Luc 23, 30

Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.”

Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.”
Louis-Claude Fillion
Jésus énumère dans ces deux versets les motifs du « pleurez sur vous-mêmes ». Des jours approchent, dit-il, où la plus grande bénédiction humaine, celle de la maternité, sera regardée comme un affreux malheur (v. 29), où une mort violente, à condition qu'elle soit subite, passera pour un sort enviable (v. 30). - Heureuses les stériles. La privation d'enfants avait été autrefois présentée par le prophète comme une malédiction. Cfr. Os. 9, 14. Au début du troisième Évangile, 1, 25, nous entendions sainte Elisabeth remercier Dieu de ce qu'il avait fait cesser son « opprobre » en lui donnant un fils. Et voici qu'à trois reprises coup sur coup, Jésus répète cette béatitude étrange et nouvelle ! Mais il est des jours d'angoisses et de misères où une femme est heureuse en effet de n'avoir pas d'enfants ; et tels devaient être précisément ceux auxquels Notre-Seigneur fait allusion dans sa terrible prophétie. Ne vit-on pas alors des mères juives dévorer le fruit de leur propre sein ? Cfr. Jos. Bell. Jud. 6, 3, 4. Voilà pourquoi les « bénédictions des mamelles et du sein maternel » promises aux temps antiques par Jacob, Gen. 49, 25, cessent maintenant d'être des bénédictions.

Dire aux montagnes… Ces paroles sont empruntées au prophète Osée, 10, 8, chez qui elles représentaient déjà une scène d'horrible désespoir. On ne saurait exprimer au moyen d'une image plus forte le désir d'échapper par une fin soudaine à d'intolérables calamités : aussi S. Jean dans l'Apocalypse, 6, 16, la met-il sur les lèvres des réprouvés. Cfr. Is. 2, 10. L'historien Josèphe raconte, Bell. Jud. 6, 9, 4, que les habitants de Jérusalem, dans l'espoir d'échapper aux horreurs du siège, se réfugièrent en grand nombre dans les égouts et les souterrains de la ville, où l'on trouva ensuite leurs cadavres par milliers.