Matthieu 16, 16

Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Catéchisme de l'Église catholique
Mûs par la grâce de l’Esprit Saint et attirés par le Père nous croyons et nous confessons au sujet de Jésus : " Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant " (Mt 16, 16). C’est sur le roc de cette foi, confessée par S. Pierre, que le Christ a bâti son Église (cf. Mt 16, 18 ; S. Léon le Grand, serm. 4, 3 : PL 54, 151 ; 51, 1 : PL 54, 309B ; 62, 2 : PL 350C-351A ; 83, 3 : PL 54, 432A).

Jésus a accueilli la profession de foi de Pierre qui le reconnaissait comme le Messie en annonçant la passion prochaine du Fils de l’Homme (cf. Mt 16, 16-23). Il a dévoilé le contenu authentique de sa royauté messianique à la fois dans l’identité transcendante du Fils de l’Homme " qui est descendu du ciel " (Jn 3, 13 ; cf. Jn 6, 62 ; Dn 7, 13) et dans sa mission rédemptrice comme Serviteur souffrant : " Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20, 28 ; cf. Is 53, 10-12). C’est pourquoi le vrai sens de sa royauté n’est manifesté que du haut de la Croix (cf. Jn 19, 19-22 ; Lc 23, 39-43). C’est seulement après sa Résurrection que sa royauté messianique pourra être proclamée par Pierre devant le Peuple de Dieu : " Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié " (Ac 2, 36).

Il n’en va pas de même pour Pierre quand il confesse Jésus comme " le Christ, le Fils du Dieu vivant " (Mt 16, 16) car celui-ci lui répond avec solennité : " Cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux " (Mt 16, 17). Parallèlement Paul dira à propos de sa conversion sur le chemin de Damas : " Quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens... " (Ga 1, 15-16). " Aussitôt il se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu’il est le Fils de Dieu " (Ac 9, 20). Ce sera dès le début (cf. 1 Th 1, 10) le centre de la foi apostolique (cf. Jn 20, 31) professée d’abord par Pierre comme fondement de l’Église (cf. Mt 16, 18).
Pape Saint Jean-Paul II
Marie est Mère de Miséricorde parce que Jésus Christ, son Fils, est envoyé par le Père pour être la révélation de la Miséricorde de Dieu (cf. Jn 3, 16-18). Il est venu non pour condamner, mais pour pardonner, pour faire usage de la miséricorde (cf. Mt 9, 13). Et la plus grande miséricorde, c'est, pour lui, d'être au milieu de nous et de nous adresser son appel à venir à Lui et à Le reconnaître, en union avec Pierre, comme « le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Il n'est aucun péché de l'homme qui puisse annuler la Miséricorde de Dieu, l'empêcher d'exercer toute sa puissance victorieuse aussitôt que nous y avons recours. Au contraire, la faute elle-même fait resplendir encore davantage l'amour du Père qui, pour racheter l'esclave, a sacrifié son Fils 181 : sa miséricorde envers nous, c'est la Rédemption. Cette miséricorde atteint sa plénitude par le don de l'Esprit, qui engendre la vie nouvelle et l'appelle. Si nombreux et si grands que soient les obstacles semés par la faiblesse et le péché de l'homme, l'Esprit, qui renouvelle la face de la terre (cf. Ps 104 103, 30), rend possible le miracle du parfait accomplissement du bien. Un tel renouvellement, qui donne la capacité de faire ce qui est bon, noble, beau, agréable à Dieu et conforme à sa volonté, est en quelque sorte l'épanouissement du don de miséricorde, qui délivre de l'esclavage du mal et donne la force de ne plus pécher. Par le don de la vie nouvelle, Jésus nous rend participants de son amour et nous conduit au Père dans l'Esprit.

Il est contraire à la foi chrétienne d'introduire une quelconque séparation entre le Verbe et Jésus Christ. Saint Jean affirme clairement que le Verbe, qui «était au commencement avec Dieu», est celui-là même qui «s'est fait chair» (Jn 1, 14). Jésus est le Verbe incarné, Personne une et indivisible: on ne peut pas séparer Jésus du Christ, ni parler d'un «Jésus de l'histoire» qui serait différent du «Christ de la foi». L'Eglise connaît et confesse Jésus comme «le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16, 16). Le Christ n'est autre que Jésus de Nazareth, et celui-ci est le Verbe de Dieu fait homme pour le salut de tous. Dans le Christ «habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité» (Col 2,9) et «de sa plénitude nous avons tous reçu» (Jn 1, 16). Le «Fils unique qui est dans le sein du Père» (Jn 1, 18) est «le Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption ... Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et, par lui, à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa Croix» (Col 1, 13- 19-20). C'est précisément ce caractère unique du Christ qui lui confère une portée absolue et universelle par laquelle, étant dans l'histoire, il est le centre et la fin de l'histoire elle-même: «Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin» (Ap 22, 13 ).
Louis-Claude Fillion
Prenant la parole... Écoutons encore S. Jean Chrysostôme, l. c. : « A cette question, que fera Pierre, la bouche des Apôtres ? Toujours ardent, coryphée du chœur apostolique, alors que tous sont interrogés, c’est lui qui répond. Quand Jésus leur demandait le sentiment du peuple, ils ont tous parlé ; maintenant qu’il désire connaître leur opinion personnelle, Pierre s’élance en avant, prévient tous les autres et s’écrie : Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ». Pour quiconque a étudié dans les Évangiles le caractère et la conduite de S. Pierre, il n’est pas étonnant que ce soit lui qui réponde ici le premier : c’était en effet sa coutume de parler au nom de tous. Mais il est important de faire observer que, dans le cas présent, il s’inquiète moins de manifester au Sauveur le sentiment commun des Apôtres, que sa croyance personnelle ; autrement, pourquoi Jésus le féliciterait-il plus bas d’avoir reçu une révélation particulière ? Pourquoi ne s’adressait-il qu’à lui dans les magnifiques promesses qui vont suivre ? Ou bien, s’il a parlé au nom de tous, il ne suit pas de là que tous auraient pu faire la même réponse. Les autres Apôtres se rangèrent à sa confession, mais elle ne cesse pas pour cela de lui appartenir en propre. « Confesser une chose et se ranger à l’avis de celui qui l’a confessée sont deux actes tout à fait distincts », dit fort bien M. Schegg. C’est en ce sens seulement que nous dirons avec S. Thomas : « Il répond, pour lui et pour les autres ». - Vous êtes le Christ. Cette profession de foi est pleine d’énergie et annonce une parfaite certitude. « Il dit fermement : Tu es, et non Je dis que tu es », Bengel. S. Pierre répond comme un homme qui exprime une conviction indubitable, ce qu’il croit être un dogme réel : son langage est celui de la foi vive et de la parfaite adoration. Toi, le Messie, dût-il dire en hébreu, donnant au Messie sa signification restreinte, pour désigner l’Oint de Dieu par excellence, le Christ unique au monde. Mais Pierre n’a exprimé qu’une partie de sa pensée ; se faisant l’écho de la voix céleste du baptême, il complète sa confession en disant : Le Fils du Dieu vivant. Pour tout interprète impartial, non imbu de préjugés dogmatiques, il est évident que ces mots doivent être pris ici dans leur sens strict. Ailleurs, nous l’avons vu, Cf. 4, 3, 6 ; Marc. 3, 12 ; Joan. 1, 49, etc., ils pouvaient avoir une signification figurative, s’employer comme un synonyme de Messie, représenter le Christ en tant qu’il devait être uni à Dieu par les liens d’une étroite amitié ; mais ici cela est tout à fait impossible. Cette impossibilité résulte 1° de l’addition de l’épithète « vivant » qui fait allusion à la vertu génératrice de Dieu et par conséquent à la filiation réelle de Jésus ; 2° de la réponse de Notre-Seigneur au v. 17. Le divin Maître atteste que c’est le Père céleste lui-même qui a daigné communiquer à Pierre d’une manière surnaturelle l’objet de sa profession de foi. L’apôtre a donc proclamé une vérité nouvelle pour lui et qu’il eût été incapable d’atteindre par ses seules forces. Or, ne savait-il pas depuis longtemps, et n’avait-il pas pu apprendre autrement que par une révélation spéciale, que Jésus était le Messie promis ? 3° De l'unanimité de la tradition sur ce point : « L'apôtre Pierre, par la révélation du Très Haut, alla au-delà des choses corporelles et surmonta les limites humaines avec les yeux de son esprit, vit qu'il était le Fils du Dieu vivant, et reconnut la gloire de Dieu », S. Léon-le-Gr. Serm. de Transfig. « Ces paroles du Sauveur nous font voir que si saint Pierre ne l’eût reconnu pour le vrai Fils de Dieu, et né de sa propre substance, cette confession n’eût point été l’effet d’une révélation divine… il a donc confessé qu’il était le Fils de Dieu de manière excellente », S. Jean Chrysost. Hom. 54. Et de même tous les autres Pères. Il n’y a que les rationalistes qui, pour des raisons faciles à comprendre, se refusent à prendre l’expression « Fils du Dieu vivant » dans sa signification supérieure et obvie. Suivant eux, S. Pierre sera donc tombé, en un moment si solennel, dans une tautologie presque banale. Mais c’est ce que nous ne saurions admettre. Ce qu’il avait naguère pressenti avec les autres disciples, Cf. 14, 33, Pierre, divinement éclairé, l’exprime maintenant avec toute l’ardeur de la foi. Vous êtes le Christ, bien plus, vous êtes le Fils du Dieu vivant ! D’autres disent que vous êtes Jean-Baptiste, Élie, Jérémie, quelque ancien prophète ; mais cela est faux, car vous êtes le Messie. Vous vous appelez humblement le Fils de l’homme ; mais quoique vous nous apparaissiez sous la forme d’un serviteur, vous pouvez sans injustice et sans blasphème vous dire le Fils de Dieu, car vous l’êtes. Quelle vigueur dans cette phrase où l’article précède, pour les mieux accentuer, tous les mots capables de le recevoir ! Comme elle contient bien toutes les vérités essentielles du Christianisme ! Le caractère messianique de Jésus, sa divinité, son Incarnation, un Dieu vivant et fécond, la pluralité des personnes divines : tous ces dogmes et les conséquences qu’ils renferment découlent clairement de la confession du Prince des Apôtres.
Saint Thomas d'Aquin
1834. PIERRE RÉPONDIT : «TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT.» [Pierre] répond pour lui-même et pour les autres, mais il répond plus souvent, et par là est signalée [sa] foi parfaite, car [sa] foi porte sur la nature humaine [du Christ]. TU ES LE CHRIST, c’est-à-dire l’Oint. Et il est clair que celui-ci a été oint de l’huile du Saint-Esprit. L’onction ne lui convient pas selon [sa] divinité, car elle procède de celle-ci, mais selon [son] humanité. [Pierre] dit donc cela afin que [les disciples] considèrent l’humanité du Christ autrement que les foules.

1835. On se demande pourquoi ils l’appelaient un prophète. Le prophète était oint, comme on le voit pour Élisée. Les rois étaient oints, comme on le voit pour Saül. De même en était-il des prêtres, comme on le lit dans le Lévitique. Et tout cela se rapporte au nom de Christ, car il est appelé roi, comme en Jr 23, 5 : Le roi régnera et il sera sage ; [il est aussi appelé] prêtre, Ps 109[110], 4 : Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ; [il est aussi appelé] prophète : Dieu suscitera un prophète dans ta descendance et parmi tes frères, etc., Dt 18, 15.

1836. De même, [Pierre] n’a pas confessé seulement l’humanité [du Christ], mais, pénétrant la coquille, il alla jusqu’à la divinité en disant : TU ES LE FILS DE DIEU. En effet, d’autres disaient que [le Christ] blasphémait ; ainsi en Jn 10, 33 : Nous ne te lapidons pas pour tes bonnes œuvres, mais pour ton blasphème, car, alors que tu es un homme, tu te fais Dieu. Mais [Pierre] le reconnut comme Fils de Dieu. Et il dit : [DU DIEU] VIVANT, afin d’écarter l’erreur des Gentils, qui appelaient dieux certains hommes morts, comme Jupiter, etc., comme on le lit en Sg 13, 2s. De même, certains [appelaient dieux] les éléments et d’autres choses mortes, comme la terre, le feu, etc., comme on le lit en Sg 13. Mais [Pierre] l’appelle FILS DU DIEU VIVANT. Or, il faut savoir que, lorsqu’on dit FILS DU DIEU VIVANT, et homme vivant, cela est dit de l’homme par participation à la vie ; mais, de Dieu, cela est dit parce qu’il est la source de la vie. Ps 35[36], 10 : La source de vie est en toi. Et en Jn 14, 6 : Je suis le chemin, la vérité et la vie.