Luc 23, 26
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Les préparatifs
du supplice n'avaient pas demandé beaucoup de temps. Aussitôt après la sentence, tandis que se passaient les
scènes cruelles du prétoire, on avait grossièrement équarri et réuni les deux pièces de bois qui formaient une
croix ; les soldats de garde avaient été désignés, et munis de leurs provisions pour le reste de la journée
(voyez Keim, l. c. p. 392) : le convoi se mit donc promptement en marche. Nul doute que, selon la barbare
coutume de ces temps, l'auguste victime n'ait été abreuvée sur tout le parcours d'injures et de coups (« Ils te
perceront avec des lances quand tu marcheras en portant ta croix », Plaut. Most. 1, 1, 53). Sur l'intéressante
légende du Juif errant, qui se rattache à ce fait, voyez Wetzer et Welte, Dictionn. Encycl. de la théologie
cathol., t. 12, p. 431 et ss. de la traduction française. - Ils prirent un certain Simon de Cyrène… Les autres
synoptiques emploient l'expression légale « réquisitionner ». Voyez dans l'Evang. selon S. Matth., p. 544, les
détails relatifs à ce droit de réquisition et à la personne du Cyrénéen. Les soldats turcs réquisitionnent
aujourd'hui encore les habitants de la Palestine avec le même sans gêne qu'autrefois les prétoriens romains.
Cfr. Tristram, the Land of Israel, p. 402. - Qui revenait des champs. Cette circonstance a été souvent alléguée
comme une grave objection contre le sentiment de ceux qui fixent la date de la mort du Sauveur au 15 nisan,
c'est-à-dire au grand jour de la Pâque : mais le texte dit seulement que Simon revenait alors de la campagne,
non qu'il y avait travaillé. - Porter la croix derrière Jésus. La plupart des peintres et quelques exégètes
(Cajetan, Lipsius, van Oosterzee, Wordsworth) concluent de cet exposé, dont la forme est propre à S. Luc,
que Jésus ne fut pas complètement déchargé de sa croix ; il aurait même continué d'en porter la partie la plus
lourde, et tout son allégement eût consisté en ce que le Cyrénéen en soulevait la base. Mais c'est là une
fausse interprétation des mots « derrière Jésus », que l'on doit prendre d'une manière absolue, comme il
résulte des passages parallèles de S. Matthieu et de S. Marc (« pour porter sa croix »). Telle était déjà
l'opinion de S. Jérôme, in Matth. 27, 32, et de S. Ambroise, Expos in Luc. l. 10, 107. Du concours prêté,
quoique forcément, à Notre-Seigneur Jésus-Christ par Simon de Cyrène, les anciens gnostiques concluaient
que ce dernier avait été crucifié à la place de Jésus. Cfr. S. Irénée, ad. Haer. 1, 23 ; S. Epiph. Haer. 24, 3.
Cette étrange assertion a été insérée dans le Coran, Sur. 3, 4. - Sur la forme de la croix, voyez l'Evang. selon
S. Matth., p. 546. De curieuses traditions avaient cours autrefois touchant la nature du bois qui la composa.
D'après le Vénér. Bède, l'inscription était en buis, la tige en cyprès jusqu'à l'inscription, la traverse en cèdre,
la partie supérieure en pin. Guillaume Durand assure que le pied était de cèdre, la tige en cyprès, la traverse
en palmier, la tête en olivier. Une touchante légende populaire dit que toute la croix était en bois de tremble,
et c'est de là, ajoute-t-elle, que provient l'agitation perpétuelle des feuilles de cet arbre (Cfr. Smith, de Cruce,
3, 13, veut qu'elle ait été de chêne, arbre assez commun en Palestine ; mais il résulte d'observations
consciencieuses faites au microscope sur plusieurs reliques de la vraie croix (notamment par M. Decaisme,
membre de l'Institut, et par M. P. Savi, professeur à l'université de Pise), que l'instrument du supplice de
Jésus était en bois de pin. Voyez le savant Mémoire de M. Rohault de Fleury sur les Instruments de la
Passion, pp. 61-63, 359 et 360.