Luc 20, 8
Alors Jésus leur déclara : « Eh bien, moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela. »
Alors Jésus leur déclara : « Eh bien, moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela. »
Parfaite application de l'axiome : « Réponds à l’insensé selon sa folie, sinon il va se prendre
pour un sage ! », Prov. 26, 5. Si vous êtes incompétents pour porter un jugement sur l'autorité de S.
Jean-Baptiste, vous l'êtes aussi au sujet de la mienne. - Voyez du reste l'explication détaillée de tout ce
passage dans nos commentaires sur S. Matthieu et sur S. Marc.
Il veut leur prouver qu'ils ont toujours résisté à l'Esprit saint, et qu'ils ont refusé de croire non seulement à Isaïe dont ils ne se souvenaient plus, mais à Jean-Baptiste qui avait paru récemment au milieu d'eux, Il leur adresse donc à son tour une question pour leur faire entendre que s'ils n'ont point voulu croire au témoignage que lui rendait Jean-Baptiste, un si grand prophète, et qui jouissait parmi eux d'une si grande considération, ils ne le croiraient pas davantage lui-même lorsqu'il leur dirait par quelle puissance il fait ces choses.
Ou encore: Quand ils font au Sauveur cette question: Par quelle autorité faites-vous ces choses? ils doutent que ce soit par la puissance de Dieu, et veulent faire entendre que ses oeuvres sont les oeuvres du démon. D'ailleurs, en ajoutant: Qui vous a donné cette puissance, ils nient ouvertement qu'il soit le Fils de Dieu, puisqu'ils attribuent les miracles qu'il opère à une puissance autre que la sienne. Notre-Seigneur pouvait confondre cette atroce calomnie par une réponse péremptoire, mais il préfère leur adresser une question pleine de sagesse pour les confondre e t les condamner par leur silence ou par leur propre réponse: «Jésus leur répondit: Moi aussi, je vous ferai une question», etc.
C'est-à-dire: Celui qui de votre aveu a reçu du ciel le don de prophétie, m'a rendu témoignage, et vous avez appris de lui par quelle puissance je fais ces choses: «Et si nous répondons: Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé que Jean était un prophète». Ils comprirent donc que quelle que fût leur réponse, ils tomberaient dans un piége; car ils craignaient d'être lapidés; mais plus encore peut-être de confesser la vérité: «Ils lui répondirent donc qu'ils ne savaient d'où il était». Ils n'ont pas voulu avouer ce qu'il savaient; par un juste retour Notre-Seigneur ne veut pas leur dire non plus ce qu'il sait: «Et moi, leur dit Jésus, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses». Il y a deux raisons en effet qui autorisent à cacher la connaissance de la vérité: lorsque celui qui demande à la connaître n'a pas assez d'intelligence pour comprendre ce qu'il demande, ou qu'il est indigne de la connaître par la haine ou le mépris qu'il affecte pour la vérité.
C'est-à-dire, d'après la loi de Moïse, il n'y a que ceux qui sont de la tribu de Lévi, qui aient reçu le droit d'enseigner et le pouvoir de remplir les fonctions sacrées dans le temple; or, comme vous êtes de la tribu de Juda, vous usurpez évidemment les fonctions qui nous ont été confiées. Mais, ô pharisien ! si vous connaissiez les Écritures, vous vous rappelleriez qu'il est le prêtre selon l'ordre de Melchisédech, qui doit offrir à Dieu ceux qui croient en lui par le moyen d'un culte bien supérieur à la loi. Pourquoi donc vous tourmenter de ce qu'il a chassé et banni des parvis sacrés des coutumes qui n'avaient leur raison d'être que dans les sacrifices prescrits par la loi, puisqu'il vient appeler les hommes à la véritable justification par la foi.
Et ils ne rougirent pas de reculer devant la vérité, car n'est-ce pas Dieu qui avait envoyé Jean comme une voix qui criait: «Préparez la voie du Seigneur ( Is 40, 3; Mt 3, 3; Mc 1, 3; Lc, 3, 4) ». Or, ils craignirent de dire la vérité de peur de s'attirer cette réponse: Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru? Et ils n'osent d'ailleurs blâmer le saint précurseur, non par un sentiment de crainte de Dieu, mais par crainte du peuple: «Et ils faisaient en eux-mêmes cette réflexion: Si nous répondons: Du ciel, il dira: Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ?»
Saint Luc ayant raconté comment Jésus avait chassé du temple les vendeurs et les acheteurs, passe sous silence qu'il retournait chaque jour à Béthanie, et revenait le lendemain à Jérusalem, ne dit rien du figuier qu'il dessécha, ni de la réponse qu'il fit à ses disciples étonnés sur la vertu de la foi ( Mt 21, 21; Mc 11, 28), et au lieu de suivre par ordre les événements de chaque jour, il continue ainsi son récit: «Un de ces jours-là», etc., paroles qui doivent s'entendre du jour où saint Matthieu et saint Marc placent les mêmes faits.
Le Sauveur demande non pas quelle était l'origine de Jean-Baptiste, mais d'où venait son baptême?
Tandis que les principaux d'entre les Juifs auraient dû être dans l'admiration devant la doctrine toute céleste du Sauveur, et reconnaître à ses paroles comme à ses actions qu'il, était le Christ prédit par les prophètes, ils ne cherchent qu'à soulever le peuple contre lui et à entraver son enseignement: «Et ils lui parlèrent de la sorte: Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses», etc.