Luc 3, 15

Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.

Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Louis-Claude Fillion
Comme les deux premiers synoptiques, S. Luc associe à la prédication de Jean-Baptiste le témoignage que le héraut rendit à son Maître en face de tout le peuple ; mais il en a seul noté l'occasion, ce qui n'est pas sans importance. - Le peuple supposait. Le verbe grec indique plutôt une attente anxieuse, une vive tension des esprits. Cette attente, cette tension, sont exprimées plus fortement encore par les mots « pensaient dans leurs cœurs », littéralement pesaient le pour et le contre. Ils ne durent pas tarder à se communiquer mutuellement leurs pensées, qui avaient S. Jean et sa mission pour objet. Cette réflexion de l'évangéliste nous permet d'entrevoir l'influence énorme que le Baptiste avait conquise, l'étonnante impression qu'il avait produite. « Émerveillé de tout ce qu'il voit et de tout ce qu'il entend, frappé de la sainteté manifeste du nouveau prophète, ému de sa brûlante éloquence, voilà donc le peuple qui se demande s'il ne se trouverait pas en face du Messie attendu. Un peu de science ou de réflexion le détournerait de cette conjecture, puisque le Messie doit naître de la race de David et que Jean-Baptiste n'en descend pas. L'imagination et la spontanéité populaires ne s'arrêtent pas à ce genre d'obstacle ». M. L'abbé Planus, S. Jean-Baptiste, Étude sur le Précurseur, Paris 1879, p. 180. Quelle ardente surexcitation des esprits apparaît dans la simple réflexion de S. Luc ! Mais on y voit en même temps combien S. Jean avait réussi à rendre vivante la pensée du Messie. Comp. Joan. 1, 19-28.