Matthieu 18, 22

Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.

Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Pape Francois
Jésus-Christ n’a jamais invité à fomenter la violence ou l’intolérance. Il condamnait ouvertement l’usage de la force pour s’imposer aux autres : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous » (Mt 20, 25-26). Par ailleurs, l’Évangile demande de pardonner « soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22), et donne comme exemple le serviteur impitoyable qui, pardonné, n’a pas été capable, à son tour, de pardonner aux autres (cf. Mt 18, 23-35).
Louis-Claude Fillion
Jésus lui dit. Jésus recule la limite « à l'infini » ; car tel est le sens de sa réponse. Tu me demandes la mesure du pardon ; je te dis que cette mesure consiste à pardonner sans mesure. - Je ne te dis pas jusqu'à sept fois... Jésus trouve à bon droit ce chiffre beaucoup trop restreint : il le prend donc et le transforme à l’aide d’une multiplication : jusqu'à soixante-dix fois sept fois. Les commentateurs ne sont toutefois pas d’accord sur la somme totale produite par le calcul du Sauveur, les expressions du texte grec pouvant recevoir deux interprétations notablement différentes. L’une semble plutôt signifier soixante-dix fois sept, l’autre, selon la traduction de la Vulgate, soixante-dix fois sept fois. Néanmoins Origène, S. Augustin et de nombreux exégètes modernes à leur suite, traduisent cette locution comme si la particule « et » existait entre les deux nombres dont elle se compose : soixante-dix fois et sept, 70 + 7, par conséquent soixante-dix-sept fois. Ils s’appuient sur un passage de la Genèse, 4, 24, auquel, d’après eux, le Sauveur ferait ici une évidente allusion, et où nous entendons le farouche Lamech annoncer que si l’on se permettait envers lui quelque grave injure, son sang serait vengé, non pas seulement sept fois comme celui de Caïn, son ancêtre, mais soixante-dix-sept fois, d’après les 70. Ce rapprochement ne manque pas de beauté, Cf. S. Hilaire, in h. l. Jésus veut ainsi que le pardon chrétien aille jusqu’où s’étendait la vengeance antique. A la formule de haine et de représailles proposée par Lamech, il oppose la formule de l’amour parfait et du pardon illimité, car telle est manifestement la signification du chiffre qu’il mentionne. « J'ose le dire, quand même il aurait péché septante fois huit fois, pardonnez-lui; eût-il péché cent fois, pardonnez-lui encore; en un mot, toutes les fois qu'il pèche, ne cessez de lui pardonner. Car si Jésus-Christ, bien qu'il ait trouvé en nous des milliers de péchés, nous les a tous pardonnés, ne refusez donc pas de faire vous-mêmes miséricorde, ainsi que l'Apôtre vous le recommande en ces termes ( Col 3,13 ): «Vous pardonnant entre vous les sujets de plainte que vous pourriez avoir les uns contre les autres, comme Dieu vous a pardonné en Jésus-Christ (cf. 2Co 5,10 ) », S. August. de Verbis Dom. Serm. 15.
Saint Thomas d'Aquin
1992. JÉSUS LUI DIT : «JE NE TE DIS PAS JUSQU’À SEPT FOIS, MAIS JUSQU’À SOIXANTE-DIX-SEPT FOIS SEPT FOIS.» D’une part, on peut soutenir qu’il dit : SEPT FOIS au sens cumulatif, de sorte que le sens serait : non pas sept fois, mais soixante-dix fois. Ou bien, on peut l’entendre au sens d’une multiplication : sept fois soixante-dix [fois], et ainsi l’interprète Jérôme. Selon la première interprétation, qui est celle d’Augustin, il est donné à entendre que nous devons pardonner tout, comme le Christ a tout pardonné. Col 3, 13 : Vous pardonnant les uns aux autres, si vous avez un grief contre quelqu’un. Comme le Seigneur nous a pardonné, de même devez-vous le faire. Ou bien, on peut dire qu’un nombre déterminé est donné pour [indiquer] un nombre infini, comme dans les Psaumes : La parole qu’il a envoyée pour mille générations [Ps 104[105], 8]. Selon Jérôme, l’explication est la même ; cependant, il y est ajouté la raison du nombre. En effet, la perfection est signifiée par six, et par cent, qui résulte d’une multiplication par dix, qui signifie le décalogue. Le premier nombre qui s’écarte de dix est onze. Et parce que la totalité est signifiée par six, la totalité des péchés est signifiée, comme s’il disait : «Tous les péchés que ton frère aura commis contre toi, pardonne-les lui.» Selon Jérôme, il semble donc que [le Seigneur] veuille dire qu’il peut remettre davantage qu’on a pu l’offenser.
Rabanus Maurus
Toutefois, il y a une différence entre le par don que nous accordons à un frère qui le demande et avec lequel nous renouons les liens étroits qui nous unissaient (comme Joseph avec ses frères), et le pardon que nous accordons à un ennemi qui nous persécute, à qui nous voulons, et à qui même, s'il est possible, nous faisons du bien, comme David lorsqu'il fuyait devant Saül.
Saint Augustin
J'ose le dire, quand même il aurait péché septante fois huit fois, pardonnez-lui; eût-il péché cent fois, pardonnez-lui encore; en un mot, toutes les fois qu'il pèche, ne cessez de lui pardonner. Car si Jésus-Christ, bien qu'il ait trouvé en nous des milliers de péchés, nous les a tous pardonnés, ne refusez donc pas de faire vous-mêmes miséricorde, ainsi que l'Apôtre vous le recommande en ces termes ( Col 3,13 ): «Vous pardonnant entre vous les sujets de plainte que vous pourriez avoir les uns contre les autres, comme Dieu vous a pardonné en Jésus-Christ (cf. 2Co 5,10 ) ».

Cependant ce n'est point au hasard que le Sauveur choisit le nombre de septante fois sept fois; car la loi a été donnée en dix commandements. Si la loi est représentée par le nombre dix, le péché l'est par le nombre onze, car il va au delà du nombre dix. Le nombre sept se prend ordinairement pour un tout complet, car le temps fait sa révolution en sept jours. Or, onze fois sept font soixante-dix-sept; le Sauveur, en choisissant ce nombre soixante-dix-sept, a donc voulu que tous les péchés que nos frères pourraient commettre fussent pardonnés.
Saint Jérôme
Ou bien il faut entendre ces septante fois sept fois dans le sens de. quatre cent quatre-vingt-dix fois, c'est-à-dire que vous devez pardonner à votre frère autant de fois qu'il pourra pécher.
Saint Jean Chrysostome
En disant: «Jusqu'à septante fois sept fois, le Sauveur ne précise pas un nombre et ne circonscrit pas le pardon dans un chiffre quelconque, mais il veut dire qu'il ne faut mettre aucune restriction, aucune limite à ce pardon.

Pierre croit avoir fait un acte héroïque; mais que lui répond Jésus, le tendre ami des hommes? «Jésus lui dit: Je ne vous dis pas jusqu'à sept fois»,etc.
Origène
Notre-Seigneur avait fait plus haut cette recommandation: «Prenez garde de mépriser aucun de ces petits»; il avait ajouté: «Si votre frère pèche contre vous, recevez-le»,etc., et il avait promis de récompenser cette conduite en leur disant: «Si d'eux d'entre vous sont unis entre eux, tout ce qu'ils demanderont leur sera accordé» Pierre, excité par ces paroles, interroge le Sauveur comme l'Évangéliste le rapporte: «Alors Pierre s'approchant, lui dit: Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ?» Et, tout en faisant cette question, il donne son avis: «Est-ce jusqu'à sept fois ?»

Ou bien encore, comme le nombre six paraît désigner l'action et le travail, et le nombre sept le repos et la tranquillité, on peut dire que celui qui aime le monde et qui fait les oeuvres du monde, pèche sept fois en se livrant à ces actions toutes mondaines. Pierre croyait sans doute qu'il était question de ces oeuvres, quand il pensait qu'il fallait par donner sept fois; mais comme Jésus-Christ savait qu'il en est dont les péchés s'étendent bien au delà, il ajoute le nombre septante au nombre sept pour nous apprendre que nous devons pardonner à nos frères qui vivent dans le monde et qui pèchent dans l'usage qu'ils font des choses du monde. Mais si quelqu'un multiplie les transgressions au delà de ce nombre, il n'a point de pardon à espérer.