Luc 2, 37

demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.

demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Fulcran Vigouroux
Elle ne quitta pas le temple. Il y avait dans le temple, hiéron, une cour avec ses dépendances réservée aux femmes.
Louis-Claude Fillion
Siméon se tait ; son rôle évangélique est terminé. Une ancienne légende le fait même expirer de bonheur en cet instant aux pieds de l'Enfant Jésus. Alors s'approche Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. L'évangéliste, s'écrie Théophylacte, s'arrête avec complaisance à représenter sainte Anne ! ». S'il nous indique non-seulement le nom de cette pieuse femme, mais encore celui de son père et celui de sa tribu, serait-ce à cause de leur sens figuratif ? M. Schegg (Evangel. Nach Lukas, t. 1, h. l.) l'a pensé : « Comme Anne signifie Grâce, Phanuel Visage de Dieu, et Aser l'Heureux, on pouvait trouver dans cette triple appellation une convenance merveilleuse. Tout cela s'était vérifié dans Anne : ces noms contenaient son histoire. » Mais le raisonnement nous paraît plus ingénieux que vrai. Le texte sacré ajoute qu'Anne était prophétesse. Elle avait reçu, elle aussi, des lumières surnaturelles qui, pour la plupart, concernaient sans doute le Messie : le v. 38 semble du moins l'indiquer. S. Luc insiste encore sur l'âge avancé de son héroïne ; il précise le temps qu'elle avait vécu dans le mariage ; puis il relève sa qualité de veuve, et de sainte veuve. - Quatre-vingt quatre ans. Certains exégètes pensent que cela désigne l'âge total de sainte Anne à cette époque de sa vie ; les autres, à la suite de S. Ambroise, l'appliquent seulement aux années de son veuvage. En supposant, d'après cette seconde hypothèse, qu'Anne se fût mariée à 15 ans, selon la coutume juive, elle aurait alors été âgée de 106 ans (15+7+84). Mais nous croyons le premier sentiment plus probable. - Dans l'antiquité le veuvage était beaucoup plus rare qu'aujourd'hui : les femmes se remariaient presque toujours, du moins, lorsqu'elles étaient encore jeunes à la mort de leur premier mari. Anne, comme Judith, fut une glorieuse exception à cette règle ; et elle usait de sa liberté pour servir Dieu avec une plus grande perfection. - Elle ne s'éloignait pas du temple. Faut-il prendre ces mots à la lettre, et supposer que sainte Anne avait réellement sa résidence dans quelqu'une des annexes du temple ? Ou bien, ne vaut-il pas mieux croire que l'écrivain sacré les a employés par hyperbole, pour dire que la pieuse veuve passait une grande partie de ses journées dans les sacrés parvis (comp. 24, 53 ; Act. 2, 46) ? Nous inclinons davantage vers cette seconde interprétation. On voit par là, dans tous les cas, qu'Anne était morte au monde et qu'elle ne vivait que pour Dieu. Elle réalisait d'avance le portrait de la vraie veuve tracé par S. Paul, 1 Tim. 5, 5. « Elle persévérait dans son incessante adoration la nuit aussi bien que le jour. Quoiqu'elle eût depuis bien longtemps dépassé l'âge où les macérations corporelles forment un élément important de la sainteté, néanmoins sa vie était un jeûne continuel. Si la prière était l’œuvre de sa vie, la pénitence en était la récréation. » Faber, Bethlehem, p. 225.