Luc 24, 13
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,
C’est sur cette harmonie des deux Testaments (cf. DV 14-16) que s’articule la catéchèse pascale du Seigneur (cf. Lc 24, 13-49), puis celle des Apôtres et des Pères de l’Église. Cette catéchèse dévoile ce qui demeurait caché sous la lettre de l’Ancien Testament : le mystère du Christ. Elle est appelée " typologique " parce qu’elle révèle la nouveauté du Christ à partir des " figures " (types) qui l’annonçaient dans les faits, les paroles, et les symboles de la première Alliance. Par cette relecture dans l’Esprit de Vérité à partir du Christ, les figures sont dévoilés (cf. 2 Co 3, 14-16). Ainsi, le déluge et l’arche de Noé préfiguraient le salut par le Baptême (cf. 1 P 3, 21), la Nuée et la traversée de la Mer Rouge également, et l’eau du rocher était la figure des dons spirituels du Christ (cf. 1 Co 10, 1-6) ; la manne au désert préfigurait l’Eucharistie, " le vrai Pain du Ciel " (Jn 6, 48).
Fraction du Pain parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus lorsqu’il bénissait et distribuait le pain en maître de table (cf. Mt 14, 19 ; 15, 36 ; Mc 8, 6. 19), surtout lors de la dernière Cène (cf. Mt 26, 26 ; 1 Co 11, 24). C’est à ce geste que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection (cf. Lc 24, 13-35), et c’est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques (cf. Ac 2, 42. 46 ; 20, 7. 11). Ils signifient par là que tous ceux qui mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec Lui et ne forment plus qu’un seul corps en Lui (cf. 1 Co 10, 16-17).
N’est-ce pas là le mouvement même du repas pascal de Jésus ressuscité avec ses disciples : chemin faisant, il leur expliquait les Écritures, puis, se mettant à table avec eux, " il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna " (cf. Lc 24, 13-35) ?
Deux d’entre eux ; c’est-à-dire deux d’entre les disciples auxquels les saintes femmes racontèrent (voir verset 9) ce qu’elles avaient vu au sépulcre. ― L’un des deux disciples est Cléophas nommé plus loin, verset 18 ; l’autre, suivant un certain nombre d’interprètes, aurait été saint Luc lui-même. ― Emmaüs, est probablement Nicopolis, aujourd’hui Amouâs. Selon d’autres, c’est Kolonieh ou Koubeibeh.
Et voici présage un nouvel événement extraordinaire
dans cette journée si remplie de prodiges. - Deux d'entre eux : c'est-à-dire, de la société générale des disciples
mentionnés au v. 9. Ce n'étaient certainement pas des apôtres. Cfr. v. 33. - Allaient ce même jour. D'après
l'ensemble du récit ils avaient dû quitter Jérusalem dans l'après-midi, vers deux ou trois heures, puisqu'ils
arrivèrent à Emmaüs peu avant le coucher du soleil, qui avait lieu vers 6 heures à cette époque de l'année, et
que la distance à parcourir était de trois petites lieues : soixante stades. Le stade était une mesure de longueur
qui équivalait à 185 mètres. A. Rich, Dictionn. des antiq. rom. et grecq., p. 599. D'où il résulte que 60 stades
équivalaient à un peu plus de 11 kilomètres. - Un bourg nommé Emmaüs. On a beaucoup discuté sur
l'emplacement de cette bourgade, rendue célèbre par le présent épisode. Eusèbe et S. Jérôme, Onomasticon,
s. v. Emaus, l'identifient à la ville du même nom (devenue Nicopolis au 3ème siècle, aujourd'hui Amouâs,
misérable village musulman), dont il est question au premier livre des Macchabées, 3, 40, 57, 9, 50, et dans
Josèphe, Bell. Jud. 2, 20, 4 ; et ce sentiment paraît avoir été généralement admis jusqu'au début du 14ème
siècle. Il fut alors abandonné pour la bonne raison que Nicopolis, située sur la limite N. E. de la riche plaine
de Sephéla, est distante de Jérusalem non pas de 60 stades, mais de 176 (Cfr. Jos. l. c.). De nos jours, deux
éminents géographes palestiniens, le Dr américain Robinson (Neue bibl. Forschungen in Palaestina, 1847, p.
191 et ss.) et notre compatriote, M. V. Guérin (Description géograph., historiq. et archéologiq. de la
Palestine : Judée, t. 1, p. 298 et ss), ont essayé de le faire revivre, en alléguant d'une part l'autorité assurément très vénérable de la tradition, de l'autre celles des manuscrits I, K, N, Sinait. Mais, comme le reconnaît M.
Guérin avec sa parfaite loyauté, « on peut opposer à S. Jérôme, traducteur de l'Onomasticon (d'Eusèbe), … S.
Jérôme auteur de la Vulgate… où le chiffre de 60 stades est marqué (l. c., p. 351) ; en outre, « la plupart des
manuscrits de S. Luc portent le même chiffre de 60 stades », et les critiques les plus impartiaux n'hésitent pas
à dire que telle dut être la leçon primitive. Donc « le doute est possible ». Ajoutons encore 1°
qu'Emmaüs-Nicopolis était une ville assez importante, et qu'il s'agit ici d'après le texte évangélique d'un
simple bourg ; 2° que les deux disciples, partis de Nicopolis après le coucher du soleil, auraient mis au moins
cinq ou six heures pour gagner Jérusalem à travers des chemins « montueux et difficiles », et auraient
probablement eu peu de chances de trouver les apôtres rassemblés (v. 33) ; 3° que, depuis l'époque des
croisades, le clergé et les catholiques de Palestine vénèrent au village d'El-Koubeibeh, situé au N. O. et à
environ trois lieues de Jérusalem (précisément la distance voulue), le mystère de l'apparition du divin
Ressuscité. Voyez H. Zschokke, das neutestam. Emmaus, 1865 ; Schuster, Handbuch zur bibl. Geschichte, 3è
édit., t. 2, p. 448 et s. ; Schegg, Gedenkbuch einer Pilgerreise nach dem h. Lande, t. 1, p. 482 et ss. Une
pieuse française, Madame de Nicolay, vient de restaurer très richement les « saints lieux » de Koubeibeh,
confiés à la garde des PP. Franciscains. Quelques savants contemporains (entre autres Gratz, Théâtre des
événements racontés dans les divines Écritures, t. 1, p. 536 ; Riehm, Handwoerterbuch des bibl. Altertums, p.
377, et surtout Sepp, Jerusalem u. das h. Land, p. 52 et ss.) ont formulé une troisième opinion, d’après
laquelle il faudrait chercher à Koulonieh, sur la route de Jaffa à Jérusalem, l'emplacement de notre Emmaüs :
mais l'identification qu'ils proposent n'est guère soutenable, soit parce qu'elle manque de toute base
traditionnelle, soit parce qu'il n'existe entre la ville sainte et Koulonieh qu'un intervalle insuffisant (six kilom.
et demi au lieu de 11 environ).