Luc 14, 31
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
Ne s’assied pas auparavant ; c’est-à-dire : n’examine pas en repos et à loisir.
De plus, ainsi qu'il ressort du second exemple, à côté de la honte on trouverait le danger. La
première comparaison avait été prise dans le domaine de la vie privée ; celle-ci est empruntée à la conduite
d'un roi inexpérimenté, qui a follement engagé le bonheur et les intérêts de toute une nation dans une guerre
imprudente. Elles se complètent mutuellement, présentant la même vérité sous deux aspects distincts, comme
les paraboles du grain de sénevé et du levain (Matth. 13, 31-33), du trésor caché et de la perle (Matth. 13, 44-
46), de la pièce neuve servant à rapiéceter des vêtements usés et du vin nouveau mis dans de vieilles outres
(Matth. 9, 16 et 17). - Avec dix mille homme… contre… vingt mille. La lutte sera donc dans la proportion de
deux contre un, c'est-à-dire tout à fait inégale, à moins que le premier roi n'ait des chances exceptionnelles de
succès. Ce sont précisément ces chances qu'il devra mûrement examiner avant de se lancer dans une
expédition qui pourrait devenir désastreuse. Témoin Crésus, témoin Amasias (4 Reg. 14, 8-12), témoin Josias
(4 Reg. 23, 29 et 30), hélas ! témoin la France dans ces dernières années. - Divers exégètes, curieux de tout
savoir, d'entrer dans les détails les plus minutieux des paraboles pour en faire l'application mystique (voyez
l'Evang. selon S. Matth. p. 266), ont recherché ce que pouvaient bien figurer les nombres 10000 et 20000,
quel est l'antitype du second roi, etc. Ils ont trouvé que les 10000 soldats représentent les dix
commandements de la Loi, que le roi auquel la victoire semble d'avance réservée est l’emblème de Dieu (ce
qui est étrange puisque alors nous serions supposés marcher au combat contre lui avec quelques chances favorables), ou de Satan (ce qui n'est pas moins étrange puisque Jésus nous recommanderait de capituler
avec l'enfer). En face de ces idées singulières ou contradictoires, nous préférons dire avec Corneille de
Lapierre (in v. 32) : « C’est le propre de la parabole qu’il n’y ait pas d’équation parfaite entre le signe et la
chose signifiée », et, avec Maldonat : « Il ne faut pas chercher curieusement qui est ce roi,….car, comme
nous l’avons dit, la guerre…. n’est rien d’autre que d’entreprendre quelque chose d’ardu ».