Luc 18, 11

Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.

Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.
Louis-Claude Fillion
Deux portraits d'un fini sans pareil vont mettre sous nos yeux le Pharisien et le publicain en prières. Les touches sont peu nombreuses, mais avec quelle finesse psychologique elles ont été choisies ! - Le Pharisien, se tenant debout... Les deux priants sont debout (cfr. v. 13) conformément à l'usage qui prévalait chez les Juifs (cfr. 3 Reg. 8, 22 ; 2 Par. 6, 12 ; Marc. 11, 25 etc.) ; mais il est difficile de ne pas voir une intention particulière dans les expressions différentes qu'emploie le divin narrateur, d'après le texte grec, pour décrire cette attitude ; ici, le verbe est plein d'emphase, et semble indiquer une posture hardie, affectée. Cfr. Matth. 6, 5. Divers exégètes nous montrent le Pharisien superbe s'isolant à dessein de la foule des suppliants pour éviter leur contact qui pouvait le souiller ; toutefois la combinaison adoptée par la Vulgate est plus naturelle. - O Dieu, je vous rends grâces. Ce début est irréprochable, car l'action de grâces est une partie essentielle de la prière ; malheureusement, sous prétexte d'exprimer à Dieu sa reconnaissance, c'est son éloge personnel que fait ensuite le Pharisien dans les termes les plus audacieux. « Que demande-t-il donc à Dieu? Qu'on examine ses paroles, et on ne le trouvera pas. Il est monté pour prier; mais au lieu de prier Dieu, il se loue », S. Aug. Serm 115. Il divise l'humanité en deux catégories, de manière à former à lui seul la première, qui est évidemment toute parfaite, tandis qu'il jette avec dédain « le reste des hommes » dans la seconde. Et que sont, pour lui, les autres hommes ? Il les caractérise à l'aide de trois épithètes qui désignent trois des vices les plus honteux : voleurs, injustes, adultères. Puis, ses regards s'étant alors arrêtés sur l'humble publicain qui priait à distance, il le mêle à sa prétendue prière, se servant de lui « comme d'un fond obscur sur lequel les brillantes couleurs de ses propres vertus ne devaient que plus splendidement ressortir » (Trench). « Ce n’est plus là se réjouir, c’est insulter » S. Augustin, Enarr. 1 in Ps. 70, 2.