Luc 12, 17

Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”

Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Louis-Claude Fillion
Ce verset et les deux suivants contiennent un monologue d'une parfaite exactitude psychologique, et admirablement décrit. - Que ferai-je ? Se demande avec anxiété le riche propriétaire, mis subitement dans l'embarras. Et quel embarras ! Je n'ai pas où serrer mes fruits... « La richesse trouble l’homme plus que la pauvreté », S. Augustin. « O angoisse née de la satiété ! La fertilité de son champ angoisse l’âme de l’avare. Car il dit : que ferai-je ? Il montre par là que l’intensité de ses désirs l’opprime; et qu’il peinait pour un assemblage de petites choses », S. Greg. Moral. 15, 22. C'est le cas de citer le vers de Virgile, Georg. 1, 49 : « Les moissons abondantes de blé rompent les granges. » Ou celui de Tibulle, 2, 5, 84 : « Cérès distend les granges pleines de blé. » Le vieux proverbe a raison : « L’inquiétude suit l’augmentation de la richesse ». Si la plupart des hommes se tourmentent parce qu'ils n'ont pas tout ce dont ils ont besoin ou tout ce qu'ils désirent, il en est d'autres qui s'inquiètent parfois à propos de leur superflu, dont ils ne savent que faire. Comme s'il n'y avait pas des pauvres pour les délivrer de ce souci ! « Tu as pour entrepôt le sein des pauvres, la maison des veuves, les bouches des enfants. », S. Ambroise, de Nabuthe, 7. Cfr. S. August. Serm 36, 9 ; S. Basile, ap. Cat. S. Thom. ; Eccli. 29, 12. Mais c'est l'égoïsme qui donne ici le ton. Le riche de notre parabole ne pense qu'à lui-même, comme le montre le pronom « je » répété cinq fois avec emphase.