Marc 15, 21
et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
Saint Marc nomme ses deux fils, probablement parce qu’ils devinrent chrétiens. Rufus est sans doute celui que saint Paul nomme, voir Romains, 16, 13, parmi ceux à qui il envoie ses salutations.
Et ils contraignirent…
Voir, sur ce mot, l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 5, 41, et Beelen [551]. Il a ici la signification générale
de réquisitionner. — Simon de Cyrène. Ce surnom de Cyrénéen indique-t-il que Simon habitait la
Cyrénaïque, et qu’il ne se trouvait en ce moment à Jérusalem qu’à l’occasion de la Pâque ? ou bien
signifie-t-il que le porte-croix de Jésus était simplement originaire de cette province, et que son domicile actuel était depuis un certain temps fixé dans la capitale juive ? Le détail qui suit, revenant des champs,
commun à S. Marc et à S. Luc, rend la seconde opinion très vraisemblable. En effet, il paraît supposer ou que
Simon possédait aux environs de Jérusalem une propriété de laquelle il revenait en ce moment, ou, d’après le
sens plus ordinaire du mot ἀγρος (champ), qu’il avait sa résidence accoutumée à la campagne, à quelque
distance de la ville. Le vague un certain montre qu’il n’était pas connu des lecteurs de S. Marc ; mais, d’un
autre côté, les mots père d’Alexandre et de Rufus, propres à notre Évangéliste, annoncent que les deux fils du
Cyrénéen étaient non seulement des chrétiens, mais des chrétiens célèbres dans l’Église de Rome, pour
laquelle était spécialement composé le second Évangile. Il est même probable qu’Alexandre et Rufus étaient
eux-mêmes alors, ou du moins avaient été autrefois domiciliés à Rome ; car parmi les salutations
personnelles qui terminent l’Épître de saint Paul aux Romains, nous trouvons la suivante, Rm. 16, 13 :
« Saluez Rufus, choisi par le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne ». Or, on admet communément que
le Rufus de saint Paul et celui de S. Marc sont identiques. Cette opinion se rencontre déjà dans l’écrit
apocryphe intitulé « Actes d’André et de Pierre ». Rien ne prouve au contraire qu’il faille confondre l’autre
fils de Simon avec le personnage du même nom mentionné d’une manière peu honorable en divers endroits
du Nouveau Testament. Cf. Ac 19, 33 ; 1Ti 1, 20 ; 2Ti 4, 14. Détail curieux : de ces trois noms que nous
trouvons dans une famille juive contemporaine de Notre-Seigneur, le premier seul (Simon) était juif. Le
second (Alexandre) était grec, le troisième (Rufus) était latin. Ce simple fait suffit pour montrer jusqu’à quel
point le Judaïsme tendait à se désagréger, pour devenir cosmopolite. — Porter la croix de Jésus. « Tout vice,
écrit Plutarque, porte son propre tourment, de même que tout criminel porte sa propre croix » [552]. Cf.
Artemidorus [553]. Aussi Notre-Seigneur porta-t-il lui-même pendant un certain temps sa croix sur ses
épaules. Si les soldats l’en déchargèrent avant la fin du pénible trajet, ce fut assurément parce que, épuisé de
fatigue et de douleur, il n’avait plus la force de traîner son pesant fardeau. C’est pour cela qu’au moment où
le convoi sortait de la ville (Cf. Matth. 27, 32) par la « Porte judiciaire » de la tradition, les bourreaux,
rencontrant Simon le Cyrénéen, l’obligèrent de porter la croix à la place de Jésus. Du reste, le but principal
était atteint, puisque le divin condamné avait eu l’humiliation de traverser, avec l’instrument de son supplice
sur le dos, les rues alors si populeuses de Jérusalem, et de recevoir mille outrages.