Luc 23, 34

Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.

Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Catéchisme de l'Église catholique
Jésus a demandé aux autorités religieuses de Jérusalem de croire en Lui à cause des œuvres de son Père qu’Il accomplit (cf. Jn 10, 36-38). Mais un tel acte de foi devait passer par une mystérieuse mort à soi-même pour une nouvelle " naissance d’en haut " (Jn 3, 7) dans l’attirance de la grâce divine (cf. Jn 6, 44). Une telle exigence de conversion face à un accomplissement si surprenant des promesses (cf. Is 53, 1) permet de comprendre la tragique méprise du Sanhédrin estimant que Jésus méritait la mort comme blasphémateur (cf. Mc 3, 6 ; Mt 26, 64-66). Ses membres agissaient ainsi à la fois par ignorance (cf. Lc 23, 34 ; Ac 3, 17-18) et par l’endurcissement (cf. Mc 3, 5 ; Rm 11, 25) de l’incrédulité (cf. Rm 11, 20).

En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à l’ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d’une foule manipulée (cf. Mc 15, 11) et les reproches globaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte (cf. Ac 2, 23. 36 ; 3, 13-14 ; 4, 10 ; 5, 30 ; 7, 52 ; 10, 39 ; 13, 27-28 ; 1 Th 2, 14-15). Jésus lui-même en pardonnant sur la croix (cf. Lc 23, 34) et Pierre à sa suite ont fait droit à " l’ignorance " (Ac 3, 17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple : " Que son sang soit sur nous et sur nos enfants " (Mt 27, 25) qui signifie une formule de ratification (cf. Ac 5, 28 ; 18, 6), étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l’espace et dans le temps :
Pape Saint Jean-Paul II
Par sa mort, Jésus éclaire le sens de la vie et de la mort de tout être humain. Avant de mourir, Jésus prie son Père, implorant le pardon pour ses persécuteurs (cf. Lc 23, 34), et, au malfaiteur qui lui demande de se souvenir de lui dans son royaume, il répond: « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Après sa mort, « les tombeaux s'ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent » (Mt 27, 52). Le salut opéré par Jésus est un don de vie et de résurrection. Au cours de son existence, Jésus avait aussi apporté le salut en guérissant, et en faisant du bien à tous (cf. Ac 10, 38). Mais les miracles, les guérisons et les résurrections elles-mêmes étaient des signes d'un autre salut, qui consiste à pardonner les péchés, c'est-à-dire à libérer l'homme de sa maladie la plus profonde et à l'élever à la vie même de Dieu.

Marie est Mère de Miséricorde également parce que c'est à elle que Jésus confie son Eglise et l'humanité entière. Au pied de la Croix, lorsqu'elle accueille Jean comme son fils, lorsqu'elle demande, avec le Christ, le pardon du Père pour ceux qui ne savent pas ce qu'ils font (cf. Lc 23, 34), Marie, en parfaite docilité à l'Esprit, fait l'expérience de la richesse et de l'universalité de l'amour de Dieu, qui dilate son cœur et la rend capable d'embrasser le genre humain tout entier. Elle devient ainsi la Mère de tous et de chacun d'entre nous, Mère qui nous obtient la Miséricorde divine.
Louis-Claude Fillion
Le premier hémistiche de ce verset (Jésus disait… ils font) manque dans les manuscrits B, D, ainsi que dans les versions copte et sahidiq. ; mais cette omission doit être purement accidentelle, car on le trouve partout ailleurs. Il est cité par S. Irénée et par les Homélies Clémentines, 10, 20. - Père, pardonnez-leur… Ces mots furent sans doute prononcés au moment où les clous pénétraient dans la chair sacrée de Jésus. Sous la pression de la douleur la douce Victime rompit de nouveau son majestueux silence, non pour se plaindre, mais pour pardonner à ses bourreaux. « Ce fut la première des paroles de Jésus pendant son agonie. L'humanité les a comptées. Il y en a sept, marquées au coin d'une élévation, d'une force, d'une tendresse, d'une douceur infinies. Ces sept paroles terminent la vie de Jésus comme les huit Béatitudes l'avaient ouverte, par la révélation d'une grandeur qui n'est pas de la terre. Seulement, il y a ici quelque chose de plus beau, de navrant, de poignant, de plus divin ». Bougaud, Jésus-Christ, 2è édit., p. 548. Des sept paroles du Christ mourant (chantées dans une musique sublime par des compositeurs célèbres, surtout par Haydn), trois, dont elle-ci, ne nous ont été conservées que par S. Luc, trois autres que par S. Jean, la septième est commune à la rédaction de S. Matthieu et de S. Marc. Les voici avec leur ordre probable : 1° Luc. 23, 34, « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » ; 2° Luc 23, 43, « En vérité, je te le dis, tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis. » ; 3° Joan. 19, 26 et 27, « Femme, voici ton fils… Voici ta mère » ; 4° Matth. 27, 46 et Marc. 15, 34, « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné » ; 5° Joan. 19, 28, « J'ai soif » ; 6° Joan. 19, 30, « Tout est consommé » ; 7° Luc. 23, 46, « Père, je remets mon esprit entre vos mains ». Elles concernent les ennemis de Jésus, les pécheurs pénitents, Marie et le disciple bien-aimé, les angoisses intérieures du divin patient, ses souffrances physiques, son œuvre et son Père céleste. La première et la dernière commencent par l'appellation filiale de « Père ». S. Bernard (cité par Schegg, Evang. Nach. Luk, t. 3, p. 321) les nomme gracieusement « les sept feuilles toujours vertes que Notre vigne produisit quand elle fut élevée sur la croix ». - Pardonnez-leur. « Il demandait déjà le pardon pour ceux de qui il était en train de recevoir des injures. Car il ne considérait pas que c’était par eux qu’il mourait, mais pour eux », S. August. Tractat. 31 in Joan. Les exégètes diffèrent d'avis sur l'application du pronom « leur ». Suivant les uns (Kuinoel, Ewald, Plumptre, etc.), il désignerait spécialement les soldats romains qui remplissaient l'office de bourreaux. Nous préférons admettre, à la suite du plus grand nombre, qu'il se rapporte en général à tous les ennemis de Notre-Seigneur, et surtout aux Juifs qui étaient les vrais instigateurs de sa mort. Nous obtenons ainsi un sens plus large et plus profond pour cette parole aimante. Telle paraît d'ailleurs avoir été l'interprétation de S. Pierre et de S. Paul, qui y font une allusion manifeste, le premier dans un discours consigné au livre des Actes, 3, 17, le second dans sa deuxième épître aux Corinthiens, 2, 8. - Car ils ne savent ce qu’ils font. Jésus motive ainsi et appuie fortement sa demande de pardon. Il a toujours été reçu en effet, devant Dieu comme devant les hommes, que l'ignorance diminue d'ordinaire la malice du péché. Or, les Juifs, au moins pour la plupart, ne comprenaient certainement pas toute l'énormité du crime qu'ils commettaient en crucifiant Notre-Seigneur. Ils ne pensaient pas mettre à mort leur Messie et leur Dieu, quoique leur erreur fût loin d'être exempte de péché. - Partageant ensuite ses vêtements. Voyez les détails plus complets dans S. Jean, 19, 23 et 24. Les condamnés, avant d'être attachés à l'arbre de la croix, étaient dépouillés de leurs vêtements, que la loi romaine adjugeait aux licteurs ou à ceux qui en faisaient l'office.