Luc 18, 7
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ?
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ?
Le Seigneur
ajouta. S. Luc interrompt momentanément par cette formule le récit du Sauveur, pour mieux mettre en relief
l'antithèse qui va suivre, vv. 6 et 7, et qui contient l'application de la parabole. - Entendez ce que dit ce
juge… Selon la juste observation de Stier, à première vue il semble qu'il eût été plus naturel de dire : Voyez
ce qu'a fait cette veuve et imitez-la. Mais il y a précisément dans ce tour rapide, inattendu, quelque chose qui
frappe l'attention, et qui fortifie beaucoup la pensée. - Et Dieu ne ferait pas justice… Quelle juxtaposition
hardie ! Dieu, la souveraine justice et la souveraine bonté ainsi comparé à un monstre d'iniquité ! Toutefois,
l'argumentation de Jésus n'en sera que plus irrésistible. « Si donc il l'exauça, quoiqu'il trouvât ses
réclamations si importunes, comment ne nous exaucerait pas Celui qui nous presse de le prier? » S. August.,
Serm 115, 1. Et puis, ceux que Dieu exauce de la sorte sont ses élus (ce mot apparaît ici pour la première fois
dans S. Luc), c'est-à-dire ses enfants de choix, qu'il aime de toute éternité d'un amour infini ; enfin, comme la
veuve de la parabole, ils implorent constamment son secours contre leurs ennemis : ils font donc à son cœur
une sainte violence. Remarquez l'énergie du verbe crier ; le verbe grec correspondant a une force plus grande
encore. - Les derniers mots du verset ont soulevé d'assez vifs débats parmi les commentateurs, qui diffèrent
d'opinion soit sur la forme primitive du texte, soit sur l'idée même qu'il exprime. Beaucoup adoptent la leçon
des manuscrits E, G, H, K, M, S, U, V, Δ, Λ, Γ, de la Recepta et de la Peschito syr. Ceux-là lisent : « quelque
soit sa rapidité à les secourir » (Suicer). Les autres lisent, d'après une seconde catégorie d'anciens témoins
(A, B, D, L, Q, X, II, Sinait., etc;) : Dieu ne vengerait pas ses élus… mais il tarderait à leur rendre justice !
De part et d'autre on obtient un sens très logique et, en outre, assez bien adapté au contexte. Car, si la
première opinion paraît préférable d'après l'ensemble de la parabole, qui suppose que, suivant le proverbe,
« Dieu a ses heures et ses délais », même quand il est question de venger ses amis opprimés, la seconde est
favorisée par la réflexion suivante de Jésus : je vous dis qu'il leur fera justice bientôt (cf. v. 8, comp. Eccli.
35, 21 et ss.). C'est à cette dernière que nous nous rangeons, à cause de l'autorité supérieure des manuscrits et
versions sur lesquels elle s'appuie.