Matthieu 1, 12
Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel,
Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel,
Après la déportation ; c’est-à-dire, non point après qu’elle eût cessé, mais
quand elle fut complète, quand tous les captifs eurent été conduits en Chaldée. Nous dirions plus clairement
en français : pendant l’exil. – Zorobabel. Tandis qu’Esdras, v.2. et Aggée, son contemporain, 1, 1. 12, 14 : 2,
3, le nomment fils de Salathiel comme S. Matthieu, les tables généalogiques des Paralipomènes le font naître
de Phadaïa, Cf. 1 Par. 3, 17 ; Salathiel serait donc seulement son grand-père.
75. Ici est présenté le troisième groupe de quatorze de la généalogie du Christ, qui se déroule selon les personnes privées. À propos de ce Jéchonias, comme on l’a dit plus haut, deux opinions ont été exprimées. En effet, Jérôme et Ambroise veulent que le second ait été celui qui est présenté à la fin du deuxième groupe de quatorze et ait été appelé Joakim, l’autre, celui qui est appelé Joachim. Mais, pour Augustin, [on verra] ce qui a été dit plus haut. En effet, cette déportation des fils d’Israël signifie le passage de la foi aux Gentils, Ac 13, 46 : Il fallait que la parole de Dieu fût d’abord adressée à vous. Dans cette déportation, les Juifs se reflètent d’une certaine manière dans les Gentils. De sorte qu’apparaît une sorte d’angle. Et c’est pourquoi ce Jéchonias signifie le Christ, qui est devenu la pierre d’angle [Ep 2, 20 ; 1 P 2, 6], en unissant en lui-même les deux peuples, les Juifs et les Gentils, Ps 117[118], 22 : La pierre que les constructeurs avaient écartée est devenue la pierre d’angle.
76. Mais ici on se pose une question. En Jr 22, 30, il est dit : Écris que cet homme est un homme stérile, qui ne se multipliera pas au cours de sa vie ; en effet, personne parmi sa descendance ne siégera sur le trône de David. Comment donc peut-on dire que le Christ est issu de David par l’intermédiaire de Sédécias, puisque Isaïe a écrit au sujet du Christ, Is 9, 2 : Il s’assoira sur le trône de David et régnera sur son royaume ? Selon Ambroise, il faut dire que lorsqu’on dit que le Christ s’assoit sur le trône, il faut l’entendre d’un royaume spirituel, et non pas corporel, sinon dans la mesure où le royaume corporel de David signifie le [royaume] spirituel.
77. SALATHIEL ENGENDRA ZOROBABEL. À l’encontre de [cette affirmation], on dit en 1 Ch 3, 17 que les fils de Jéchonias furent Asir, Salathiel, Melchiram et Phadaia. Or, Phadaia eut comme fils Zarobabel et Semel ; par la suite, il n’y est fait aucune mention d’Abioud [Mt 1, 13]. Il semble donc que l’évangéliste dit à tort que Salathiel engendra Zarobabel, et que Zorobabel engendra Abioud. À cela, la Glose apporte une triple réponse. Une réponse est que, dans le livre des Chroniques, beaucoup de passages ont été corrompus en raison de la défaillance des scribes, principalement lorsqu’il s’agit des nombres et des noms. De sorte que l’Apôtre interdit de trop s’arrêter à ces générations corrompues, qui soulèvent davantage de questions qu’elles ne sont utiles, 1 Tm 1, 4. Une autre réponse est que Salathiel a porté deux noms : en effet, il était appelé Salathiel et Caphadra. C’est pourquoi le livre des Chroniques dit que Zorobabel est le fils de Capha, alors que l’évangéliste dit qu’il était le fils de Salathiel [Lc 3, 27]. Il n’y a donc pas d’opposition. Une troisième réponse, et la plus vraie, est que Salathiel et Caphadra étaient des frères, comme le dit le livre des Chroniques. Or, Caphadra engendra un fils à qui il donna le même nom, à savoir, Zorobabel, et celui-ci engendra Abioud. Il faut dire aussi que le livre des Chroniques raconte la généalogie de Capha lui-même, et l’évangéliste, la génération de Salathiel, parce que de lui devait naître le Christ.
78. Or, il faut noter que, de ceux qui vécurent depuis Abioud jusqu’à Joseph [Mt 1, 13 16], aucune mention n’est faite dans la Sainte Écriture, mais qu’ils ont été tirés des annales des Hébreux, qu’Hérode a fait brûler pour une grande part afin de cacher la bassesse de sa naissance.
79. Le sens de la lettre est clair. Recherchons le sens mystique. À noter donc que, dans cette partie de la généalogie, sont présentés trois ordres. Le premier est l’ordre des docteurs, et il comporte quatre générations. En effet, avant la prière, une préparation est nécessaire, selon Si 18, 23 : Avant de prier, prépare ton âme. C’est pourquoi de Jéchonias, qui veut dire «préparation du Seigneur», est issu Salathiel, qui veut dire «ma demande» ; et ils désignent le Christ, qui a en tout été écouté en raison de sa piété, He 5, 7. Or, la prière doit précéder l’enseignement, selon Ep 6, 19 : Priez afin qu’il me soit donné d’ouvrir la bouche pour parler ; et ainsi, Salathiel suit Zorobabel, qui veut dire «maître de Babel», c’est-à-dire de la confusion. Car, par l’enseignement et la prédication des apôtres, les nations ont été rappelées au vrai Dieu, et cela, pour la confusion de l’idolâtrie. Et cela convient principalement au Christ, qui dit : Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, Jn 13, 13. Or, par l’enseignement et la prédication, l’homme acquiert la dignité de père. C’est ainsi que [les prédicateurs] sont appelés les pères de ceux qu’ils instruisent spirituellement, 1 Co 4, 15 : Auriez-vous en effet des milliers de pédagogues dans le Christ, vous n’auriez pas plusieurs pères : en effet, c’est par l’évangile que nous sommes fils dans le Christ Jésus. Et c’est ainsi que suit : ZOROBABEL ENGENDRA ABIOUD, qui veut dire «celui-ci est mon père» ; et cela convient au Christ, Ps 88[89], 27 : Celui-ci m’invoquera : «Tu es mon père.»
76. Mais ici on se pose une question. En Jr 22, 30, il est dit : Écris que cet homme est un homme stérile, qui ne se multipliera pas au cours de sa vie ; en effet, personne parmi sa descendance ne siégera sur le trône de David. Comment donc peut-on dire que le Christ est issu de David par l’intermédiaire de Sédécias, puisque Isaïe a écrit au sujet du Christ, Is 9, 2 : Il s’assoira sur le trône de David et régnera sur son royaume ? Selon Ambroise, il faut dire que lorsqu’on dit que le Christ s’assoit sur le trône, il faut l’entendre d’un royaume spirituel, et non pas corporel, sinon dans la mesure où le royaume corporel de David signifie le [royaume] spirituel.
77. SALATHIEL ENGENDRA ZOROBABEL. À l’encontre de [cette affirmation], on dit en 1 Ch 3, 17 que les fils de Jéchonias furent Asir, Salathiel, Melchiram et Phadaia. Or, Phadaia eut comme fils Zarobabel et Semel ; par la suite, il n’y est fait aucune mention d’Abioud [Mt 1, 13]. Il semble donc que l’évangéliste dit à tort que Salathiel engendra Zarobabel, et que Zorobabel engendra Abioud. À cela, la Glose apporte une triple réponse. Une réponse est que, dans le livre des Chroniques, beaucoup de passages ont été corrompus en raison de la défaillance des scribes, principalement lorsqu’il s’agit des nombres et des noms. De sorte que l’Apôtre interdit de trop s’arrêter à ces générations corrompues, qui soulèvent davantage de questions qu’elles ne sont utiles, 1 Tm 1, 4. Une autre réponse est que Salathiel a porté deux noms : en effet, il était appelé Salathiel et Caphadra. C’est pourquoi le livre des Chroniques dit que Zorobabel est le fils de Capha, alors que l’évangéliste dit qu’il était le fils de Salathiel [Lc 3, 27]. Il n’y a donc pas d’opposition. Une troisième réponse, et la plus vraie, est que Salathiel et Caphadra étaient des frères, comme le dit le livre des Chroniques. Or, Caphadra engendra un fils à qui il donna le même nom, à savoir, Zorobabel, et celui-ci engendra Abioud. Il faut dire aussi que le livre des Chroniques raconte la généalogie de Capha lui-même, et l’évangéliste, la génération de Salathiel, parce que de lui devait naître le Christ.
78. Or, il faut noter que, de ceux qui vécurent depuis Abioud jusqu’à Joseph [Mt 1, 13 16], aucune mention n’est faite dans la Sainte Écriture, mais qu’ils ont été tirés des annales des Hébreux, qu’Hérode a fait brûler pour une grande part afin de cacher la bassesse de sa naissance.
79. Le sens de la lettre est clair. Recherchons le sens mystique. À noter donc que, dans cette partie de la généalogie, sont présentés trois ordres. Le premier est l’ordre des docteurs, et il comporte quatre générations. En effet, avant la prière, une préparation est nécessaire, selon Si 18, 23 : Avant de prier, prépare ton âme. C’est pourquoi de Jéchonias, qui veut dire «préparation du Seigneur», est issu Salathiel, qui veut dire «ma demande» ; et ils désignent le Christ, qui a en tout été écouté en raison de sa piété, He 5, 7. Or, la prière doit précéder l’enseignement, selon Ep 6, 19 : Priez afin qu’il me soit donné d’ouvrir la bouche pour parler ; et ainsi, Salathiel suit Zorobabel, qui veut dire «maître de Babel», c’est-à-dire de la confusion. Car, par l’enseignement et la prédication des apôtres, les nations ont été rappelées au vrai Dieu, et cela, pour la confusion de l’idolâtrie. Et cela convient principalement au Christ, qui dit : Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, Jn 13, 13. Or, par l’enseignement et la prédication, l’homme acquiert la dignité de père. C’est ainsi que [les prédicateurs] sont appelés les pères de ceux qu’ils instruisent spirituellement, 1 Co 4, 15 : Auriez-vous en effet des milliers de pédagogues dans le Christ, vous n’auriez pas plusieurs pères : en effet, c’est par l’évangile que nous sommes fils dans le Christ Jésus. Et c’est ainsi que suit : ZOROBABEL ENGENDRA ABIOUD, qui veut dire «celui-ci est mon père» ; et cela convient au Christ, Ps 88[89], 27 : Celui-ci m’invoquera : «Tu es mon père.»
La Glose
L'Évangéliste paraît ici en contradiction avec la généalogie qui se trouve au livre des Paralipomènes ; nous y voyons, en effet, que Jéchonias engendra Salathiel et Phadaia ; Phadaia, Zorobabel ; et Zorobabel, Mosolla, Ananie et Salomith leur soeur. Mais nous savons que le texte des Paralipomènes a été fréquemment altéré par la négligence des copistes, et qu'il est pour les généalogies le sujet de difficultés sans fin que l'Apôtre nous ordonne d'éviter. On pourrait peut-être dire que Salathiel et Phadala sont une même personne sous un double nom, ou que ce sont deux frères dont les fils ont porté le même nom, ou l'historien sacré n'aurait suivi que la ligne de Zorobabel, fils de Phadaia, laissant de côté celle de Zorobabel, fils de Salathiel. D'Abias jusqu'à Joseph, on ne trouve aucun document historique dans les Paralipomènes ; mais il existait chez les Juifs d'autres annales, appelées les paroles des jours, et dont Hérode, roi de race étrangère, fit brûler, à ce que l'on dit, une grande partie pour détruire les traces de la race royale. C'est dans ces annales que Joseph aurait peut-être trouvé les noms de ses ancêtres, si d'ailleurs il ne les avait pas conservés d'une autre manière, et c'est d'après ces renseignements que l'Évangéliste aurait dressé la suite de cette généalogie. Remarquons que des deux Jéchonias le premier signifie la résurrection du Seigneur, le second la préparation du Seigneur, et que l'une et l'autre signification conviennent au Seigneur Jésus-Christ, qui a dit : " Je suis la résurrection et la vie. " (Jn 11) Et encore : " Je vais vous préparer une place. " (Jn14) Le nom de Salathiel, ou ma demande est Dieu, convient aussi au Christ qui a dit : " Père saint, conservez ceux que vous m'avez donnés. " (Jn 17)
Mais voyons ce que signifient au sens moral les noms des ancêtres du Seigneur. Après Jéchonias, qui veut dire préparation du seigneur, vient Salathiel, ou Dieu est ma demande, car celui qui est déjà préparé par l'Esprit saint ne demande rien que le Seigneur. Il devient encore Zorobabel ou le maître de Babylone, c'est-à-dire des frontières des hommes auquel il fait connaître que Dieu est Père. Alors ce peuple sort du tombeau de ses vices ; ce que veut dire le mot Eliachim ou résurrection, et il ressuscite pour se livrer aux bonnes oeuvres intérieures, ce que signifie Azor. Il devient Sadoc ou juste, et alors la charité fraternelle lui fait tenir ce langage : Il est mon frère, selon la signification du mot Achim, et l'amour de Dieu lui inspire ces paroles " Mon Dieu, " ou Eliud. Il devient ensuite Eléazar, ou Dieu est mon aide, parce qu'il reconnaît que Dieu est son secours. Le mot Mathan, qui signifie celui qui donne ou qui est donné,indique le but qu'il se propose, c'est-à-dire qu'il attend les dons de Dieu et qu'il combat contre les vices à la fin de sa vie comme il l'a fait au commencement, ce que signifie le nom de Jacob, et on arrive ainsi à Joseph, c'est-à-dire à l'accroissement des vertus.
C'est de lui que Jérémie a dit : " Écrivez la déchéance de cet homme, car il ne sortira personne de sa race pour s'asseoir sur le trône de David (Jr 22, 30). Mais comment le Prophète peut-il dire qu'aucun descendant de Jéchonias ne doit régner, car si le Christ a régné et qu'il descende d'ailleurs de Jéchonias, le Prophète s'est évidemment trompé. Nous répondons que le Prophète ne dit pas que Jéchonias n'aura pas de descendant, le Christ a donc pu naître de son sang, et on ne peut opposer à l'oracle du Prophète la royauté de Jésus-Christ, car cette royauté n'a pas été une royauté temporelle, comme Jésus-Christ l'atteste lui-même : " Mon royaume n'est pas de ce monde. "(Jn 19)
Après la transmigration, l'Évangéliste place Jéchonias parmi les personnes privées, comme n'étant lui-même qu'un simple particulier.