Marc 15, 20

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,
Louis-Claude Fillion
Quoique déjà rassasié d’opprobres, comme l’avait prédit Isaïe, Jésus n’a pas encore vidé la coupe jusqu’à la lie. Il lui faut encore gravir péniblement le Calvaire et y subir par amour pour nous une mort cruelle. C’est pourquoi ils l’emmenèrent pour le crucifier, afin que s’accomplit encore la prédiction du Sauveur : « ils le feront mourir », Marc 10, 34. Ils le font sortir d’abord du prétoire, puis de la ville ; car, chez les anciens, les exécutions avaient lieu en dehors de l’enceinte des cités. Cf. Matth. 27, 32 et l’explication. C’est aussi en vertu d’une coutume soit romaine, soit orientale, que nous voyons le supplice suivre d’aussi près la sentence.
Saint Théophylacte d'Ohrid
La misérable vanité des soldats qui mettent leur joie dans les opprobres sans mesure dont ils chargent le Sauveur, fait voir ici tout ce dont elle est capable: «Alors les soldats, l'ayant amené dans la salle du prétoire, le revêtirent d'un manteau d'écarlate», etc.

Revêtons-nous nous-mêmes de cette pourpre royale, car nous devons marcher comme des rois, foulant aux pieds les serpents et les scorpions ( Lc 10, 19), et triomphant du péché. Car nous sommes appelés chrétiens, c'est-à-dire consacrés par l'onction, comme les rois qui portaient ce même nom. Prenons donc la couronne d'épines, c'est-à-dire hâtons-nous de nous couronner de mortification, d'abstinence, de pureté.
Saint Bède le Vénérable
Gomme on l'avait appelé roi des Juifs, et que les scribes et les princes des prêtres lui avaient fait un crime d'avoir voulu s'emparer du pouvoir sur le peuple d'Israël, les soldats font de cette ambition prétendue l'objet de leurs dérisions, ils le dépouillent de ses vêtements ordinaires pour le revêtir de la pourpre, vêtement distinctif des anciens rois.

Ou bien cette pourpre dont le Seigneur est revêtu, c'est sa chair qu'il a exposée aux souffrances, et la couronne d'épines qu'il porte sur sa tête, nos péchés qu'il a pris sur lui.

Pour diadème, ils lui placent sur la tête une couronne d'épines. «Et ils lui mirent sur la tête une couronne d'épines entrelacées», etc. Pour sceptre royal, ils lui donnent un roseau, suivant le récit de saint Matthieu, et ils se prosternent devant lui comme devant leur roi: «Et ils commencèrent à le saluer», etc. Ils ne lui rendaient ces honneurs que pour se moquer de lui, parce qu'il avait voulu faussement se faire passer pour Dieu; comme le prouvent les paroles suivantes: «Ils lui frappaient la tête avec un roseau».

Ceux-là frappent la tête de Jésus-Christ qui nient qu'il soit le vrai Dieu. Et comme c'est avec un roseau qu'on transcrit ordinairement la sainte Ecriture; frapper avec un roseau la tête de Jésus-Christ, c'est nier la divinité de Jésus-Christ en s'efforçant d'appuyer son erreur sur l'autorité des saintes Lettres. On crache à la face du Sauveur lorsqu'on rejette la présence de sa grâce par des paroles d'imprécation. Il en est encore aujourd'hui qui adorent Jésus-Christ comme le vrai Dieu dans les sentiments d'une foi certaine, mais qui, par leur vie criminelle, méprisent ses paroles comme dépourvues de vérité, et préfèrent à ses promesses les charmes séducteurs de cette vie. Remarquons d'ailleurs que les soldats agissent ici sans savoir ce qu'ils font, comme Caïphe qui avait prononcé ces paroles, sans en comprendre le sens. «Il faut qu'un homme meure pour le peuple» ( Jn 11).
Saint Augustin
Il n'y a aucune contradiction entre saint Matthieu, d'après lequel: «Ils le revêtirent d'un manteau d'écarlate», et saint Marc qui rapporte qu'ils le revêtirent de pourpre». Les soldats lui jetèrent sur les épaules ce manteau d'écarlate comme une pourpre dérisoire; et d'ailleurs il est une espèce de pourpre fort semblable à l'écarlate. On peut encore dire que saint Marc parle de pourpre, parce que ce manteau d'écarlate avait une garniture de pourpre (cf. Mt 27,28 ).

Il paraît certain que saint Matthieu et saint Marc rapportent ces faits par récapitulation, et non pas comme s'étant passé, lorsque Pilate livra Jésus aux Juifs pour être crucifié, car d'après saint Jean, ils eurent lieu dans la demeure même de Pilate. Quant à cette dernière circonstance: «Et après s'être ainsi joués de lui», etc., il faut la rapporter au moment où ils emmenaient Jésus pour être crucifié.
Saint Jérôme
Ce sont les opprobres du Sauveur qui nous ont délivrés de nos opprobres; ses liens ont brisé nos chaînes; la couronne d'épines qui a ceint son front, nous a mérité le diadème du royaume ( Is 53, 3), et nous avons été guéris par ses blessures.

Dans le sens mystique, Jésus est dépouillé de ses vêtements, c'est-à-dire des Juifs; il est revêtu de pourpre, c'est-à-dire de l'Eglise formée des Gentils, qu'il a comme recueillie sur les rochers de la mer. Il se dépouille de cette Eglise à la fin du monde à cause de ses scandales, et il se revêt de nouveau du peuple juif; car «lorsque la plénitude des nations sera entrée, tout Israël sera sauvé». ( Rm 11)