Luc 2, 8

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
Louis-Claude Fillion
Les premiers témoins, les premiers adorateurs du Christ sont humbles et pauvres comme sa mère, comme son père adoptif, comme le triste réduit où il est né. Jésus n'appelle pas à sa crèche des membres du Sanhédrin, des prêtres, des scribes ou des docteurs, mais des bergers. « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes… afin, comme il est écrit, Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. » 1 Cor. 1, 27 et ss. Comp. Matth. 11, 25 ; Luc. 10, 21. Les représentants du paganisme auprès du berceau de l'Enfant-Dieu seront néanmoins plus nobles et plus illustres. Mais il y avait dans la nation juive, tant d'orgueilleux préjugés relativement au Messie, et le Seigneur voulait lutter contre eux dès l'abord. - On ne possède aucun détail touchant les heureux pasteurs en faveur desquels eut lieu la première manifestation du Christ. Nul doute cependant qu'ils n'aient compté parmi ces âmes fidèles qui attendaient alors avec une sainte impatience « la consolation d'Israël ». Voyez le v. 38. La légende suppose qu'ils étaient au nombre de quatre et qu'ils s'appelaient Misaël, Achéel, Cyriacus et Stephanus. Comp. Hofmann, l. c., p. 117 . - Dans la même contrée, c'est-à-dire dans la contrée où était né Jésus, par conséquent aux alentours de Bethléem. D'après une tradition tout-à-fait vénérable (voir Sepp, Jerusalem u. das heil. Land, t. 1, pp. 469 et ss.), c'est sur le territoire du village actuel de Bet-Sahour, dans une petite plaine riante, chaude et fertile, remplie d'excellents pâturages où l'on engraissait autrefois les troupeaux destinés aux sacrifices du temple, et située au pied et à l'est de la colline sur laquelle s'élève Bethléem, que se tenaient les pasteurs quand l'ange leur apparut. On voit encore près du village les ruines d'une antique église, érigée dès les premiers siècles en souvenir de ce mystère, et nommée par les croisés « Gloria in excelsis ». Chaque année, le jour de Noël, les chrétiens de Bethléem vont en procession sur ce site béni. - Les veilles de la nuit. Il y avait quatre divisions de la nuit chez les anciens (de 6h du soir à 9h, de 9 à 12, de 12 à 3, de 3 à 6h. Du matin) : les pasteurs veillaient donc à tour de rôle et se remplaçaient probablement toutes les trois heures. Ce détail pittoresque de l'évangéliste, qui nous montre bergers et troupeaux dans les champs au cœur de la nuit de Noël, a souvent servi de point de départ à des attaques parfois assez violentes contre la date traditionnelle du 25 décembre. Nous avons dit ailleurs (Introduction générale, chronologie des Évangiles) ce qu'il faut penser de cette date : mais l'objection présente est sans aucune portée, car il résulte d'observations faites par de nombreux voyageurs (voir en particulier Schubert Reise in das Morgenland, t. 3, p. 107 ; Tobler, ap. Schegg, Evangel. Nach Lukas, h. l. ; Barth, ap. Ritter, Erdkunde, t. 16, p. 37 ; Rauwolf, Reisen, t. 1, p. 118) qu'à la suite des premières pluies, on a fréquemment en Palestine, vers la fin de décembre et le commencement de janvier, une température douce et agréable. L'herbe commence à croître et, même la nuit, l'on rencontre beaucoup de troupeaux dans les champs.