Luc 9, 60

Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »

Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Louis-Claude Fillion
Second cas (voyez l'Évangile selon S. Matth., p. 162 et s.). C'est, après le disciple enthousiaste et précipité, le disciple temporisant et trop circonspect. Le premier s'était offert de lui-même à Jésus ; celui-ci a l'honneur d'être directement appelé par Notre-Seigneur : Suis-moi (trait propre à S. Luc). Il y consent moyennant une réserve qui semble de prime abord tout à fait légitime : Permettez-moi d'abord… Il venait d'apprendre la mort de son père : que Jésus lui permette d'aller l'ensevelir ! Bientôt, dans quelques jours au plus, il sera à son poste de disciple pour ne plus le quitter. - Le Sauveur n'accorde pas ce délai. Non ! Maintenant ou jamais. Quiconque aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi (Matth. 10, 37). S Augustin, Serm. 62, 2, a très bien commenté le refus de Jésus et le jeu de mots à l'aide duquel il est exprimé : « Le futur disciple voulait faire une bonne œuvre ; mais le Maître lui montra ce qu'il y devait préférer; car il prétendait faire de lui un prédicateur de la parole de vie pour ressusciter les morts; et il ne manquait pas d'hommes pour accomplir cet autre devoir. Laisse donc, lui dit-il, les morts ensevelir leurs morts. Quand des infidèles ensevelissent un cadavre, ce sont des morts qui ensevelissent un mort. Ce cadavre a perdu son âme et l'âme des autres a perdu son Dieu ». Ainsi raisonnait d'ailleurs la loi juive, qui interdisait parfois aux particuliers de rendre les devoirs funèbres à leurs proches. Cfr. Lev. 21, 10-12 ; Num. 6, 6-7 ; 19, 11-14. - Pour toi… S. Matthieu n'avait pas mentionné cette injonction formelle de Notre-Seigneur, qui dut trancher la question d'une manière définitive.