Luc 20, 47

Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Louis-Claude Fillion
Expression toute classique, comparez Hom. Od. 4, 318. C'était là, d'après Ex. 22, 21 et s., un crime dont la voix s'élevait jusqu'au ciel. Cfr. Is. 10, 1, 2. Josèphe aussi, Ant. 18, 2, 4, reproche aux Pharisiens d'exercer une influence abusive sur le monde féminin. Mais le reproche du Sauveur est encore plus explicitement confirmé par ce passage du Talmud (Sota Hieros, 20, 1) : « Il y en a qui conspirent avec les orphelins pour enlever à la veuve ses aliments. Les richesses de n’importe quelle veuve sont la proie du Sabbat. R. Eleazar a dit à l’une d’entre elles : la plaie des Pharisiens te touche ». - Sous prétexte de longues prières. Ils unissaient ainsi l'hypocrisie à la rapacité. Mais leur châtiment équivaudra à leur malice !
Saint Théophylacte d'Ohrid
Car non seulement ils font le mal, mais ils se servent de leurs prières pour le commettre, et veulent faire de la vertu l'excuse du crime. Ils dépouillent d'ailleurs les veuves dont ils devraient avoir pitié, en exigeant d'elles des rétributions pour la protection qu'ils leur accordent.

C'est le propre de ceux qui recherchent et poursuivent l'éclat de la renommée, Ou encore, ils agissaient ainsi par un motif d'intérêt pécuniaire.

Il les envoyait pour être les docteurs de l'univers, il leur recommande donc avec raison de ne point imiter les prétentions ambitieuses des pharisiens: «Gardez-vous des scribes qui affectent de se promener vêtus de longues robes.
Saint Bède le Vénérable
Ou encore: «Ils subiront une condamnation plus rigoureuse parce qu'ils cherchent à obtenir à la fois des louanges et de l'argent».

C'est-à-dire qui aiment à paraître en public vêtus d'habits magnifiques et somptueux; ce qui est relevé comme une des fautes dont le mauvais riche s'est rendu coupable.

Il ne défend point de s'asseoir les premiers dans les synagogues ou dans les festins, à ceux que leur position appelle à occuper ces premières places, mais il recommande à ses disciples de se garder de ceux qui les recherchent sans y avoir droit. C'est l'intention qu'il condamne ici et non le rang qu'on occupe, bien qu'on ne puisse entièrement excuser ceux qui veulent à la fois se mêler aux discussions, aux litiges de la place publique, et en même temps être appelés maîtres dans les synagogues. Or, le Sauveur nous donne deux raisons pour nous engager à nous prémunir contre les sectateurs de la vaine gloire: la première, afin que nous ne soyons pas dupes de leur hypocrisie, en regardant leur conduite comme irrépréhensible; la seconde, afin que nous ne soyons pas tentés de les imiter, en mettant follement notre joie dans les louanges que l'on donne à leurs vertus apparentes. Et ce ne sont pas seulement les louanges qu'ils recherchent, mais encore les richesses: « Et qui sous prétexte de longues prières dévorent les maisons des veuves ». Ils affectent en effet d'être justes et de jouir d'un grand crédit auprès de Dieu, et ils n'hésitent pas à recevoir de l'argent des personnes faibles et troublées par la conscience de leurs péchés, pour se constituer leurs défenseurs au jugement de Dieu.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Les principaux vices des scribes étaient l'amour de la gloire et de l'argent. C'est contre ces vices les pires de tous que Notre-Seigneur prémunit ses disciples en leur disant: «Ils aiment à être salués dans les places publiques».
Saint Jean Chrysostome
Ils absorbent les biens des veuves, et foulent aux pieds la pauvreté, car ils n'épuisent pas ces biens d'une manière quelconque, mais ils les dévorent, et font servir la prière d'instrument à leurs iniquités, ce qui les rend dignes d'un plus terrible châtiment: «Ils subiront une condamnation plus rigoureuse».

Rien n'est plus fort que les preuves tirées des prophètes, elles sont bien supérieures aux faits eux-mêmes. Voyez en effet, malgré les miracles que Jésus opérait, ses ennemis ne laissaient pas de le contredire, mais lorsqu'il eut cité les témoignages des prophètes, ils se turent, parce qu'ils n'avaient rien à répliquer. Or, comme ils gardaient le silence, Notre-Seigneur leur adresse les reproches qu'ils méritaient: «Il dit ensuite à ses disciples, devant tout le peuple qui l'écoutait».