éternelle, mais seulement les troisièmes. Mais est-il vrai que les deux premiers ne méritent pas [la vie éternelle] ? Je dis qu’ils [la] méritent pour ce qui est de la volonté, bien qu’ils ne [la] méritent pas pour ce qui est de l’acte ; car, bien qu’ils ne puissent pas poser l’acte, ils peuvent vouloir être capables de le poser.
2034. QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ! Une fois présentées les différences dans la continence, une exhortation est ici présentée, comme le dit Jérôme. Le Seigneur fait ce que fait un chef d’armée, qui, lorsqu’une ville doit être prise, dit : «Celui qui entrera dans la ville, il lui sera donné ceci ou cela», comme David dit à Joab. Ainsi, QUI PEUT SAISIR, et pratiquer la continence, QU’IL SAISISSE, et ne s’y soustraie pas. L’Apôtre [dit] en 1 Co 12, 31 : Désirez les grâces les meilleures. Mais que veut dire ce qu’il dit ? Est-ce que tous ne sont pas tenus de garder la virginité ? Il semble que tel est le cas, car l’homme est tenu à ce qui est meilleur. Il faut dire que cela n’est pas un précepte, mais un conseil, comme le dit l’Apôtre, 1 Co 7, 25 : Je n’ai pas de commandement du Seigneur au sujet des vierges, mais je donne un conseil. Mais en quoi consiste-t-il ? L’homme n’est-il pas tenu à ce qui est meilleur ? Je dis qu’il faut faire une distinction entre ce qui est meilleur pour ce qui est de l’acte ou [ce qui est meilleur] pour ce qui est du désir. [L’homme] n’est pas tenu à ce qui est meilleur pour ce qui est de l’acte, mais pour ce qui est du désir, car toute règle et tout acte sont déterminés pour une chose précise et certaine, et si [l’homme] était tenu à ce qui est meilleur, il serait tenu à ce qui est incertain. Ainsi, pour ce qui est des actes extérieurs, parce qu’il n’est pas tenu à ce qui est incertain, il n’est pas tenu à ce qui est meilleur ; mais, pour ce qui est du désir, il est tenu à ce qui est meilleur. De sorte que celui qui ne voudrait pas toujours être meilleur ne pourrait vouloir sans mépris.
2035. Mais que veut dire : QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ? Ou bien, il le peut par un pouvoir naturel, et ainsi personne ne le peut ; ou bien, [il le peut] par le pouvoir de la grâce, et ainsi tous le peuvent, car il est dit en Lc 11, 9 : Demandez et vous recevrez. De même, la grâce de Dieu peut tout. Je dis que PEUT comporte le pouvoir de la volonté. En effet, il existe une volonté ferme et [une volonté] faible. Or, il est clair que l’homme, lorsqu’il a une volonté ferme, ne craint pas les nombreuses impulsions ; mais lorsqu’il n’a pas [une volonté ferme], il tombe facilement sous le coup d’une impulsion. Ainsi, QUI PEUT SAISIR, par fermeté de la volonté, QU’IL SAISISSE, non pas par la nature, mais par Dieu. Ainsi, celui qui tient cela de Dieu, nous estimons qu’il peut saisir et s’abstenir. Ou bien, celui qui le peut selon que le temps le permet ou selon la condition de l’époque, comme Abraham. C’est ainsi que le célibat de Jean n’est pas préféré au mariage d’Abraham. De même, selon [son] état, car celui qui est marié ne peut pas être continent. Cela est donc exclu soit en raison du temps, soit en raison de l’état.
Premièrement, il approuve la continence ; deuxièmement, il précise des différences entre les continents, en cet endroit : IL Y A, EN EFFET, DES EUNUQUES, etc. [19, 12] ; troisièmement, [il précise] une difficulté, en cet endroit : QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ! [19, 12].
2030. [Matthieu] dit donc : IL LEUR DIT : «TOUS NE COMPRENNENT PAS CE LANGAGE.» Ainsi, vous dites qu’il n’est pas expédient de se marier ; cela est vrai pour certains, mais cela n’est pas vrai pour tous, car tous ne possèdent pas une vertu telle qu’ils puissent s’abstenir. MAIS CEUX À QUI CELA A ÉTÉ DONNÉ, car cela a été donné a certains, non pas de leur propre fait, mais par un don de la grâce. Sg 8, 21 : Je savais que je ne peux demeurer continent que si Dieu me l’accorde. En effet, qu’un homme vive dans la chair au-delà de la chair ne vient pas de l’homme. 1 Co 7, 7 : Je veux que tous les hommes soient comme moi, mais chacun reçoit de Dieu sa propre demeure, l’un de telle manière, l’autre d’une autre manière.
2031. Et parce qu’ils pourraient croire que tous peuvent s’abstenir, il dit donc : IL Y A DES EUNUQUES, etc. Il fait donc une distinction entre la continence qui, chez certains, vient de la nature, parfois de la violence, et parfois de la volonté. Il aborde donc trois genres d’eunuques. Certains le sont naturellement : ILS SONT EUNUQUES DEPUIS LE SEIN DE LEUR MÈRE. Comme certains naissent monstrueux en raison d’un défaut de la main, de même certains [naissent] sans organes génitaux. Et cela est le fait de la providence de Dieu, car si tout arrivait selon le cours commun de la nature, cela serait attribué à la nature, et non à la divine providence. Ainsi, Sg 8, 8 : Il connaît les prodiges et les monstres avant qu’ils n’arrivent. De même, certains [sont eunuques] par violence, comme ceux qui sont castrés par des tyrans ou des barbares, ou ceux qui sont castrés parce qu’ils veillent sur des femmes : IL Y A DES EUNUQUES QUI LE SONT DEVENUS PAR L’ACTION DES HOMMES, à savoir, ceux que la cruauté des hommes a castrés ou la protection de femmes. Et Jérôme dit qu’il sait que des enfants étaient pris et castrés pour être placés dans la maison de Nabuchodonosor. Mais certains [le sont] par volonté. Il dit ainsi : IL Y A DES EUNUQUES QUI SE SONT CASTRÉS EUX-MÊMES À CAUSE DU ROYAUME DES CIEUX.
2032. Certains ont mal compris ce discours en disant qu’il fallait couper les organes génitaux, et on lit que certains l’ont fait, parmi lesquels on dit qu’Origène se trouvait. Mais cela a été condamné, et ceux-ci doivent être écartés du clergé, chapitre Ex parte et chapitre Significavit, extra de corp. Vit. Cela a été l’occasion de l’erreur des manichéens, qui disaient que la créature corporelle était la cause du mal. De même, cela a été l’occasion d’une erreur des Gentils, car certains se sont castrés au cours de leurs sacrifices. De même, cela n’a donné rien d’utile, car ces gens, même s’ils ne peuvent passer à l’acte, ne sont pas exempts de concupiscence. Ainsi, Si 20, 2 : La concupiscence de l’eunuque déflorera une jeune fille. Il est donc mieux qu’un homme s’impose un frein que de se couper un membre afin de refréner ses pensées et ses désirs mauvais. Is 1, 16 : Enlevez les pensées mauvaises de vos cœurs.
2033. QUI SE SONT CASTRÉS EUX-MÊMES : qui se sont voués à la chasteté continuelle, et cela, À CAUSE DU ROYAUME DES CIEUX. En effet, on entend parfois par le membre l’acte, comme plus haut, 18, 9 : Si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi ! De la même façon, ici, on entend par les organes génitaux l’acte. Ainsi, celui qui se voue à la chasteté se castre. Ou bien, selon Jérôme, [il faut entendre] que ceux qui gardent la chasteté sont nés frigides, c’est-à-dire [qu’ils le sont] par nature, de sorte qu’ils ne sont pas amenés à cet acte. Ils sont donc appelés eunuques en raison du comportement des eunuques qu’ils possèdent par la nature qu’ils ont reçue dès le sein [de leur mère]. Car certains ont naturellement une certaine disposition pour une vertu, comme Job pour la miséricorde, qui dit au chapitre 20, 18 : La miséricorde s’est développée en moi depuis ma naissance. Certains le font par volonté ou par feinte, ou bien quelqu’un fera ce qui lui a été enseigné par les hérétiques. 2 Tm 3, 5 : Ils ont l’apparence de la piété, mais ils en répudient la vertu. Mais certains [se font eunuques] à cause de la récompense de la vie éternelle. Les deux premiers, c’est-à-dire ceux qui le sont naturellement ou ceux qui sont castrés de force, ne méritent pas la vie éternelle, mais seulement les troisièmes. Mais est-il vrai que les deux premiers ne méritent pas [la vie éternelle] ? Je dis qu’ils [la] méritent pour ce qui est de la volonté, bien qu’ils ne [la] méritent pas pour ce qui est de l’acte ; car, bien qu’ils ne puissent pas poser l’acte, ils peuvent vouloir être capables de le poser.
2034. QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ! Une fois présentées les différences dans la continence, une exhortation est ici présentée, comme le dit Jérôme. Le Seigneur fait ce que fait un chef d’armée, qui, lorsqu’une ville doit être prise, dit : «Celui qui entrera dans la ville, il lui sera donné ceci ou cela», comme David dit à Joab. Ainsi, QUI PEUT SAISIR, et pratiquer la continence, QU’IL SAISISSE, et ne s’y soustraie pas. L’Apôtre [dit] en 1 Co 12, 31 : Désirez les grâces les meilleures. Mais que veut dire ce qu’il dit ? Est-ce que tous ne sont pas tenus de garder la virginité ? Il semble que tel est le cas, car l’homme est tenu à ce qui est meilleur. Il faut dire que cela n’est pas un précepte, mais un conseil, comme le dit l’Apôtre, 1 Co 7, 25 : Je n’ai pas de commandement du Seigneur au sujet des vierges, mais je donne un conseil. Mais en quoi consiste-t-il ? L’homme n’est-il pas tenu à ce qui est meilleur ? Je dis qu’il faut faire une distinction entre ce qui est meilleur pour ce qui est de l’acte ou [ce qui est meilleur] pour ce qui est du désir. [L’homme] n’est pas tenu à ce qui est meilleur pour ce qui est de l’acte, mais pour ce qui est du désir, car toute règle et tout acte sont déterminés pour une chose précise et certaine, et si [l’homme] était tenu à ce qui est meilleur, il serait tenu à ce qui est incertain. Ainsi, pour ce qui est des actes extérieurs, parce qu’il n’est pas tenu à ce qui est incertain, il n’est pas tenu à ce qui est meilleur ; mais, pour ce qui est du désir, il est tenu à ce qui est meilleur. De sorte que celui qui ne voudrait pas toujours être meilleur ne pourrait vouloir sans mépris.
2035. Mais que veut dire : QUI PEUT SAISIR, QU’IL SAISISSE ? Ou bien, il le peut par un pouvoir naturel, et ainsi personne ne le peut ; ou bien, [il le peut] par le pouvoir de la grâce, et ainsi tous le peuvent, car il est dit en Lc 11, 9 : Demandez et vous recevrez. De même, la grâce de Dieu peut tout. Je dis que PEUT comporte le pouvoir de la volonté. En effet, il existe une volonté ferme et [une volonté] faible. Or, il est clair que l’homme, lorsqu’il a une volonté ferme, ne craint pas les nombreuses impulsions ; mais lorsqu’il n’a pas [une volonté ferme], il tombe facilement sous le coup d’une impulsion. Ainsi, QUI PEUT SAISIR, par fermeté de la volonté, QU’IL SAISISSE, non pas par la nature, mais par Dieu. Ainsi, celui qui tient cela de Dieu, nous estimons qu’il peut saisir et s’abstenir. Ou bien, celui qui le peut selon que le temps le permet ou selon la condition de l’époque, comme Abraham. C’est ainsi que le célibat de Jean n’est pas préféré au mariage d’Abraham. De même, selon [son] état, car celui qui est marié ne peut pas être continent. Cela est donc exclu soit en raison du temps, soit en raison de l’état.