Matthieu 18, 28

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Fulcran Vigouroux
Le denier, pièce d’argent des Romains, valait environ 0.80 centime (en 1900).
Louis-Claude Fillion
Nous arrivons au cœur de la parabole et à la leçon principale qu’elle est destinée à donner aux disciples de Jésus. - Ce serviteur étant sorti. La narration nous le montre au moment où il sort tout heureux du palais, après la scène à laquelle nous avons assisté. Cette circonstance est notée à dessein pour mieux faire ressortir l’indignité de sa conduite? - Il trouva... il rencontre par hasard à la porte de la résidence royale un de ses collègues, ministre du roi comme lui, quoique probablement à un degré inférieur. Le débiteur insolvable de tout à l’heure devient maintenant créancier ; car il se rappelle, lui à qui on vient de faire grâce d’une somme énorme, que ce collègue lui doit cent deniers ! - Qui lui devait cent deniers. Le denier valait treize centimes environ de moins que la drachme antique : la somme due n’atteignait donc pas 90 francs. Qu’était -ce que cette dette, en face des nombreux millions dont il a été parlé plus haut ? - Le saisissant, il l'étouffait. Détails pittoresques, qui peignent au vif l’odieuse conduite du créancier sans pitié. A peine a-t-il aperçu son débiteur qu’il se précipite sur lui, et le saisit violemment à la gorge de manière à l’étrangler. D’après le droit romain, le débiteur incapable d’acquitter ses dettes pouvait être conduit par ses créanciers au tribunal des prêteurs « par tout moyen, et même la main au collet », s’il résistait. - Le langage est conforme à l’action : Rends-moi ce que tu dois, demande-t-il brutalement, sans penser à la faveur immense qu’il a reçue il n’y a qu’un instant. La certitude de la dette ne saurait être mise en doute, car elle ressort clairement du contexte, « qui lui devait », v. 28, « ce que tu me dois » v. 29, comme aussi de l’idée même de la parabole. Cette tournure est simplement un hellénisme et une manière plus énergique d’affirmer un fait indubitable. - Quel contraste entre cette barbarie et la bénignité du roi !
Saint Thomas d'Aquin
2000. EN SORTANT, CE SERVITEUR, etc. Cinq choses qui aggravent son ingratitude sont présentées. Premièrement, en effet, elle est aggravée par le moment, car si cela était arrivé cinq ou dix ans plus tard, cela ne serait pas étonnant ; mais parce qu’il pèche le même jour, il devient ingrat, comme c’est le cas du pécheur qui, alors que ses péchés ont été remis, retourne à ses [péchés] le même jour. Il dit donc : EN SORTANT. Jc 1, 24 : Il s’examina, puis s’en alla et oublia aussitôt ce qu’il était. De même, [il aggrava son péché] par la simulation, car il fut humble sous le regard du maître, mais, EN SORTANT, il montra aussitôt qui il était. 3 R [1 R] 22, 22 : Je sors et je serai un esprit mensonger dans la bouche de tous ses prophètes. Cela est aussi montré par ses affinités, car IL RENCONTRA UN DE SES COMPAGNONS. Si 28, 3 : L’homme manifeste de la colère à l’homme et il demande la guérison à Dieu. De même, par la petitesse de la dette, car IL LUI DEVAIT CENT DENIERS. Il y avait donc une différence dans le nombre, car lui en devait dix mille, et dans le poids, car celui-là [devait] des deniers, et lui-même [devait] des talents. Les péchés qui sont commis envers Dieu sont donc plus nombreux et plus graves que les péchés [qui sont commis] envers l’homme, qui sont plus légers, car ils viennent de la faiblesse. Il y a donc ici une différence de gravité, comme entre les talents et les deniers. En effet, il serait plus grave de frapper le roi qu’un serviteur. De même, [sa] cruauté est montrée par son exigence, car IL LE PRIT, parce qu’il le traîna en procès et le secoua, et IL LE SERRA À L’ÉTRANGLER, et il ne le laissait pas respirer.