Luc 7, 38
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
La description est d'un pittoresque achevé. A peine entrée dans la salle du festin, la pécheresse eut bientôt
reconnu la place du Sauveur. La voilà debout à l'extrémité inférieure du divan, auprès des pieds sacrés de
Jésus, que le narrateur mentionne trois fois de suite, comme pour mieux faire ressortir l'humilité de son
héroïne. Sans doute, le dessein de celle-ci avait été de procéder immédiatement à l'onction ; mais tout à coup,
vaincue par le sentiment de son vif repentir, elle se met à fondre en larmes. « Elle répandit des larmes, le
sang du cœur », S. Aug. Toutefois, quel heureux parti elle tirera de cette circonstance même ! S'agenouillant,
elle commença par arroser de larmes ses pieds (les pieds de Jésus étaient nus, à la façon orientale) ; elle les
essuya avec les cheveux de sa tête (le temps du verbe marque la répétition de l'acte) ; elle baisait ses pieds ;
enfin, elle put accomplir l'onction pieuse qu'elle avait surtout projetée. Elle ne prononça pas une seule
parole ; mais quelle éloquence dans toute sa conduite ! Ses divers actes n'ont rien que de naturel : tout autre
cœur contrit et aimant les eût facilement inventés. D'ailleurs, on peut rapprocher de chacun d'eux des traits
analogues, empruntés aux coutumes de l'antiquité, qui les rendent plus naturels encore. « Après avoir enlevé
les sandales, on parfume les pieds », écrit Quinte-Curce (8, 9) des monarques indiens. Tite-Live, 3, 7, nous
montre, en un temps de grande détresse, les femmes « balayant les temples avec des cheveux » dans l'espoir
de calmer ainsi les dieux irrités. Toutes les marques de respect témoignées à Jésus par la pécheresse avaient
lieu quelquefois à l'égard des Rabbins célèbres. Cfr. Wetstein, h. l.