Marc 13, 14

Lorsque vous verrez l’Abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être – que le lecteur comprenne ! – alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ;

Lorsque vous verrez l’Abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être – que le lecteur comprenne ! – alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ;
Louis-Claude Fillion
Sur les mots abomination de la désolation, voyez l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 24, 15. Dans le texte grec, ils sont précédés de l’article, ce qui parait supposer que Notre-Seigneur parlait d’une chose connue et attendue en Palestine. Et en effet, aucun Juif n’ignorait la prophétie de Daniel. « Abomination de la désolation » était donc un terme technique pour désigner d’affreux malheurs qui devaient fondre sur la ville sainte et plus spécialement sur le lieu saint. Le terme grec traduit par désolation provient du verbe « provoquer le dégoût » (surtout par une mauvaise odeur) et n’apparaît que six fois dans les écrits du Nouveau Testament : ici, dans le passage parallèle de Matth. 24, 45 ; Luc 16, 4, 5 ; Ap 17, 4, 5 ; 21, 27. Les Septante appliquent ce substantif aux idoles et à tout ce qui se rattache au culte païen. Cf. 1R 11, 5, 33 ; 2R 16, 3 ; 21, 2, etc. — Immédiatement après cette locution obscure, on lit dans la Recepta : « dont a parlé le prophète Daniel ». Mais c’est là probablement une glose apocryphe, ou du moins empruntée à la rédaction de S. Matthieu. — Établie là où il ne faut pas. C’est-à-dire, d’après S. Matthieu, « dans le lieu saint », dans le temple, que son caractère sacré devrait préserver de toute profanation. — Que celui qui lit comprenne. Avertissement pressant, glissé selon toute vraisemblance par l’Évangéliste au milieu des paroles de Notre-Seigneur [496]. — Alors : immédiatement après l’apparition de l’affreux malheur prédit par Daniel, il faudra fuir sans hésiter. — Que tous ceux qui sont dans la Judée s’enfuient... De toutes les provinces juives, c’est la Judée qui eut le plus à souffrir, soit de la part des Romains, soit de la part des Zélotes, durant l’horrible guerre qui se termine par la ruine de l’État juif. De là cet avis spécial à l’adresse des chrétiens qui y avaient établi leur résidence.