Luc 14, 20
Un troisième dit : “Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne peux pas venir.”
Un troisième dit : “Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne peux pas venir.”
Si
les excuses alléguées précédemment partaient d'un amour exagéré pour les biens de ce monde, la troisième
provenait de la concupiscence de la chair, « qui entrave de nombreuses personnes » ajoute S. Augustin, de
Verb. Dom. Serm. 33. Il est remarquable que celui qui la profère se montre dans son langage plus arrogant
que les deux autres invités, comme l'a noté S. Grégoire, Hom. 36 in Evang. : « Celui qui, à cause d’une
maison de campagne ou d’un bœuf de labour, refuse de participer au banquet de celui qui l’a invité mêle à
son refus quelques paroles de politesse. Car, quand il a dit je te prie, la modestie résonne dans sa voix ». Oui,
au moins dans la voix, quoique en refusant de venir, il se montrait méprisant dans son action. Le second se
mettait pourtant plus à l'aise que le premier, car, tout en s'excusant, il se contentait de dire : Je pars, sans
indiquer qu'il agissait d'après une nécessité vraie ou supposée (v. 18, il est nécessaire que …). Quant au
troisième, il dit tout court, sans la moindre formule courtoise pour pallier son refus : Je ne puis venir ; lisez :
Je ne veux pas y aller ! Après tout, si la Loi juive (Deut. 24, 5) dispensait les nouveaux mariés du service
militaire, pourquoi ne se seraient-ils pas exemptés d'assister à un festin ? Comparez ce mot prononcé par
Crésus en vue d'obtenir que son fils n'assistât pas à la grande chasse officielle qui eut pour lui une si fatale
issue : « Ne me parlez pas davantage de mon fils ; je ne puis l'envoyer avec vous. Nouvellement marié, il
n'est maintenant occupé que de ses amours... » (Hérodote, 1, 36). Un exégète allemand, Herberger, a supposé
d'une manière bien ingénue que les trois invités de la parabole figuraient, dans l'intention du Sauveur, les
trois sectes juives de ces temps, « les Esséniens adonnés à l'agriculture, les Pharisiens semblables à des
taureaux violents et superbes, les Sadducéens charnels ». Il y a plus de vérité dans ce distique d'Hildebert
(cité par Trench, Notes on the Parables) :
« La maison de campagne, les bœufs, l’épouse exclurent du banquet les appelés.
Le monde, les soucis, la chair ferment le ciel aux renés (baptisés)