Luc 6, 20

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Catéchisme de l'Église catholique
" L’amour de l’Église pour les pauvres ... fait partie de sa tradition constante " (CA 57). Il s’inspiré de l’Evangile des béatitudes (cf. Lc 6, 20-22), de la pauvreté de Jésus (cf. Mt 8, 20) et de son attention aux pauvres (cf. Mc 12, 41-44). L’amour des pauvres est même un des motifs du devoir de travailler, afin de " pouvoir faire le bien en secourant les nécessiteux " (Ep 4, 28). Il ne s’étend pas seulement à la pauvreté matérielle, mais aussi aux nombreuses formes de pauvreté culturelle et religieuse (cf. CA 57).

" Bienheureux les pauvres en esprit " (Mt 5, 3). Les béatitudes révèlent un ordre de félicité et de grâce, de beauté et de paix. Jésus célèbre la joie des pauvres, à qui est déjà le Royaume (cf. Lc 6, 20) :
Pape Saint Jean-Paul II
Le Royaume de Dieu est destiné à tous les hommes, car tous sont appelés à en être les membres. Pour souligner cet aspect, Jésus s'est fait proche surtout de ceux qui étaient en marge de la société, leur accordant sa préférence, lorsqu'il annonçait la Bonne Nouvelle. Au début de son ministère, il proclame qu'il a été envoyé pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18). A tous les rejetés et à tous les méprisés, il déclare: « Heureux, vous les pauvres » (Lc 6, 20); de plus, il amène ces marginaux à vivre déjà une expérience de libération: il demeure avec eux, il va manger avec eux (cf. Lc 5, 30; 15, 2), il les traite comme des égaux et des amis (cf. Lc 7, 34), il leur fait sentir qu'ils sont aimés de Dieu et révèle ainsi l'immense tendresse de Dieu envers les plus démunis et les pécheurs (cf. Lc 15, 1-32).
Louis-Claude Fillion
Après avoir appuyé d'avance sur ces nombreux miracles l'autorité de sa parole, Jésus s'assoit à la façon des docteurs, Matth. 5, 1, et commence son discours. Toutefois, comme le note S. Luc (cfr. 22, 61) d'une manière non moins délicate que pittoresque, avant d'ouvrir la bouche il embrassa d'abord d'un regard plein d'amour le cercle intime des disciples rangés auprès de lui. C'est à eux en effet qu'il s'adressait plus immédiatement ; c'était par eux que ses mémorables paroles devaient être portées dans peu d'années à l'univers entier. Son auditoire mystique était donc aussi vaste que le monde. - De nos observations antérieures il résulte que, dans l'édition abrégée du discours sur la montagne, telle que nous l'offre le troisième Évangile, il n'existe pas un plan parfaitement accentué. On y découvre pourtant quelques points d'arrêt, quelques directions nouvelles données à la pensée, qui peuvent servir de divisions pour classer les préceptes de Jésus. Les Béatitudes et les malédictions qui leur correspondent, vv. 20b-26, forment une première partie que nous intitulerons avec M van Oosterzee « la salutation de l'amour », ou, avec Bleek, « la doctrine du bonheur ». Les vv. 27-38 exposent ensuite le grand précepte de la charité, qui est par excellence le commandement de la Loi nouvelle : c'est la seconde partie. Dans la troisième, vv. 39-49, introduite comme la seconde par une formule de transition, S. Luc a groupé diverses recommandations que l'on pourrait appeler « la doctrine de la sagesse », parce qu'elles fournissent à quiconque les pratiquerait fidèlement un moyen prompt et sûr de parvenir à la vraie sagesse.

« Saint Luc n’a présenté que quatre béatitudes du Seigneur; huit, saint Matthieu ». St Ambroise. C'est là un fait qui frappe tout d'abord dès que l'on compare les deux rédactions du Discours sur la montagne. Mais le docte Père avait raison d'ajouter : « Dans ces huit, les quatre sont; et dans ces quatre, les huit ». S. Luc donne vraiment « le précis, la quintessence » (D. Calmet) de l'octave des Béatitudes. Comme ce début de la charte messianique est sage et parfait ! « C’est un début qui convient parfaitement au docteur de la sagesse de nous montrer en quoi consiste la béatitude. Car tous la désirent comme la fin de toutes choses. Mais en quoi elle consiste, et par quels moyens l’obtenir, ils n’en ont pas la moindre idée, pour leur plus grand malheur ». Corn. Jansénius. Le Docteur suprême de la sagesse a soin de mettre aussitôt, comme le dit gracieusement Théophylacte, le rythme et l'harmonie dans l'âme de ses disciples au moyen des Béatitudes. Sur la forme extérieure et l'aspect paradoxal des Béatitudes, voyez l'Evang. selon S. Matthieu, pp. 101 et 102. - Bienheureux vous qui êtes pauvres… Cette Béatitude est la première dans l'exposé de S. Luc comme dans celui de S. Matthieu. Seulement, notre évangéliste a supprimé le mot « d'esprit », ce qui donne de prime abord plus de clarté à la pensée, mais qui lui enlève peut-être de sa profondeur. Toutefois, comme il s'agit évidemment ici ou des pauvres qui supportent avec courage, dans un sentiment chrétien, la privation des biens de ce monde, ou des riches qui vivent détachés de leurs richesses, la pensée est au fond la même de part et d'autre. En effet, d'après S. Luc, les Béatitudes sont adressées directement par Jésus à ses disciples (comp. les vv. 21-23 ; de même les malédictions, vv. 24-26), tandis qu'elles apparaissent dans le récit de S. Matthieu sous la forme d'aphorismes généraux. C'est précisément en cela qu'apparaît le caractère familier, en quelque sorte homilétique (édification ou enseignement par la prédication de la Parole), du discours sur la montagne tel que le relate S. Luc. Comparez encore 6, 46 et Matth. 7, 21 ; 6, 47 et Matth. 7, 24, etc. - Le Royaume de Dieu. S. Luc substitue ce nom à celui de « règne des cieux » (Matth. 5, 3), qui, énonçant une idée juive (voyez l'Evang. selon S. Matth. p. 67), eût été moins accessible à ses lecteurs de la gentilité.