Luc 14, 6
Et ils furent incapables de trouver une réponse.
Et ils furent incapables de trouver une réponse.
Plus haut, v. 4, les Pharisiens s'étaient
tus parce qu'ils n'avait pas « voulu » répondre ; maintenant leur silence est forcé et provient de l'embarras.
Quelle riposte auraient-ils pu faire à la démonstration si frappante de Jésus ? C'est ainsi que Notre-Seigneur
débarrassait peu à peu l'institution sabbatique des observances mesquines sous lesquelles l'étouffait à demi
une tradition inintelligente.
Dans la question qu'il leur adresse, il se rit de leur folie, qui leur fait proscrire les bonnes oeuvres le jour du sabbat, que Dieu lui-même a béni; en effet, un jour où l'on ne fait point de bonnes oeuvres, est un jour maudit.
Notre-Seigneur ne s'inquiète pas du scandale que vont prendre les pharisiens, il ne songe qu'à faire du bien à celui dont l'état réclame son secours; ainsi quand il s'agit d'un grand bien, nous ne devons pas nous préoccuper si les insensés en seront scandalisés.
C'est-à-dire, si la loi défend les oeuvres de miséricorde le jour du sabbat, ne prenez ce jour-là aucun soin de votre fils, qui est en danger; mais pourquoi parler de votre fils; quand votre boeuf en péril a droit le jour du sabbat à toute sollicitude?
Ils n'osent, et avec raison, répondre à cette question; quelle que soit leur réponse, ils voient qu'elle tournera contre eux, car s'il est permis de guérir le jour du sabbat, pourquoi épier le Sauveur pour voir s'il guérira? Et si ce n'est pas permis, pourquoi prennent-ils soin de leurs animaux même le jour du sabbat: « Et ils gardèrent le silence ».
Notre-Seigneur confond ainsi les pharisiens qui épiaient sa conduite, et condamne à la fois leur avarice, car c'était par un sentiment d'avarice qu'ils délivraient leurs animaux en péril le jour du sabbat. À combien plus juste titre, le Christ devait-il délivrer l'homme, mille fois supérieur à l'animal sans raison?
Il choisit le boeuf et l'âne comme objet de sa comparaison, pour signifier les sages et les insensés, ou les deux peuples, c'est-à-dire, le peuple juif, accablé sous le joug de la loi, et le peuple des Gentils, qui n'avait pu être dompté par aucun moyen; car Notre-Seigneur les a tous retirés du puits de la concupiscence où ils étaient tombés.
Nous lisons dans le texte sacré « Et Jésus répondant », parce qu'il répond, en effet, aux pensées de ceux dont il dit plus haut: « Et ils l'observaient », (cf. Mc 12,35 Ap 7,13 ) car le Seigneur pénètre les plus secrètes pensées des hommes.
Il tranche donc la question par un exemple des plus propres à les convaincre qu'ils violaient le sabbat par un motif de cupidité, eux qui l'accusaient de le violer par une oeuvre de charité. Aussi l'Évangéliste ajoute-t-il: « Et ils ne pouvaient rien lui répondre ».
Dans le sens mystique, l'hydropique est la figure de celui qui est comme accablé sous le poids du cours déréglé des voluptés charnelles, car l'hydropisie tire son nom d'un épanchement de sérosité aqueuse.
C'est à dessein que Notre-Seigneur guérit cet hydropique en présence des pharisiens, parce que l'infirmité corporelle de l'un était la figure de la maladie intérieure des autres.
Bien que le Seigneur connût à fond la malice des pharisiens, il consent à s'asseoir à leur table pour l'utilité de ceux qui seraient témoins de ses paroles et de ses miracles: « Un jour de sabbat, Jésus étant entré dans la maison d'un chef des pharisiens pour y prendre son repas, ceux-ci l'observaient », c'est-à-dire, qu'ils regardaient s'il manquerait au respect dû à la loi, et s'il ferait quelque action défendue le jour du sabbat. Un hydropique s'étant donc présenté, Notre-Seigneur confond par la question suivante la témérité des pharisiens qui voulaient le prendre en défaut: « Et voici qu'un homme hydropique se trouvait devant lui: et Jésus prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens: Est-il permit de guérir le jour du sabbat ?»
Comme les pharisiens continuent à garder un silence ridicule, Jésus confond leur impudence obstinée par de sérieuses raisons: « Puis il leur dit: Qui de vous, si son fils ou son boeuf tombe dans un puits, ne l'en retire aussitôt le jour du sabbat ? »
Sans donc se préoccuper des embûches que lui tendent les Juifs, Notre-Seigneur guérit cet hydropique qui, par crainte des pharisiens, n'osait lui demander sa guérison le jour du sabbat; il se tenait seulement devant lui, afin que le Sauveur, touché de compassion à la vue de son triste état, lui rendit la santé. Aussi Jésus, connaissant ses dispositions, ne lui demande pas s'il veut être guéri, mais il le guérit sans tarder: « Et prenant cet homme par la main, il le guérit et le renvoya ».
Le Sauveur compare justement l'hydropique à l'animal qui est tombé dans un puits (car c'est un excès d'humeur liquide qui le rendait malade), comme il a comparé plus haut à l'animal qu'on délie pour le mener boire, la femme qui était comme liée depuis plusieurs années.
Ou bien encore, l'hydropique figure le riche avare, car plus le liquide épanché abonde chez l'hydropique, plus il est dévoré par la soif; ainsi plus le riche avare voit augmenter les richesses dont il fait un mauvais usage, plus aussi ses désirs s'enflamment.