Luc 22, 61
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
En témoigne la conversion de S. Pierre après le triple reniement de son Maître. Le regard d’infinie miséricorde de Jésus provoque les larmes du repentir (Lc 22, 61) et, après la résurrection du Seigneur, la triple affirmation de son amour envers lui (cf. Jn 21, 15-17). La seconde conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans l’appel du Seigneur à toute une Église : " Repends-toi ! " (Ap 2, 5. 16).
Détail bien touchant que
S. Luc a le mérite d'avoir seul conservé. Mais n'est-ce-pas en affaiblir la portée, la beauté, que de dire avec S.
Augustin : « Ces paroles désignent uniquement un acte intérieur qui s'accomplit dans l'intelligence et dans la
volonté. Dans son infinie miséricorde le Seigneur vint secrètement au secours de son apôtre, toucha son
cœur, réveilla son souvenir, le visita par une grâce intérieure, l'émut jusqu'à lui faire verser des larmes
extérieures et l'enflamma d'un immense repentir » (Grâce de Jésus-Christ et péché originel, Livre 1, 49) ? ou
avec S. Laurent Justinien (Lib. de triumphali Christi agone, c. 8) : « Il regarda Pierre non avec les yeux du
corps mais avec le regard de sa piété » (de même Nicolas de Lyre, etc.) ? Nous le craignons. Les verbes grecs
correspondant à regarder désignent des faits extérieurs, et nous n'avons ici aucun motif de leur attribuer un sens métaphorique. Luc de Bruges objecte, il est vrai, que le Seigneur n'a pu voir Pierre avec ses yeux
corporels, vu que le premier se trouvait dans l'intérieur du palais, l'autre dans la cour. Mais l'objection tombe
d'elle-même si nous admettons, comme on le fait généralement, que cette scène émouvante et rapide eut lieu
au moment où, après son premier interrogatoire devant le Sanhédrin, Jésus était conduit à l'appartement qui
devait lui servir de prison jusqu'au matin. Traversant alors l'atrium, il se retourna lorsqu'il passa près de
l'apôtre infidèle, et fixa sur lui un regard pénétrant, pour lui reprocher tacitement sa faute. Comp. S. Jean
Chrysostome, Théophylacte, etc. - Et Pierre se souvint. « Car il n’était pas possible qu’il demeurât dans les
ténèbres de la négation celui que la lumière du monde regardait », S. Jérôme, in Matth. 26. Quoi d'étonnant
que le cœur de S. Pierre ait été transpercé par ce regard de Jésus ! - Au moral, d'après la belle application de
S. Ambroise, il pleura en sanglotant. La faute le méritait bien. Si nous la considérons à la lumière de la
vocation de S. Pierre, elle est inexcusable ; néanmoins, rapprochée du caractère de l'apôtre, elle s'explique ;
rapprochée des circonstances du moment, elle perd de sa gravité ; enfin, si nous la rapprochons de nos
propres péchés, l'accusation n'expirera-t-elle pas sur nos lèvres coupables ? (van Oosterzee)