Matthieu 18, 24

Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Fulcran Vigouroux
Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Egyptiens, des Arabes et des Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables. ― Le talent d’argent valant 8500 francs, dix mille talents font 85 000 000 de francs (en 1900). On peu supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole juive, qui a quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s’agit du tribut que doit payer toute une ville et dont le roi la libère, sur sa demande.
Louis-Claude Fillion
Et lorsqu'il eut commencé : dès l’ouverture des comptes ; ce qui n’a pas lieu de surprendre dans une contrée où il y a toujours eu de si grandes malversations financières. Il suffit de commencer une enquête pour découvrir aussitôt des injustices criantes. - On lui en présenta un : circonstance notée soit pour montrer que le débiteur fut amené malgré lui devant son maître dont il avait à redouter la juste rigueur, soit pour faire allusion aux usages de l’Orient, d’après lesquels on ne se présente jamais à la cour que dûment introduit selon les règles du cérémonial. - Qui lui devait. Le roi avait prêté ou confié à ce malheureux la somme mentionnée plus bas : mais l’officier, ayant voulu faire là-dessus de belles spéculations pour s’enrichir, avait sans doute tout perdu comme tant d’autres agioteurs. - Dix mille talents. Somme énorme en soi et surtout pour l’époque. Nous le comprendrons mieux si nous prenons la peine de la comparer avec d’autres chiffres pécuniaires signalés dans la bible comme très élevés. On n’employa que 29 talents d’or à la construction du Tabernacle, malgré toute la richesse qui y fut déployée, Cf. Ex. 38, 24 ; la reine de Saba offrit 120 talents à Salomon et c’était un présent considérable, Cf. 3 Reg. 10, 10 ; le roi d’Assyrie imposa à Ézéchias un tribut de 30 talents, Cf. 4 Reg. 18, 14 ; David mit en réserve pour la construction du temple la somme de 3000 talents à laquelle les princes en ajoutèrent une autre de 5000, Cf. 1 Par. 24, 4-7. Et ce ne sont pas seulement huit mille talents que nous avons ici, mais dix mille ! Le talent, comme va le montrer l’indication de sa valeur, n’était pas une monnaie courante ; c’était une monnaie idéale dont on se servait dans les évaluations de numéraire, à la façon de nos millions. Il y en eut, dans l’antiquité, de trois espèces très distinctes : le talent attique, le talent hébreu qui valait le double de l’attique et le talent syriaque qui valait le huitième de l’hébreu, le quart de l’attique. Duquel est-il question dans ce passage ? On les a proposés tous les trois ; mais il n’y a guère que les deux premiers qui puissent venir sérieusement en ligne de compte, les exégètes qui ont pensé au troisième n’ayant eu recours à lui que pour obtenir une somme moins considérable, ce qui n’est pas une raison. D’une part il semble naturel que le Sauveur ait compté par talents hébreux, puisqu’il était Juif et qu’il parlait en ce moment à des Juifs ; d’un autre côté, il est certain que le talent attique était alors d’un usage universel dans tout l’empire romain, et même en Palestine : il est donc possible aussi que Notre-Seigneur l’ait employé dans cette circonstance. Le talent attique se composait de 60 mines et la mine comprenait cent drachmes, ce qui faisait 6000 drachmes (soit 6 Kg d'argent) par talent. Un talent vaudrait à peu près 6000 francs [environ 2400€ 2015], et dix mille talents 60 millions de francs [environ 24 millions d'Euros 2015]. Nous arriverions au double si Jésus avait parlé du talent hébreu. La somme dans un cas comme dans l’autre, est donc vraiment colossale pour ce temps-là, et particulièrement si nous songeons qu’elle était due par un seul homme. Les Romains n’exigèrent pas davantage d’Antiochus-le-Grand après sa défaite, et Darius n’offrit pas davantage à Alexandre pour obtenir de lui qu’il arrêta le cours de ses conquêtes en Asie.
Saint Thomas d'Aquin
1996. COMME ON COMMENÇAIT À LUI RENDRE COMPTE. Le terme de cette reddition de comptes sera le jour du jugement ; le début, lorsque [le maître] commencera à infliger une peine. 1 P 4, 19 : Ainsi, ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu recommanderont leurs âmes au Créateur fidèle. Ez 9, 6 : Commencez par mon sanctuaire. L’examen attentif des mérites est aussi abordé. Lm 3, 40 : Examinons nos voies, par quoi l’on entend l’examen de [nos] consciences. Et, pendant cet examen, ON LUI EN AMENA UN QUI LUI DEVAIT DIX MILLE TALENTS. Si nous mettons ces talents en rapport avec les prélats, nous comprenons [qu’il s’agit des] péchés des sujets, car, chaque fois qu’un sujet pèche à cause de sa négligence, [le prélat] devient débiteur de [ses] talents. C’est pourquoi il est dit en 3 R [1 R] 20, 39 : Ce sera ton âme contre son âme. Ou bien on peut dire que le nombre mille est parfait parce que c’est un nombre carré. De même, on entend par dix le nombre du décalogue. De même, [on entend] par talent la gravité d’un péché. Za 5, 7 : Et voici qu’un talent de plomb fut apporté, etc. Est donc ainsi signifié celui qui a une multitude de crimes, car, lorsque Dieu veut qu’un compte soit rendu et examiner sa conscience, il trouve un amas de crimes. 1 [Ch] 29 : J’ai commis plus de péchés que le sable de la mer.