Luc 11, 39
Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.
Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.
Ce principe de l’intégralité de l’observance de la Loi, non seulement dans sa lettre mais dans son esprit, était cher aux Pharisiens. En le dégageant pour Israël, ils ont conduit beaucoup de Juifs du temps de Jésus à un zèle religieux extrême (cf. Rm 10, 2). Celui-ci, s’il ne voulait pas se résoudre en une casuistique " hypocrite " (cf. Mt 15, 3-7 ; Lc 11, 39-54), ne pouvait que préparer le Peuple à cette intervention de Dieu inouïe que sera l’exécution parfaite de la Loi par le seul Juste à la place de tous les pécheurs (cf. Is 53, 11 ; He 9, 15).
Le Seigneur lui
dit : Expression solennelle : c'est comme Seigneur que Jésus va parler. On a remarqué depuis longtemps que
son discours présente une ressemblance frappante avec celui qui est relaté au 23è chap. de S. Matthieu. Mais
chacun des narrateurs fixe si nettement les dates en ce double passage, et ces dates, de même que les
localités, diffèrent tellement, qu'il est impossible de ne pas admette une répétition des mêmes vérités devant
divers auditoires. Telle était déjà l'opinion de S. Augustin : « Selon S. Matthieu… le Seigneur était déjà
arrivé de la Galilée à Jérusalem; et si l'on examine l'ordre des événements qui précèdent ce discours, on est
porté à croire qu'ils se sont passés dans cette dernière ville. Saint Luc au contraire suppose dans son récit que
le Seigneur était toujours sur le chemin de Jérusalem. Aussi suis-je porté à croire que ce sont deux discours
différents, cités, le premier par un Évangéliste, et le second par un autre. » De cons. Evang. l. 2, c. 75.
D'ailleurs, dans le troisième Évangile, les idées sont moins développées, et puis, ce ne sont pas seulement les
Pharisiens, mais aussi les Scribes qui reçoivent les malédictions de Jésus. Cfr. v. 45 et ss. Cette autre
différence prouve encore que les deux discours ne sont pas complètement parallèles. Le Sauveur aura donc
flagellé une première fois les vices de ses ennemis devant un auditoire plus restreint, avant de fulminer
contre eux, à Jérusalem même, sous les portiques du temple et en présence d'une foule immense, son grand
réquisitoire. Cfr. 20, 45-47. - Vous autres, Pharisiens… Jésus ne s'adresse pas exclusivement à celui qui
l'avait invité, mais aux convives en général, car ils appartenaient tous sans doute à la secte. On a osé trouver
mauvais que Notre-Seigneur ait lancé des reproches si énergiques contre un homme dont il avait accepté
l'hospitalité, et cela dans sa propre maison, à sa propre table. Mais Jésus avait des motifs suffisants pour
s'écarter en cette occasion des lois ordinaires des « bonnes manières ». Toujours aimable et condescendant à
l'égard des pécheurs même les plus dégradés, il s'est toujours montré sévère, inexorable, à l'égard des
hypocrites qui gâtaient son peuple : ce roi de vérité ne peut supporter le mensonge, et il a bien le droit de le
démasquer partout, même chez un amphitryon déloyal (voyez le v. 37 et l'explication). Aussi Ebrard
répondait-il de la manière la plus heureuse à cette objection de Strauss : « Je puis certifier à Strauss que, si
Notre-Seigneur s'asseyait de nos jours à sa table, il serait tout aussi peu civil » (cité par Stier, Reden des
Herrn, h. l.). Cfr. S. August., de Verb. Dom. Serm. 38. - Vous nettoyez le dehors de la coupe… « Jésus tient
compte du temps, et il tire de ce qu’il a sous la main un enseignement. On en était à l’heure du repas, et il
prend comme exemple une coupe et un plat », S. Cyrille, Cat. graec. Patr. Aussi, rien de plus naturel que ce
début et, par là-même, rien de plus frappant. - Mais ce qui est au-dedans de vous : votre âme, la partie la plus
intime de vous-mêmes. Quelle opposition hardie ! La vaisselle et les âmes. Mais Jésus ne faisait que décrire
ce qu'il contemplait. Autant les plats et les coupes qu'il avait devant lui sur la table, lavés, frottés dix fois le
jour, étincelaient et brillaient, autant les cœurs des hommes qui l'entouraient étaient souillés, car la rapine (un
vice désigné en particulier) et l'iniquité (le vice en général) les remplissaient de manière à les faire déborder.
Quelques interprètes obtiennent cet autre sens : L'intérieur de la coupe et du plat regorge de votre rapine et de
votre iniquité, c'est-à-dire : Vos repas sont le produit de l'injustice. Cfr. Matth. 23, 25, dans le texte grec.
Mais c'est là évidemment une construction forcée.