Luc 23, 2
On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
Les autorités religieuses de Jérusalem n’ont pas été unanimes dans la conduite à tenir vis-à-vis de Jésus (cf. Jn 9, 16 ; 10, 19). Les pharisiens ont menacé d’excommunication ceux qui le suivraient (cf. Jn 9, 22). A ceux qui craignaient que " tous croient en Jésus et que les Romains viennent détruire notre Lieu Saint et notre nation " (Jn 11, 48), le grand prêtre Caïphe proposa en prophétisant : " Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière " (Jn 11, 49-50). Le Sanhédrin, ayant déclaré Jésus " passible de mort " (Mt 26, 66) en tant que blasphémateur, mais ayant perdu le droit de mise à mort (cf. Jn 18, 31), livre Jésus aux Romains en l’accusant de révolte politique (cf. Lc 23, 2) ce qui mettra celui-ci en parallèle avec Barrabas accusé de " sédition " (Lc 23, 19). Ce sont aussi des menaces politiques que les grands prêtres exercent sur Pilate pour qu’il condamne Jésus à mort (cf. Jn 19, 12. 15. 21).
Christ roi. Partout ailleurs le texte grec porte le Christ et le roi, avec l’article déterminatif.
Ils
commencèrent à l'accuser. S. Luc expose avec une parfaite netteté cet acte d'accusation, et distingue très bien
les divers griefs. - Cet homme est dédaigneux en même temps que pittoresque. Les Sanhédristes, en
prononçant ce mot, montraient Jésus à Pilate. Ils durent appuyer aussi sur le verbe nous avons trouvé. « Ils
disent qu’ils amènent Jésus non comme quelqu’un qui est accusé ou soupçonné de crime, mais qui a
confessé et qui a été déclaré coupable », Rosenmüller, Scholia, h. l. À ce superbe nous avons trouvé Pilate
opposera plus loin, vv. 4, 14 et 15, son propre Je ne trouve rien et celui d'Hérode. Voyez du reste dans S.
Jean, 18, 29 et ss., le début de cette négociation si habilement conduite de part et d'autre. Le verbe grec
correspondant à pervertissant signifie proprement détournant, puis au moral, corrompant ; ou bien, et c'est
ici le cas, un meneur appelant à la rébellion. Cfr. Bretschneider, Lex. Man., t. 1, p. 234. D'après cette
première charge, qui est la plus générale et qui sera expliquée par les deux suivantes, Jésus était donc un
Mecîth, comme disaient les Juifs, un séducteur qui donnait au peuple une fausse direction, qui troublait par conséquent la paix de l'État. - Deuxième charge : il empêche de payer l'impôt à César. Quelle infâme
calomnie ! Comp. 20, 25 et les passages parallèles. Mais on voulait se débarrasser de Jésus par tous les
moyens possibles. Or les Sanhédristes avaient compris que, pour gagner Pilate à leurs vues, il fallait donner à
l’accusation une couleur politique. Jésus affirmant qu'il était le Messie, et le Messie, d'après les idées alors en
vogue chez les Juifs, devant délivrer son peuple de toute servitude romaine, ce grief était capable de frapper
le gouverneur. - Troisième charge : se disant le Christ-roi. Cette dernière allégation avait une apparence de
vérité ; mais les accusateurs défigurent malignement le sens du mot Christ en le traduisant par roi, dans le but
de faire accroire que Jésus s'était rendu coupable d'un crime de lèse-majesté contre l'empereur. Voilà donc les
autorités juives prises tout à coup d'un beau zèle pour les intérêts de Rome ! Remarquons les ressources et la
souplesse de leur haine. Quand le Sauveur avait comparu à leur propre barre, les Sanhédristes avaient donné
au même titre de Christ la signification de Fils de Dieu, afin de motiver une accusation de blasphème ;
maintenant ils ont besoin de prouver que Jésus est un rebelle : de là cette transformation.