Jean 9, 6

Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,

Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
Catéchisme de l'Église catholique
Signes assumés par le Christ. Dans sa prédication, le Seigneur Jésus se sert souvent des signes de la création pour faire connaître les mystères du Royaume de Dieu (cf. Lc 8, 10). Il accomplit ses guérisons ou souligne sa prédication avec des signes matériels ou des gestes symboliques (cf. Jn 9, 6 ; Mc 7, 33-35 ; 8, 22-25). Il donne un sens nouveau aux faits et aux signes de l’Ancienne Alliance, surtout à l’Exode et à la Pâque (cf. Lc 9, 31 ; 22, 7-20), car il est lui-même le sens de tous ces signes.

Souvent Jésus demande aux malades de croire (cf. Mc 5, 34. 36 ; 9, 23). Il se sert de signes pour guérir : salive et imposition des mains (cf. Mc 7, 32-36 ; 8, 22-25), boue et ablution (cf. Jn 9, 6 s). Les malades cherchent à le toucher (cf. Mc 1, 41 ; 3, 10 ; 6, 56) " car une force sortait de lui qui les guérissait tous " (Lc 6, 19). Ainsi, dans les sacrements, le Christ continue à nous " toucher " pour nous guérir.
Louis-Claude Fillion
Après avoir dit cela. Après ces préliminaires (vv. 1-5), Jésus passe au prodige, qui est dramatiquement quoique succinctement raconté (vv. 6 et 7). - Le rôle du thaumaturge consiste dans trois actes et dans une parole. Premier acte : il cracha à terre ; second acte : il fit de la boue avec sa salive ; troisième acte : il appliqua (quelques manuscrits ont ἐπέθηϰεν, « posa » au lieu de ἐπέχρισεν) cette boue sur les yeux de l’aveugle. C'est là, il faut l'avouer, un étonnant moyen de guérison. Ne dirait-on pas que Jésus ferme et scelle d'abord les yeux qu'il veut ouvrir ? Cependant, en deux autres circonstances (Marc. 7, 33, pour un sourd-muet, et Marc. 8, 22-26, pareillement pour un aveugle) nous le voyons employer un peu de salive pour opérer de grands miracles. D'un autre côté, nous savons, soit par les classiques latins (Pline, Hist.nat. 28, 7 ; Tacite, Hist. 4, 8; Suétone, Vespas. 7), soit par les Rabbins (voyez Wetstein et Lightfoot, h.l.), que la salive d’un homme à jeun et même la boue était alors regardées comme des remèdes pour les yeux malades. Mais il est bien évident que ce n'est point à cause de leur vertu curative, vraie ou supposée, que N.-S. Jésus-Christ fit usage de ces deux substances. Ce n'est pas une pincée de poussière humectée d'une goutte de salive qui eût pu rendre la vue à un aveugle-né ! Quels motifs spéciaux le guidaient ? On ne saurait le dire d'une manière certaine, puisque tantôt il guérit par un seul contact ou même par une seule parole, et que tantôt il a recours aux moyens communs, en les relevant toutefois et en leur conférant une force miraculeuse. Peut-être agissait-il ainsi à l'occasion dans un but pédagogique, afin d'exciter la foi des malades ; mais la meilleure interprétation consiste à dire, d'après le contexte (v.7) et plusieurs Pères, que tout est symbolique dans le cas présent. S.Irénée a là-dessus un beau passage : « L’écriture dit que Dieu prit du limon de la terre et façonna l’homme. C’est pourquoi le Seigneur cracha sur la terre, en fit de la boue et l’appliqua sur les yeux. Il montra ainsi comment avait été faite la première création, et manifesta à ceux qui étaient capables de le comprendre, la main de Dieu qui avait formé l’homme du limon ». Cf S Jean Chrys. Hom. in h.l., et Prudence. Apotheosis, 689 et ss. Jésus aurait donc complété à l'égard de l'aveugle l'acte du Créateur, et par un procédé semblable.