Luc 22, 17
Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous.
Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous.
Ce calice est simplement la coupe que le maître du repas bénissait en cérémonie, dont il buvait, et qu’il passait ensuite à tous ceux qui étaient à table. Il faut donc bien le distinguer du calice contenant le sang du Sauveur, et dont il est question au verset 20.
Il s'élève ici une assez grosse discussion entre les commentateurs. Le calice mentionné dès cet endroit par
S. Luc, et par lui seul, est-il identique à celui dont il sera question au v. 20, c'est-à-dire au calice de
l'Eucharistie ? Ou bien serait-ce simplement une des coupes du festin légal (voyez l'Evang. selon S. Matth.,
p. 504), en particulier la première ou la troisième ? Ces deux sentiments ont été adoptés par des interprètes
d'un égal renom, depuis l'antiquité jusqu'à nous. « Ce calice appartient à l’ancienne Pâque à laquelle Jésus
désirait mettre un terme », Vén. Bède. De même Théophylacte, Cajetan, F. Luc, D. Calmet, Grotius,
Olshausen, Wordsworth, Abbott, etc. D'autre part, Origène (in Matth. Tract. 30), S. Cyprien (Epist. ad Caecil.
83), S. Augustin (Quaest. Evangel. l. 1, c. 42), Maldonat (h.l.), Langen (die letzten Lebenstage Jesu, p. 191 et
s.), etc., pensent que S. Luc parle dès maintenant de la coupe eucharistique, pour la signaler une seconde fois
plus loin (v. 20) à sa place véritable, avec la formule qui servit à la consacrer. La raison qu'ils allèguent nous
paraît assez plausible. Si le calice du v. 17 est un de ceux du festin légal, Jésus, en s'abstenant d'y toucher (v.
18), aura contrevenu sans motif apparent aux règles de la Pâque sur un point assez grave, ce qui semble
opposé à sa manière de faire accoutumée. Sans doute, la double mention du calice de l'Eucharistie paraît tout
d'abord surprenante, car elle accuse un défaut d'ordre dans le récit. Mais on peut fort bien répondre que S.
Luc a été conduit à anticiper de quelques instants par la symétrie qui existe entre les paroles antérieures de
Jésus, vv. 15-16, et celles du v. 18. Il aurait donc suivi un certain ordre logique, quitte à revenir plus loin à la
marche réelle des faits. - Partagez entre vous : de telle sorte que chacun ait sa part. Recommandation très
naturelle, Jésus ne voulant consacrer qu'une seule coupe pour tous ses convives.