Matthieu 11, 11
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui.
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui.
L’éloge monte, s’il est possible, encore plus haut. En tant que Précurseur du Christ, S. Jean
n’est pas seulement supérieur aux prophètes ; il est même, dit Jésus, le premier des hommes. - Surgi ; en grec
« été dressé ». Ce mot ne manque pas de solennité : il désigne une apparition spécialement voulue de Dieu,
pour un motif important. - Parmi les enfants des femmes est un hébraïsme qui équivaut à « parmi les
hommes » ; Cf. Job 14, 1 ; 15, 14 ; 25, 4. - Plus grand que Jean-Baptiste. Faut-il, avec Rosenmüller et
d’autres commentateurs, restreindre la comparaison aux prophètes de l’ancienne Alliance, comme si
Jésus-Christ eût simplement voulu dire : « Aucun prophète avant lui n'a été plus grand que Jean » ? Nous ne
le croyons pas : d’abord parce que, dans ce cas, la première moitié du v. 11 ne serait qu’une tautologie, Cf. v.
9 ; ensuite parce que les expressions très générales employées par Notre-Seigneur ne souffrent pas une
pareille restriction. Il n’est pas possible que les mots « parmi les enfants des femmes » soient synonymes de
« parmi les prophètes ». Toutefois, Jésus va montrer lui-même qu’il n’entendait point placer Jean-Baptiste
au-dessus de tous les hommes sans exception, et il indiquera par là dans quel sens le Précurseur est le
premier parmi les fils de la femme. - Celui qui est le plus petit... Ce passage a été compris et traduit de vingt
manières différentes. Nous nous garderons bien de mentionner, à plus forte raison de discuter toutes ces
opinions, dont la plupart sont depuis longtemps oubliées. Il suffira d’en signaler deux ou trois, et de choisir
celle que nous croirons la meilleure. - S. Jean Chrysostôme, S. Augustin, Euthymius, et, à leur suite,
Corneille de Lapierre, Jansénius, Sylveira, etc., ont eu la pensée de mettre après « le plus petit » la virgule
qui, dans nos éditions actuelles, est reculée jusqu’après « des cieux », et de désigner Jésus-Christ lui-même
par l’adjectif « le plus petit ». Ils obtiennent ainsi un sens singulier. Le plus petit des deux, c’est-à-dire Jésus,
qui actuellement est inférieur à Jean-Baptiste dans l’opinion des hommes, est en réalité le premier dans le
royaume des cieux. Il est facile de voir qu’une pareille interprétation est tout à fait contraire à l’esprit général
du discours de Notre-Seigneur, comme aussi à toutes les convenances messianiques. Si Jésus-Christ eût
établi une comparaison entre sa dignité personnelle et celle du Précurseur, il ne se serait jamais placé au
second rang, même par humilité. Les mots « qui est le plus petit » ne sauraient donc s’appliquer au Sauveur :
il faut les laisser dans leur généralité et les traduire par « le plus petit ». La clef de l’interprétation de ce
passage nous semble contenue dans l’expression dans le royaume des cieux : il importe donc de bien savoir
ce qu’elle signifie. S. Jérôme croit qu’elle désigne le ciel proprement dit, le séjour des bienheureux, ce qui
ferait dire à Notre-Seigneur que le moindre des élus l’emporte sur Jean-Baptiste. S. Jean Chrysostôme la
regarde, ce qui vaut moins encore, comme un synonyme de « dans toutes les chose spirituelles et célestes ».
Pourquoi ne pas laisser sa signification accoutumée de « royaume messianique », qui jette immédiatement
une vive clarté sur cette parole difficile ? Mais le royaume du Christ a deux phases, la phase de
consommation dans l’éternité, la phase de formation sur la terre depuis l’avènement du Messie jusqu’à la fin
du monde, et c’est de cette dernière qu’il s’agit. Cela posé, Jésus veut dire simplement que même les
membres inférieurs de son Église, en d’autres termes, que les plus petits d’entre les chrétiens l’emportent sur
S. Jean Baptiste, quelle que soit d’ailleurs la grandeur du Précurseur. C’est là une vérité facile à démontrer.
Sans doute Jean-Baptiste est le premier des hommes ; mais les chrétiens appartiennent, en tant que chrétiens,
à une race transfigurée, divinisée. Sans doute Jean-Baptiste est l’ami intime du roi ; mais il ne lui a pas été
donné de franchir l’entrée du royaume, tandis que le moindre des chrétiens a reçu cette faveur. Sans doute
Jean-Baptiste est le paranymphe, mais l’Église dont les chrétiens font partie est l’épouse même du Christ. Le
Christianisme nous a placés sur un plan beaucoup plus élevé que celui du Judaïsme : les membres du
Nouveau Testament l’emportent autant sur les membres de l’Ancien que la nouvelle Alliance elle-même
l’emporte sur l’ancienne. On peut donc appliquer ici l’axiome célèbre : « Le plus petit du plus grand est plus
grand que le plus grand du plus petit ». Concluons avec M. Van Steenkiste : « Saint Jean Baptiste n’est pas
donc pas considéré personnellement du point de vue de l’excellence de sa vie et de ses mœurs, mais ce qui
est envisagé c’est sa condition théocratique ou publique. C’est-à-dire, en tant qu’il représente l’ancienne loi,
dont il fut le dernier représentant », Comm. in h. l. Il suit de là que si, dans la première partie de ce verset,
Jean-Baptiste est appelé le plus grand des hommes, ce ne saurait être d’une manière absolue ; c’est seulement
pour ce qui concerne l’Ancien Testament, puisque Jésus le met ensuite au-dessous des sujets du royaume messianique.
1314. EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, etc. Plus haut, le Seigneur a fait l’éloge de Jean en se référant à une autorité. Maintenant, il veut en faire l’éloge par ses propres paroles, et il explique l’autorité du prophète. Et il fait trois choses. Premièrement, il en fait l’éloge par rapport à la différence qui existe entre tous les ordres et les états : en premier lieu, par rapport à la différence entre les êtres célestes et les terrestres ; en deuxième lieu, par rapport à la différence entre la loi et l’évangile ; en troisième lieu, par rapport à différence entre le temps présent et l’avenir.
1315. Premièrement, il montre que [Jean] est excellent par rapport aux êtres terrestres ; deuxièmement, il montre qu’il est inférieur aux êtres célestes, en cet endroit : LE PLUS PETIT DANS LE ROYAUME DES CIEUX EST PLUS GRAND QUE LUI [11, 11].
1316. [Le Seigneur] dit donc : «Il a été dit que Jean est un ange et, pour le résumer brièvement : JE VOUS DIS QUE, PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, IL NE S’EN EST PAS LEVÉ DE PLUS GRAND.» [Le Seigneur] a parlé correctement lorsqu’il a dit : IL NE S’EN EST PAS LEVÉ, car tous naissent fils de la colère, comme on le lit en Ep 2, 3 : Nous étions de naissance fils de la colère, comme les autres. Quiconque peut donc parvenir à l’état de grâce, se lève. Ainsi donc, PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, etc. Et [le Seigneur] parle de manière précise, de sorte que le Christ est exclu de cet ensemble, car le mot femme [mulier] laisse entendre la corruption, mais la femme [foemina] laisse entendre le sexe. Ainsi, partout où l’on trouve «fils de la femme» [mulier], comme en Jn 19, 26 : Femme, voilà ton fils, on désigne le sexe, et non la corruption.
1317. Mais que veut-il dire par : PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, IL NE S’EN EST PAS LEVÉ DE PLUS GRAND ? N’est-il pas pour cette raison plus grand que tous ? Jérôme dit qu’il est plus grand que tous. Donc, selon la première interprétation, je dis que cet argument, pour les anges chez qui il y a un ordre, signifie que celui à qui personne n’est supérieur est le plus grand ; mais, pour les hommes, il n’est pas vrai, car il n’y a pas d’ordre selon la nature, mais seulement selon la grâce. De même, si on dit qu’il est plus grand que tous les pères de l’Ancien Testament, cela est inconvenant. En effet, celui-là est plus grand et plus excellent qui est choisi pour une fonction plus grande. Or, Abraham est le plus grand parmi les pères pour ce qui est de la mise à l’épreuve de sa foi ; mais Moïse pour ce qui est de la fonction de prophétie, comme on le lit en Dt 34, 10 : Il ne s’est plus levé de prophète comme Moïse en Israël. Tous ceux-là furent des précurseurs du Seigneur ; mais aucun n’eut une telle excellence et une telle faveur [que Jean]. Celui-ci a donc été appelé à une fonction plus grande, Lc 1, 15 : Il sera grand devant le Seigneur.
1318. LE PLUS PETIT DANS LE ROYAUME DES CIEUX EST PLUS GRAND QUE LUI. À propos de ces paroles, certains ont trouvé l’occasion de calomnier. En effet, ils veulent condamner tous les pères de l’Ancien Testament, car, si [Jean] est plus grand que les autres, il en découle que les autres font partie de ceux qui doivent être sauvés, car l’Église est désignée par «royaume des cieux». Si donc Jean n’a pas fait partie de l’Église présente, il n’a pas fait partie du nombre des élus ; il fut donc plus petit qu’un autre. Et cette opinion est erronée, car il est clair que ce que dit le Seigneur est mis de l’avant pour l’éloge de Jean. Cette expression peut donc être interprétée de trois façons. Premièrement, en comprenant que «royaume des cieux» s’entend de l’ordre des bienheureux, et que celui qui est le plus petit parmi eux, est plus grand que quiconque est encore en chemin. C’est pourquoi le Seigneur appelle l’état présent enfance. Ainsi, 1 Co 13, 11 : Lorsque je suis devenu un homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. C’est la raison pour laquelle il appelle ceux qui sont en route des enfants. Et cela est vrai si l’on parle de ce qui est plus grand présentement. En effet, est plus grand en acte celui qui comprend entièrement [comprehensor]. Il en est autrement de ce qui est plus grand virtuellement, comme on dit qu’une herbe de petite dimension est plus grande virtuellement, bien qu’une autre soit plus grande par la quantité.
1319. On peut donner une autre interprétation : par «royaume des cieux», l’Église présente est désignée ; et que [Jean] soit appelé le plus petit ne s’entend pas de manière universelle, mais [du fait] qu’il est plus petit dans le temps, plus haut, [Mt] 3 et Jn 1, 15 : Celui qui vient après moi, voilà qu’il est passé devant moi. Ainsi, celui qui est plus petit est plus grand que lui. Ou bien on peut donner une autre interprétation : on dit de quelqu’un qu’il plus petit de deux façons : soit par rapport au mérite, et ainsi les patriarches sont plus grands que certains sous le Nouveau Testament, comme Augustin dit que le célibat de Jean n’est pas plus grand que le mariage d’Abraham ; soit en comparant un état à l’autre, comme les vierges sont meilleures que les gens mariés ; et cependant, ce ne sont pas toutes les vierges qui sont meilleures que tous les gens mariés. Ainsi donc, Jean a cette dignité de se trouver comme à une frontière, car il est plus grand que ceux qui sont en marche, mais plus petit que ceux qui comprennent entièrement. Il occupe donc une position intermédiaire.
1315. Premièrement, il montre que [Jean] est excellent par rapport aux êtres terrestres ; deuxièmement, il montre qu’il est inférieur aux êtres célestes, en cet endroit : LE PLUS PETIT DANS LE ROYAUME DES CIEUX EST PLUS GRAND QUE LUI [11, 11].
1316. [Le Seigneur] dit donc : «Il a été dit que Jean est un ange et, pour le résumer brièvement : JE VOUS DIS QUE, PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, IL NE S’EN EST PAS LEVÉ DE PLUS GRAND.» [Le Seigneur] a parlé correctement lorsqu’il a dit : IL NE S’EN EST PAS LEVÉ, car tous naissent fils de la colère, comme on le lit en Ep 2, 3 : Nous étions de naissance fils de la colère, comme les autres. Quiconque peut donc parvenir à l’état de grâce, se lève. Ainsi donc, PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, etc. Et [le Seigneur] parle de manière précise, de sorte que le Christ est exclu de cet ensemble, car le mot femme [mulier] laisse entendre la corruption, mais la femme [foemina] laisse entendre le sexe. Ainsi, partout où l’on trouve «fils de la femme» [mulier], comme en Jn 19, 26 : Femme, voilà ton fils, on désigne le sexe, et non la corruption.
1317. Mais que veut-il dire par : PARMI LES ENFANTS DES FEMMES, IL NE S’EN EST PAS LEVÉ DE PLUS GRAND ? N’est-il pas pour cette raison plus grand que tous ? Jérôme dit qu’il est plus grand que tous. Donc, selon la première interprétation, je dis que cet argument, pour les anges chez qui il y a un ordre, signifie que celui à qui personne n’est supérieur est le plus grand ; mais, pour les hommes, il n’est pas vrai, car il n’y a pas d’ordre selon la nature, mais seulement selon la grâce. De même, si on dit qu’il est plus grand que tous les pères de l’Ancien Testament, cela est inconvenant. En effet, celui-là est plus grand et plus excellent qui est choisi pour une fonction plus grande. Or, Abraham est le plus grand parmi les pères pour ce qui est de la mise à l’épreuve de sa foi ; mais Moïse pour ce qui est de la fonction de prophétie, comme on le lit en Dt 34, 10 : Il ne s’est plus levé de prophète comme Moïse en Israël. Tous ceux-là furent des précurseurs du Seigneur ; mais aucun n’eut une telle excellence et une telle faveur [que Jean]. Celui-ci a donc été appelé à une fonction plus grande, Lc 1, 15 : Il sera grand devant le Seigneur.
1318. LE PLUS PETIT DANS LE ROYAUME DES CIEUX EST PLUS GRAND QUE LUI. À propos de ces paroles, certains ont trouvé l’occasion de calomnier. En effet, ils veulent condamner tous les pères de l’Ancien Testament, car, si [Jean] est plus grand que les autres, il en découle que les autres font partie de ceux qui doivent être sauvés, car l’Église est désignée par «royaume des cieux». Si donc Jean n’a pas fait partie de l’Église présente, il n’a pas fait partie du nombre des élus ; il fut donc plus petit qu’un autre. Et cette opinion est erronée, car il est clair que ce que dit le Seigneur est mis de l’avant pour l’éloge de Jean. Cette expression peut donc être interprétée de trois façons. Premièrement, en comprenant que «royaume des cieux» s’entend de l’ordre des bienheureux, et que celui qui est le plus petit parmi eux, est plus grand que quiconque est encore en chemin. C’est pourquoi le Seigneur appelle l’état présent enfance. Ainsi, 1 Co 13, 11 : Lorsque je suis devenu un homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. C’est la raison pour laquelle il appelle ceux qui sont en route des enfants. Et cela est vrai si l’on parle de ce qui est plus grand présentement. En effet, est plus grand en acte celui qui comprend entièrement [comprehensor]. Il en est autrement de ce qui est plus grand virtuellement, comme on dit qu’une herbe de petite dimension est plus grande virtuellement, bien qu’une autre soit plus grande par la quantité.
1319. On peut donner une autre interprétation : par «royaume des cieux», l’Église présente est désignée ; et que [Jean] soit appelé le plus petit ne s’entend pas de manière universelle, mais [du fait] qu’il est plus petit dans le temps, plus haut, [Mt] 3 et Jn 1, 15 : Celui qui vient après moi, voilà qu’il est passé devant moi. Ainsi, celui qui est plus petit est plus grand que lui. Ou bien on peut donner une autre interprétation : on dit de quelqu’un qu’il plus petit de deux façons : soit par rapport au mérite, et ainsi les patriarches sont plus grands que certains sous le Nouveau Testament, comme Augustin dit que le célibat de Jean n’est pas plus grand que le mariage d’Abraham ; soit en comparant un état à l’autre, comme les vierges sont meilleures que les gens mariés ; et cependant, ce ne sont pas toutes les vierges qui sont meilleures que tous les gens mariés. Ainsi donc, Jean a cette dignité de se trouver comme à une frontière, car il est plus grand que ceux qui sont en marche, mais plus petit que ceux qui comprennent entièrement. Il occupe donc une position intermédiaire.
Pourquoi semble-t-il dire, faire un éloge détaillé de Jean-Baptiste : " Je vous le dis en vérité, entre ceux qui sont nés des femmes, " etc. Il dit : Entre les enfants des femmes, et non des vierges. Le mot femmes exprime dans le sens propre celles qui n'ont plus leur virginité. Si Marie est quelquefois appelée femme dans l'Évangile, il faut se rappeler que cette expression n'est employée que pour désigner son sexe, comme dans ce passage : " Femme, voici votre fils. "
Les hérétiques, en raisonnant sur ce texte, veulent en conclure que Jean-Baptiste n'appartient pas au royaume des cieux, et encore moins les prophètes de ce peuple, auxquels Jean-Baptiste est supérieur. Or, ces paroles de Notre-Seigneur peuvent s'entendre de deux manières : ou bien ce royaume des cieux, c'est celui dont nous ne sommes pas encore en possession, et dont Notre-Seigneur doit dire à la fin du monde : " Venez, les bénis de mon Père, possédez le royaume, " etc., et comme les anges sont les habitants de ce royaume, le moindre d'entre eux est plus grand que le juste, qui, sur cette terre, porte un corps sujet à la corruption. Ou bien, si par le royaume des cieux il a voulu signifier 1'Église, dont tous les justes qui ont existé depuis la naissance du genre humain sont les enfants, c'est de lui-même qu'il a voulu parler, car il était au-dessous de Jean par son âge, et il lui était supérieur par son éternité divine et par sa puissance souveraine. Dans le premier sens, il faut donc diviser ainsi la phrase : " Celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux, " et ensuite : " Est plus grand que lui ; " et dans le second sens : " Celui qui est le plus petit, " et puis : " Est plus grand que lui dans le royaume des cieux. "
Notre-Seigneur élève donc Jean-Baptiste au-dessus des hommes qui sont nés des femmes et de leur union avec l'homme ; mais non pas au-dessus de celui qui est né de la Vierge et de l'Esprit saint. D'ailleurs, en disant : " Nul d'entre les enfants des femmes n'a été plus grand que Jean-Baptiste, " il ne le place pas précisément au-dessus des patriarches, des prophètes, et des autres hommes, mais il les met simplement sur le même rang ; car de ce que les autres ne sont pas plus grands que lui, il ne s'ensuit pas qu'il soit plus grand qu'eux.
Pour nous, nous entendons tout simplement ces paroles, en ce sens, que tout homme juste qui est déjà réuni au Seigneur, est plus grand que celui qui se trouve encore au milieu des combats ; car il y a une grande différence entre celui qui a déjà reçu la couronne de la victoire, et celui qui soutient encore sur le champ de bataille tous les efforts de ses ennemis.
Notre-Seigneur ne se contente pas de faire l'éloge de Jean-Baptiste, en rappelant le témoignage que lui rend le prophète, il fait connaître la haute opinion qu'il a personnellement de lui en disant : " Je vous le dis en vérité, il n'y en a point eu de plus grand, " etc.
Mais de peur que cette surabondance de louanges n'entraînât quelque inconvénient pour les Juifs, qui avaient de Jean-Baptiste une plus haute estime que de Jésus-Christ, le Sauveur prévient toute impression fâcheuse en ajoutant : " Mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. "
Mais comme la justice est si élevée, qu'il n'y a que Dieu seul qui puisse en atteindre la perfection, je pense que les saints, aux yeux si pénétrants du souverain juge, sont dans un degré plus ou moins élevé les uns que les autres, et nous devons en conclure que celui au-dessus duquel il n'y en a point de plus grand est lui-même plus grand que tous les autres.
Dans le royaume des cieux, " c'est-à-dire dans toutes les choses spirituelles et célestes. Il en est qui pensent que Jésus-Christ a voulu parler ici de ses Apôtres.
Jean Baptiste appela deux de ses disciples et les envoya demander au Seigneur: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? Il n'est pas simple de comprendre ces simples paroles, ou bien elles contredisent ce qui précède. Comment, en effet, Jean ignore-t-il maintenant celui que plus haut il a reconnu par révélation de Dieu le Père? Comment a-t-il reconnu alors celui qu'il ignorait jusque-là, et ignore-t-il maintenant celui qu'il connaissait naguère? Je ne le connaissais pas, dit-il, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: C'est celui sur lequel tu verras l'Esprit Saint descendre du ciel (Jn 1,33). Et Jean Baptiste crut à cette parole, il reconnut celui qui lui fut montré, il l'a adoré après l'avoir baptisé, et il a prophétisé son avènement. Enfin, dit-il, j'ai vu et je rends ce témoignage: C'est lui le Fils de Dieu (Jn 1,34).
Puisque l'intelligence immédiate de ces paroles présente un sens contradictoire, cherchons leur signification spirituelle. Jean, nous l'avons dit précédemment, représente la Loi qui annonçait le Christ. Or il est exact que la Loi, retenue matériellement captive dans les coeurs rebelles comme dans des prisons obscures, enfermée dans des cachots pourvoyeurs de supplices, derrière des barreaux d'inconscience, ne pourrait pousser jusqu'au bout le témoignage en faveur de l'économie divine de notre salut sans la garantie de l'Évangile.
Jean envoie donc ses disciples au Christ, pour qu'ils obtiennent un supplément d'information, parce que le Christ est la plénitude de la Loi.
Enfin le Seigneur, sachant que sans l'Évangile personne ne peut avoir une foi plénière - car si la foi commence par l'Ancien Testament, c'est dans le Nouveau qu'elle s'accomplit - n'éclaire pas les questions qu'on lui pose sur lui-même par des paroles, mais par des faits. Allez, dit-il, rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les sourds entendent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres (Lc 7,22).
Pourtant ce ne sont encore là que des exemples mineurs du témoignage apporté par le Christ. Ce qui fonde la plénitude de la foi, c'est la croix du Seigneur, sa mort, son ensevelissement. Et c'est pourquoi, après la réponse que nous avons citée, il dit encore: Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi (Lc 7,23)! En effet, la croix pourrait provoquer la chute des élus eux-mêmes, mais il n'y a pas de témoignage plus grand d'une personne divine, il n'y a rien qui paraisse davantage dépasser les forces humaines que cette offrande d'un seul pour tous: par cela seul, le Seigneur se révèle pleinement. Et enfin c'est ainsi que Jean l'a désigné: Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde (Jn 1,29). Ces paroles ne s'adressent pas seulement à ces deux hommes, les disciples de Jean, mais à nous tous, afin que nous croyions au Christ, si les événements confirment cette annonce.
Puisque l'intelligence immédiate de ces paroles présente un sens contradictoire, cherchons leur signification spirituelle. Jean, nous l'avons dit précédemment, représente la Loi qui annonçait le Christ. Or il est exact que la Loi, retenue matériellement captive dans les coeurs rebelles comme dans des prisons obscures, enfermée dans des cachots pourvoyeurs de supplices, derrière des barreaux d'inconscience, ne pourrait pousser jusqu'au bout le témoignage en faveur de l'économie divine de notre salut sans la garantie de l'Évangile.
Jean envoie donc ses disciples au Christ, pour qu'ils obtiennent un supplément d'information, parce que le Christ est la plénitude de la Loi.
Enfin le Seigneur, sachant que sans l'Évangile personne ne peut avoir une foi plénière - car si la foi commence par l'Ancien Testament, c'est dans le Nouveau qu'elle s'accomplit - n'éclaire pas les questions qu'on lui pose sur lui-même par des paroles, mais par des faits. Allez, dit-il, rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les sourds entendent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres (Lc 7,22).
Pourtant ce ne sont encore là que des exemples mineurs du témoignage apporté par le Christ. Ce qui fonde la plénitude de la foi, c'est la croix du Seigneur, sa mort, son ensevelissement. Et c'est pourquoi, après la réponse que nous avons citée, il dit encore: Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi (Lc 7,23)! En effet, la croix pourrait provoquer la chute des élus eux-mêmes, mais il n'y a pas de témoignage plus grand d'une personne divine, il n'y a rien qui paraisse davantage dépasser les forces humaines que cette offrande d'un seul pour tous: par cela seul, le Seigneur se révèle pleinement. Et enfin c'est ainsi que Jean l'a désigné: Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde (Jn 1,29). Ces paroles ne s'adressent pas seulement à ces deux hommes, les disciples de Jean, mais à nous tous, afin que nous croyions au Christ, si les événements confirment cette annonce.