Luc 7, 39

En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »

En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Louis-Claude Fillion
Frappant contraste psychologique. Nous disions plus haut que ce Pharisien semble n'avoir pas eu alors d'opinion bien arrêtée au sujet de Jésus. Sa foi naissante, supposé qu'elle existât, fut soumise en ce moment à une rude épreuve. Il avait assisté à la scène précédente avec la plus profonde stupéfaction. Sa réflexion prouve qu'il n'avait absolument rien compris à un spectacle dont les anges du ciel avaient été ravis. Il discute le cas en vrai disciple de ces Pharisiens pour lesquels la question du pur et de l'impur tout extérieurs, primait toutes les autres. - La femme qui le touche : cette expression technique ne pouvait manquer d'apparaître ici. Après tout, à la demande « A quelle distance d'une courtisane faut-il s'éloigner ? » le pieux et docte Rabbi Chasada n'avait-il pas nettement répondu : « A quatre coudées » ? (cfr. Schoettgen, Hor. Hebr. t. 1, p. 348)). Et voilà que Jésus ne craignait pas de se laisser toucher par une femme de ce genre ! « Ah! si une semblable s'était approchée des pieds de ce Pharisien, il aurait dit sans aucun doute ce qu'Isaïe prête à ces orgueilleux: « Éloigne-toi de moi, garde-toi de me toucher, car je suis pur. » S. Augustin, Serm. 99. Simon conclut donc que Jésus ne méritait pas le titre glorieux que l'opinion publique se plaisait alors à lui décerner (cfr. 7, 16). Le raisonnement qui traversa son esprit consista dans le dilemme suivant : Ou bien Jésus ignore le vrai caractère de cette femme, et alors il ne possède pas le don de discerner les esprits qui est habituellement la marque des envoyés de Dieu ; ou bien il sait quelle est celle qui le touche, et alors il n'est pas saint, autrement il frémirait à son profane contact. Voyez Trench, l. c. Ce raisonnement avait pour base la croyance, appuyée sur divers faits bibliques (cfr. Is. 11, 3, 4 ; 3 Reg. 14, 6 ; 4 Reg. 1, 3 ; 5, 6 ; etc.) et à peu près générale chez les Juifs contemporains de Jésus (cfr. Joan. 1, 47-49 ; 2, 25 ; 4, 29, etc.; Vitringa, Observat. sacr., t. 1, p. 479 et ss.) que tout vrai prophète pouvait lire au fond des cœurs.