Luc 19, 8
Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
En libérant certains hommes des maux terrestres de la faim (cf. Jn 6, 5-15), de l’injustice (cf. Lc 19, 8), de la maladie et de la mort (cf. Mt 11, 5), Jésus a posé des signes messianiques ; il n’est cependant pas venu pour abolir tous les maux ici-bas (cf. Lc 12, 13. 14 ; Jn 18, 36), mais pour libérer les hommes de l’esclavage le plus grave, celui du péché (cf. Jn 8, 34-36), qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs asservissements humains.
Jésus bénit Zachée de son engagement : " Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple " (Lc 19, 8). Ceux qui, d’une manière directe ou indirecte, se sont emparés d’un bien d’autrui, sont tenus de le restituer, ou de rendre l’équivalent en nature ou en espèce, si la chose a disparu, ainsi que les fruits et avantages qu’en aurait légitimement obtenu son propriétaire. Sont également tenus de restituer à proportion de leur responsabilité et de leur profit tous ceux qui ont participé au vol en quelque manière, ou en ont profité en connaissance de cause ; par exemple ceux qui l’auraient ordonné, ou aidé, ou recélé.
Cette scène touchante ne se serait passée, d'après divers commentateurs (Olshausen,
Schleiermacher, etc.) que le lendemain matin, au moment où Jésus se mettait en route pour Jérusalem. Il est
beaucoup plus naturel de la placer soit immédiatement, dans la rue même, en face des insulteurs, soit peu de
temps après l'entrée du Sauveur chez son hôte, par exemple à la fin du repas du soir (comparez l'expression
aujourd'hui des vv. 5 et 9). Zachée, debout devant Jésus, émet publiquement un vœu généreux, indice de sa
complète conversion. C'est à tort qu'on a vu parfois dans l'emploi du temps présent l'énonciation d'un fait
antérieur et habituel, comme si Zachée eût voulu dire : Seigneur, je suis moins mauvais qu'on le croit : voyez
quelles sont mes pratiques accoutumées ! Je donne … je restitue… De l'avis à peu près universel, le présent
est mis pour le futur, en signe du caractère inébranlable et de l'exécution prochaine de la résolution. La chose
est si sûre qu'on peut la regarder moralement comme déjà faite. - Je donne la moitié de mes biens. De la part
d'un homme riche, c'était un sacrifice énorme. « Voici que le chameau, après avoir déposé le fardeau de sa
bosse, passe à travers le trou de l’aiguille. C’est-à-dire que, après avoir rejeté l’amour des richesses et foulé
aux pieds la fraude, il reçoit la bénédiction de l’accueil du Seigneur », Vén. Bède . - Et si j'ai fait tort à
quelqu'un. Dans le grec : extorquer de l'argent au moyen de fausses accusation. Cfr. 3, 14 et le commentaire.
La locution et si serait-elle une sorte d'euphémisme derrière lequel Zachée masquerait à demi ses fautes ?
Les exégètes modernes l'ont souvent affirmé, quoique bien à tort, selon nous. Quel intérêt Zachée avait-il à
ne pas faire alors une confession humble et complète ? Nous supposons donc, d'après son langage, qu'il n'a
pas conscience d'avoir lésé volontairement les droits du prochain. Mais il sait combien ses fonctions sont
délicates, et avec quelle facilité l'injustice matérielle, sinon formelle, peut s'y glisser (comp. le proverbe
italien : Il n'y a pas de grand fleuve où il ne soit entré un peu d'eau trouble) : il est prêt à réparer tous ses
torts, si on lui en découvre. Et avec quelle générosité il les réparera ! Je lui rends le quadruple. La loi juive
n'exigeait cette restitution au quadruple qu'en certains cas, par ex. quand l'objet volé avait été aliéné par le
voleur ou avait péri chez lui (Ex. 22, 1) ; ordinairement on n'était condamné à restituer que le double (Ex. 22,
4-9), et même, quand on restituait spontanément, il suffisait d'ajouter un cinquième en sus de la valeur. Quant
aux lois romaines, un article spécial, « des publicains », n'exigeait de ces fonctionnaires que la restitution
pure et simple, quoique les voleurs communs dussent la faire au quadruple.