Luc 2, 28

Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :

Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
Louis-Claude Fillion
Depuis son Incarnation, Jésus avait eu divers témoins, qui avaient proclamé son entrée dans le monde et chanté sa Rédemption : au ciel les anges, sur la terre Elisabeth, Jean-Baptiste, Zacharie, les pasteurs de Bethléem. Il en complète aujourd'hui le nombre. « Tous les âges et tous les sexes ont foi dans les événements miraculeux : une vierge enfante, une stérile engendre, un muet parle, Elizabeth prophétise…celui qui est enfermé dans un utérus exulte, la veuve est secourue, le juste attend… ». S. Ambr., Expos. In Luc. h. l. Siméon, dans son extase, arracha donc doucement l'enfant des bras de Marie ou de Joseph pour le presser dans les siens. « Bienheureuses mains qui ont palpé le Verbe de vie, et les bras préparés pour le recevoir ! » S. Greg. Nyss. in Cat. S. Thom. Quel tableau vraiment divin ! S. Luc l'a si bien tracé que les artistes n'ont eu qu'à le copier, et c'est ce qu'on fait admirablement, parmi bien d'autres, van Eyck, le Guide, Rubens, fra Bartolomeo Phil. De Champaigne, Francia, Véronèse, fra Angelico, le Titien, Raphaël. Voyez dans la littérature apocryphe (Evang. de l'enfance, ch. 6, et Protévang. De S. Jacq. ch. 15) de curieuses légendes sur la manière dont Siméon reconnut le Messie. - Il bénit Dieu et dit. Inondé de consolations, éclairé plus que jamais par l'Esprit-Saint, Siméon devenant tout à la fois prophète et poète, chante son sublime cantique, qui fut pour lui le chant du cygne, comme on l'a souvent répété.
Saint Bède le Vénérable
L'Évangéliste nous dit qu'il était juste et craignant Dieu, parce qu'il est difficile de conserver la justice sans la crainte, non pas cette crainte qui redoute de se voir enlever les biens de la terre (et que la charité parfaite chasse dehors), mais cette chaste crainte de Dieu qui demeure éternellement, et qui porte le juste à fuir toute offense de Dieu, d'autant plus soigneusement qu'il a pour lui un amour plus ardent.

Voir la mort, c'est en subir les atteintes, mais h eureux mille fois celui qui, avant de voir la dissolution de son corps par la mort, se sera efforcé de voir auparavant des yeux du coeur, le Christ du Seigneur, en transportant par avance sa vie dans la céleste Jérusalem, en fréquentant la maison de Dieu, c'est-à-dire, en suivant les exemples des saints, dans lesquels Dieu a fixé sa demeure. Or, c'est la même grâce de l'Esprit saint, qui lui avait annoncé par avance l'avènement du Sauveur, qui lui fait connaître le moment de sa venue: « Et il vint au temple conduit par l'Esprit ».

Cet homme qui était juste selon la loi, prit l'enfant Jésus dans ses bras, pour signifier que la justice des oeuvres légales figurées par les mains et par les bras, devait faire place à la grâce humble mais efficace et salutaire de la foi évangélique. Ce saint vieillard prit dans ses bras Jésus enfant, pour annoncer que ce siècle accablé, décrépit de vieillesse, allait revenir à l'enfance et à l'innocence de la vie chrétienne.
Saint Grégoire le Grand
Nous pouvons juger de là combien vifs et ardents étaient les désirs des saints du peuple d'Israël, pour voir le mystère de l'incarnation du Sauveur.
Saint Ambroise
Ce ne sont pas seulement les anges et les prophètes, les bergers et les parents eux-mêmes de Jésus, mais les vieillards et les justes qui viennent rendre témoignage à sa naissance: « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, il était juste et craignant Dieu ».

Oui il était véritablement juste, lui qui cherchait, non pas sa consolation, mais celle de son peuple: « Et il attendait la consolation d'Israël ».

Il désirait sans doute voir se briser les liens qui l'attachaient à ce corps fragile et périssable, mais il attendait de voir celui qui était promis, car il savait qu'heureux seraient les yeux qui mériteraient de le voir.
Saint Grégoire de Nysse
Ce n'est point la félicité de ce monde que le sage Siméon attendait pour la consolation d'Israël, mais le vrai passage pour son peuple aux splendeurs de la vérité qui devaient l'arracher aux ombres de la loi, car il lui avait été révélé qu'il verrait le Christ du Seigneur avant de quitter la terre: « Et l'Esprit saint était en lui , et il lui avait été révélé », etc.

Quelle est heureuse l'entrée de ce saint vieillard dans le temple, puisqu'elle l'approche du terme désiré de sa vie ! Heureuses ses mains qui ont mérité de toucher le Verbe de vie; heureux ses bras qu'il ouvrit pour recevoir l'enfant divin.
Origène
Et vous aussi, si vous voulez tenir Jésus et le serrer entre vos bras, faites tous vos efforts pour que l'Esprit saint lui-même vous serve de guide au temple de Dieu: « Et comme la parenté de l'enfant Jésus , l'y apportaient, afin d'accomplir pour lui ce qu'ordonnait la loi, il le prit dans ses bras ».