Luc 22, 32

Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »

Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Pape Francois
Avant sa passion, le Seigneur assurait à Pierre : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32). Puis il lui a demandé d’ « affermir ses frères » dans cette même foi. Conscient de la tâche confiée au Successeur de Pierre, Benoît XVI a voulu proclamer cette Année de la foi, un temps de grâce qui nous aide à expérimenter la grande joie de croire, à raviver la perception de l’ampleur des horizons que la foi entrouvre, pour la confesser dans son unité et son intégrité, fidèles à la mémoire du Seigneur, soutenus par sa présence et par l’action de l’Esprit Saint. La conviction d’une foi qui rend la vie grande et pleine, centrée sur le Christ et sur la force de sa grâce, animait la mission des premiers chrétiens. Dans les Actes des martyrs, nous lisons ce dialogue entre le préfet romain Rusticus et le chrétien Hiérax : « Où sont tes parents ? » demandait le juge au martyr, et celui-ci répondit : « Notre vrai père est le Christ, et notre mère la foi en lui ». Pour ces chrétiens la foi, en tant que rencontre avec le Dieu vivant manifesté dans le Christ, était une « mère », parce qu’elle les faisait venir à la lumière, engendrait en eux la vie divine, une nouvelle expérience, une vision lumineuse de l’existence pour laquelle on était prêt à rendre un témoignage public jusqu’au bout.
Pape Saint Jean-Paul II
C'est là une tâche précise pour l'Evêque de Rome en tant que successeur de l'Apôtre Pierre. Je l'accomplis avec la conviction profonde d'obéir au Seigneur et dans la pleine conscience de ma fragilité humaine. En effet, si le Christ lui-même a confié à Pierre cette mission spécifique dans l'Eglise et lui a recommandé d'affermir ses frères, il lui a fait éprouver en même temps sa faiblesse humaine et la nécessité particulière de sa conversion: « Quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 32). C'est dans la faiblesse humaine de Pierre que se manifeste pleinement le fait que, pour accomplir son ministère spécifique dans l'Eglise, le Pape dépend totalement de la grâce et de la prière du Seigneur: « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32). La conversion de Pierre et de ses successeurs trouve un appui dans la prière même du Rédempteur, et l'Eglise participe constamment à cette supplication. En notre époque œcuménique, marquée par le Concile Vatican II, l'Evêque de Rome remplit en particulier la mission de rappeler l'exigence de la pleine communion des disciples du Christ.

L'Evangile de Matthieu décrit et précise la mission pastorale de Pierre dans l'Eglise: « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien! moi je te dis: tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » (16, 17-19). Luc fait ressortir que le Christ recommande à Pierre d'affermir ses frères, mais qu'il lui montre en même temps sa faiblesse humaine et son besoin de conversion (cf. Lc 22, 31-32). C'est comme si, à partir de la faiblesse humaine de Pierre, il devenait pleinement manifeste que son ministère spécifique dans l'Eglise est entièrement l'effet de la grâce; c'est comme si le Maître s'employait spécialement à sa conversion pour le préparer à la tâche qu'il s'apprête à lui confier dans son Eglise et comme s'il était très exigeant avec lui. Le rôle même de Pierre, toujours lié à l'affirmation réaliste de sa faiblesse, se retrouve dans le quatrième Evangile: « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci? ... Pais mes brebis » (cf. Jn 21, 15-19). Il est significatif encore que, selon la première Lettre de Paul aux Corinthiens, le Christ ressuscité apparaisse d'abord à Céphas puis aux Douze (cf. 15, 5).

A la lumière de la Révélation et de l'enseignement constant de l'Eglise, spécialement de celui du Concile Vatican II, j'ai rappelé brièvement les traits essentiels de la liberté, les valeurs fondamentales liées à la dignité de la personne et à la vérité de ses actes, de manière à ce que l'on puisse reconnaître, dans l'obéissance à la loi morale, une grâce et un signe de notre adoption dans le Fils unique (cf. Ep 1, 4-6). En particulier, la présente encyclique offre des évaluations en ce qui concerne certaines tendances contemporaines de la théologie morale. Je vous en fais part maintenant, obéissant à la parole du Seigneur qui a confié à Pierre la charge d'affermir ses frères (cf. Lc 22, 32), pour éclairer et faciliter notre commun discernement.
Concile œcuménique
Cette infaillibilité, dont le divin Rédempteur a voulu pourvoir son Église pour définir la doctrine concernant la foi et les mœurs, s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine à conserver saintement et à exposer fidèlement. De cette in faillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 32) , il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs. C’est pourquoi les définitions qu’il prononce sont dites, à juste titre, irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église, étant prononcées sous l’assistance du Saint-Esprit à lui promise en la personne de saint Pierre, n’ayant pas besoin, par conséquent, d’une approbation d’autrui, de même qu’elles ne peuvent comporter d’appel à un autre jugement. Alors, en effet, le Pontife romain ne prononce pas une sentence en tant que personne privée, mais il expose et défend la doctrine de la foi catholique, en tant qu’il est, à l’égard de l’Église universelle, le maître suprême en qui réside, à titre singulier, le charisme d’infaillibilité qui est celui de l’Église elle-même. L’infaillibilité promise à l’Église réside aussi dans le corps des évêques quand il exerce son magistère suprême en union avec le successeur de Pierre. À ces définitions, l’assentiment de l’Église ne peut jamais faire défaut, étant donné l’action du même Esprit Saint qui conserve et fait progresser le troupeau entier du Christ dans l’unité de la foi.
Louis-Claude Fillion
« Leur ayant montré le danger, il leur montre le remède », Maldonat. - J'ai prié pour toi. Que majesté dans ce « J'ai » ! Jésus oppose sa personne divine et son intercession toute-puissante à la personne et à la demande de Satan. Déjà, comme le temps du verbe l'indique, la prière de Jésus est montée vers Dieu. Plus haut, v. 31, le Sauveur annonçait que les pièges de Satan menaçaient tous les apôtres ; maintenant il déclare que sa prière a été formulée d'une manière spéciale en faveur de Simon. Ce trait est vraiment remarquable. Mais en voici l’explication : afin que ta foi ne défaille pas. Il y a donc une importance particulière à ce que la foi de S. Pierre n'éprouve pas de défaillance totale, absolue. Notons en passant 1° que cette prière de Jésus a été nécessairement exaucée (Cfr. Joan. 11, 42. « La défense en justice est préférable à une tentative de troubler l’ordre, S. Ambroise) ; 2° que le reniement de S. Pierre n'a pas été réellement un abandon de la foi, quoique ce fût une faute grave (voyez Sylveira, Maldonat, et même Grotius, h. l.). - Et toi, lorsque tu seras converti… Il n'y a pas moins d'emphase dans ce « Et toi » que dans le « J'ai ». Toi aussi, fais à l'égard de tes frères ce que j'ai fait envers toi. Le mot converti signifie « repenti, revenu à la pénitence », ainsi qu'on l'a toujours généralement compris ; il insinue par conséquent la chute passagère que Jésus va bientôt prédire en termes formels à Simon, v. 34, et aussi sa prompte conversion. - Affermis tes frères : c'est-à-dire les autres apôtres, comme il ressort très clairement du contexte. Le verbe grec correspondant exprime une solidité à toute épreuve. Cfr. 1 Thess. 3, 2 ; 1 Petr. 5, 10 ; 2 Petr. 1, 12 ; etc. Quel beau parallèle du « Tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Église, et les forces des enfers ne l'emporteront pas sur elle » ! De part et d'autre les conclusions dogmatiques sont les mêmes. En premier lieu la primauté de S. Pierre : « Il est évident que tout ce discours du Seigneur présuppose que Pierre est le premier des apôtres » ; Bengel l'admet avec beaucoup d'autres protestants. En second lieu, le privilège de l'infaillibilité pour le prince des apôtres : « Qui peut douter que S. Pierre n'ait reçu par cette prière (de Jésus) une foi constante, invincible, inébranlable, et si abondante d'ailleurs, qu'elle fut capable d'affermir, non seulement le commun des fidèles, mais encore ses frères les apôtres et les pasteurs du troupeau, en empêchant Satan de les cribler ». Bossuet, Méditat. sur l'Evang., 70è jour. « Le Christ a promis à Pierre ce qu’il n’a pas promis aux autres. Car il n’a pas dit : j’ai prié pour vous comme il leur avait dit avant : je vous prépare un royaume. C’est à Pierre seul qu’il a dit : J’ai prié pour toi pour que ta foi ne défaille pas. Et pour faire comprendre qu’un privilège d’infaillibilité était attribué à Pierre en tant que chef de l’Église, il ajoute : et quand tu seras converti, confirme tes frères. Pierre n’aurait pas pu confirmer ses frères s’il n’avait pas été inébranlable dans la foi. De toutes ces choses… on retient que Pierre a reçu du Christ le privilège insigne d’infaillibilité », Gatti, Institutiones apolog. Polemicae de veritate et divinitate religionis et Ecclesiae catholicae, 1867, t. 3, p. 631 et s. En troisième lieu, les papes successeurs de S. Pierre participent naturellement à ce double privilège. « Cette parole, Affermis tes frères, n'est pas un commandement que Jésus fasse en particulier à S. Pierre ; c'est un office qu'il érige et qu'il institue dans son Église à perpétuité… Une éternelle succession fut destinée à S. Pierre. Il devait toujours y avoir un Pierre dans l'Église pour confirmer ses frères dans la foi ». Bossuet, l.c., 72è jour. C'est-à-dire que chaque pontife romain possède la primauté soit d'honneur soit de juridiction, et l'infaillibilité. Voir Bellarmin, Controv. 3, de Rom. Pontif. l. 4, c. 2-7 ; Billuart et Perrone, dans leurs traités « de Ecclesia » ; Gatti, l.c., p. 657 et s. ; Mgr l'Archevêque de Bourges, La tradition catholique sur l'infaillibilité pontificale, t. 1, p. 54 et ss.