Luc 11, 14

Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.

Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.
Louis-Claude Fillion
Jésus chassait un démon est une périphrase pittoresque, aimée de S. Luc. - Et celui-ci était muet : dans le grec, expression ambiguë qui peut désigner la surdité aussi bien que le mutisme, ou même ces deux infirmités réunies. Le contexte montre que l'évangéliste voulait surtout parler de la seconde. D'après S. Matthieu, le démoniaque était en outre aveugle. La locution « et ce démon était muet », qui paraît d'abord surprenante, est d'une grande exactitude psychologique, car elle identifie le démon et le possédé, ne faisant d'eux qu'une seule personne morale, ce qui correspondait tout à fait à la réalité. S. Luc indique ainsi que l'infirmité guérie par Notre-Seigneur dans la circonstance présente ne provenait pas d'un défaut d'organisme, mais qu'elle était un résultat de la possession diabolique. - Le muet parla. Ce changement de genre atteste de nouveau la précision toute médicale de l'écrivain sacré. Le démon chassé, l'homme seul restait, et reprenait tous ses droits personnels : ce qu'indique le masculin le. - Les foules furent dans l'admiration, « et disaient : Cet homme ne serait-il pas le fils de David ? » Matthieu, 12, 23. Mais quand est-ce qu'eut lieu ce miracle, et, par suite, quand fut prononcé le discours auquel il servit d'occasion ? S. Matthieu (cfr. Marc. 3, 20 et ss.) et S. Luc lui attribuent en effet une date très différente. Nous n'osons recourir pour cette fois, comme le font plusieurs exégètes, à l'hypothèse d'une répétition, car la ressemblance des deux récits, qui va souvent jusqu'à l'identité, semble renverser d'avance une pareille opinion. Au reste, aucun des évangélistes ne détermine ici le temps d'une manière précise, ce qui nous laisse une plus complète liberté d'appréciation. Nous croyons donc l'arrangement de S. Matthieu, que corrobore en partie celui de S. Marc, plus conforme à l'ordre chronologique, et nous plaçons l'incident à une époque moins tardive dans la vie de Jésus. Voyez l'Harmonie évangélique.