Luc 19, 48

mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.

mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.
Louis-Claude Fillion
Décidés à se défaire de Jésus, les Sanhédristes étaient dans l'embarras sur les moyens auxquels ils auraient recours pour le mettre à mort. - Car tout le peuple était suspendu d'admiration. Motif de cette hésitation, et en même temps beau contraste. Tandis que les ennemis du Sauveur s'acharnent à sa perte, le peuple écoute Jésus avec transport. La locution suspendu, spéciale à notre évangéliste, n'est pas moins élégante qu'énergique, comme le fait observer Suicer, Thesaurus, t. 1, p. 1065. Les auteurs classiques l'emploient fréquemment. Voyez Virg. Aen. 4, 79 ; Ovid. Ep. 1, 30 ; Horat. Ep. 1, 105, etc. Cfr. Gen. 44, 30. Nous disons dans le même sens : être suspendu aux lèvres de quelqu'un. Quel éloge, en un seul mot, de l'éloquence toute divine de Notre-Seigneur !
Saint Théophylacte d'Ohrid
Notre-Seigneur avait déjà vengé de la sorte la sainteté du temple au commencement de sa prédication, comme nous le voyons dans saint Jean, il le fait encore aujourd'hui, et fait ainsi ressortir en même temps la conduite sacrilège des Juifs, que le premier avertissement n'avait pu corriger.
Saint Bède le Vénérable
Ces paroles peuvent s'entendre de deux manières; soit que dans la crainte de soulever le peuple, ils ne sussent que faire de Jésus, qu'ils avaient résolu de mettre à mort, soit qu'ils cherchassent à le perdre, parce qu'ils en voyaient un grand nombre abandonner leur enseignement pour se presser en foule autour du Sauveur.

Ou parce qu'il enseignait tous les jours dans le temple, ou parce qu'il en avait chassé les voleurs, ou enfin, parce qu'en y entrant comme roi et Seigneur, il avait été reçu par la foule de ceux qui croyaient en lui au milieu des louanges et des chants des hymnes célestes.
Saint Grégoire le Grand
Après avoir prédit les malheurs qui devaient fondre sur Jérusalem, Jésus entre aussitôt dans le temple, pour en chasser les vendeurs et les acheteurs, montrant ainsi que la ruine du peuple a pour cause la conduite coupable des prêtres: « Et étant entré dans le temple, il commença à chasser ceux qui y vendaient et y achetaient ».

C'est, qu'en effet, ceux qui demeuraient dans le temple pour recevoir les offrandes, commettaient souvent des exactions à l'égard de ceux qui refusaient de donner.

Notre divin Rédempteur ne veut pas priver de ses divins enseignements les indignes mêmes et les ingrats, et après cet acte de vigueur pour venger la sainteté du temple, en chassant ceux qui l'outrageaient, il répand sur eux les dons de sa grâce: « Et il enseignait tous les jours dans le temple ».

Dans un sens figuré, de même que le temple est au milieu de la ville, ainsi ceux qui sont consacrés à Dieu, se trouvent au milieu du peuple fidèle. Or, il arrive souvent que quelques-uns de ceux qui prennent l'habit religieux et qui remplissent les fonctions des saints ordres, font de cet auguste ministère l'objet d'un commerce terrestre. Les vendeurs dans les temples sont ceux qui ne veulent donner qu'à prix d'argent ce qui appartient de droit aux fidèles, car c'est vendre la justice de ne vouloir en faire part que moyennant une somme d'argent. Ceux à leur tour qui achètent dans le temple, sont ceux qui ne veulent pas rendre au prochain ce qui lui est dû, et qui en refusant de faire ce qui est juste, achètent à prix d'argent les coupables faveurs de leurs supérieurs.

Ils font de la maison de Dieu une caverne de voleurs, car lorsque des hommes pervers remplissent les fonctions du ministère sacerdotal, ils mettent à mort avec le glaive de leur malice ceux qu'ils auraient dû vivifier par leurs prières médiatrices. Le temple, c'est encore l'âme des fidèles, si elle se laisse aller à des pensées préjudiciables aux intérêts du prochain, elle devient comme une caverne de voleurs. Au contraire, la vérité enseigne tous les jours dans le temple, lorsqu'elle instruit soigneusement l'âme des fidèles des moyens à prendre pour éviter le mal.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Mais le peuple avait conçu de Jésus-Christ une idée meilleure et plus juste que les scribes, les pharisiens et les princes des Juifs, qui, refusant de croire en lui, blâmaient ceux qui proclamaient ses louanges: « Mais ils ne trouvaient aucun moyen de rien faire contre lui, car tout le peuple était ravi en l'écoutant ».

Il y avait, en effet, dans le temple, une multitude de marchands qui vendaient les animaux destinés à être immolés conformément aux prescriptions de la loi. Mais le temps était venu où les ombres allaient faire place au brillant éclat de la vérité en Jésus-Christ. C'est pourquoi Notre-Seigneur, qui était adoré dans le temple avec son Père, commence à réformer les rites défectueux de la loi, et rappelle que le temple est une maison de prières: « Il est écrit: Ma maison est une maison de prières, et vous en faites une caverne de voleurs ».

La doctrine de Jésus-Christ, aussi bien que ses oeuvres, auraient dû les convaincre qu'ils devaient l'adorer comme leur Dieu, mais loin de là, ils cherchaient à le mettre à mort: « Cependant les princes des prêtres, les scribes et les principaux du peuple cherchaient à le perdre ».
Saint Augustin
Dans le sens figuré, le temple, c'est l'humanité de Jésus-Christ, ou le corps qu'il s'est uni, qui est l'Église. C'est comme chef de l'Église qu'il disait: « Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours »; et c'est en tant qu'il est uni à l'Église, qu'il dit en cet endroit: « Emportez tout cela d'ici », etc. Il a voulu nous signifier par là qu'il s'en trouverait qui chercheraient leurs intérêts dans l'Église, ou qui s'en feraient un asile pour cacher leurs crimes au lieu de pratiquer la charité de Jésus-Christ, et de réformer leur vie après avoir obtenu le pardon de leurs fautes par une confession sincère.
Saint Ambroise
Le Seigneur nous apprend donc en général que toute transaction commerciale doit être bannie du temple. Dans un sens spirituel, il chasse les changeurs qui cherchent à trafiquer avec l'argent du Seigneur, c'est-à-dire avec les divines Écritures, et qui ne mettent plus de distinction entre le bien et le mal.

Dieu ne veut pas que son temple soit un rendez-vous de marchands, mais la maison de la sainteté, et son dessein, en instituant le ministère sacerdotal, n'a pas été que ses fonctions augustes devinssent l'objet d'un trafic sacrilège, mais qu'elles fussent remplies avec un désintéressement parfait.
Origène
Celui qui vend sera donc chassé du temple et surtout s'il vend les colombes. En effet, si je vends au peuple à prix d'argent les vérités qui m'ont été révélées et confiées par l'Esprit saint, ou que je refuse de les enseigner gratuitement, que fais-je autre chose que de vendre une colombe, c'est-à-dire l'Esprit saint?