Luc 20, 44

David l’appelle donc Seigneur : comment peut-il être son fils ? »

David l’appelle donc Seigneur : comment peut-il être son fils ? »
Louis-Claude Fillion
A la fin de son raisonnement, Jésus réitère sa question en la précisant davantage : Comment est-il possible d'être en même temps l'inférieur et le supérieur de quelqu'un ? Aujourd'hui, un enfant du catéchisme répondrait à cette difficulté. Le Messie, dirait-il, est fils de David par sa génération temporelle, et le Seigneur de David par sa génération éternelle. Mais c'était alors la plus délicate, la plus complexe des questions théologiques. Aussi, pour la seconde fois dans ce jour mémorable, les Docteurs furent-ils contraints d'avouer leur ignorance. Cfr. v. 7.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il leur fait voir ensuite que loin d'être opposé à Dieu le Père, il est avec lui dans la plus parfaite union, puisque le Père se déclare contre ses ennemis: «Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds».

Notre-Seigneur les interroge donc lui-même, et après avoir fait naître le doute dans leur esprit, il leur laisse tirer la conséquence de ce qu'il vient de dire: «David l'appelle son Seigneur, comment peut-il être son fils».

Le Seigneur était près de sa passion, il n'en proclame pas moins sa divinité, non pas sans précaution et avec fierté, mais avec la plus grande modération. En effet, il se contente de leur adresser une question qui jette le doute dans leur esprit, et leur permet de tirer eux-mêmes la conséquence de ses paroles: «Alors Jésus leur demanda: Comment dit-on que le Christ est Fils ne David», etc.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Ou bien encore: Il est assis à la droite du Père, parce que sa gloire est la gloire souveraine de Dieu; ceux, en effet, qui ont un même trône, ont une même majesté. Or, cette expression figurée: être assis exprime la souveraineté et la puissance de Dieu sur toutes choses. Il est donc assis à la droite du Père, parce que le Verbe consubstantiel au Père n'a pas cessé d'être Dieu en se faisant homme.

Et nous aussi nous adressons la même question à ces nouveaux pharisiens qui refusent d'admettre que celui qui est né de la très-sainte Vierge soit le vra i Fils de Dieu et Dieu lui-même, et qui le divisent en deux personnes, et nous leur demandons: Comment le Fils de David est-il son Seigneur, en vertu d'une puissance qui n'est pas une puissance humaine, mais une souveraineté toute divine ?
Saint Augustin
Il ne faut pas entendre ces paroles «Asseyez-vous à ma droite», dans un sens matériel, comme si le Père était réellement assis à la gauche, et le Fils à la droite; mais la droite ici signifie la puissance de l'humanité unie à la divinité, puissance en vertu de laquelle le Sauveur viendra juger les hommes, lui qui, dans son premier avènement, était venu pour être jugé.
Saint Jean Chrysostome
David est à la fois père et serviteur du Christ, père selon la chair, et serviteur selon l'esprit.
Saint Ambroise
Le Sauveur ne leur reproche point de l'appeler Fils de David, puisque c'est en lui donnant ce nom, que l'aveugle avait mérité sa guérison ( Lc 13); et que les enfants avaient offert à Dieu le plus beau tribut de louanges et de gloire par cette acclamation: «Hosanna au Fils de David». Mais il leur fait un reproche de ne pas le reconnaître pour le Fils de Dieu; voilà pourquoi il ajoute: «David lui-même dit dans le livre des Psaumes ( Ps 109): Le Seigneur a dit à mon Seigneur». Ce n'est pas qu'il y ait deux Seigneurs; il n'y en a qu'un seul, parce que le Père est dans le Fils, et le Fils est dans le Père, fi est assis à la droite du Père, parce qu'étant égal et consubstantiel au Père, il n'a personne au-dessus de lui: «Asseyez-vous à ma droite». Il n'est pas supérieur au Père, parce qu'il est assis à sa droite; il ne lui est pas inférieur, parce qu'il est envoyé, la dignité ne peut être plus ou moins grande, là où se trouve la plénitude de la divinité.

Croyons donc que Jésus-Christ est à la fois Dieu et homme, et que Dieu le Père lui a soumis tous ses ennemis; non qu e le Fils lui soit inférieur en puissance, mais parce qu'ils ont une seule et même nature, et que l'un opère nécessairement avec l'autre; car le Fils lui-même assujettit aussi ses ennemis à son Père, par la gloire qu'il lui procure sur la terre ( Jn 17).