Jean 9, 39
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
C’est en jugement ; c’est pour exercer un jugement, et par ce jugement manifester les desseins de Dieu sur les hommes.
Parole tout à la
fois consolante et terrible, par laquelle N.-S. Jésus-Christ rattache son rôle entier de Messie au miracle
récemment accompli. Il expose la signification mystique de la guérison : il y a d'autres yeux qu'il est venu
guérir ; hélas ! il en est aussi pour lesquels le résultat de son Incarnation sera la plus plus affreuse cécité.
C'est bien à tort qu'on a parfois séparé ce petit épisode (vv. 39-41) de la scène qui précède, car il lui est
intimement lié de toutes façons. Jésus ne s'adresse plus à l'aveugle agenouillé à ses pieds, mais à toute
l'assistance. - Pour un jugement. Dans le grec, εἰς ϰρίμα : expression que S. Jean emploie seulement en cet
endroit. C'est encore une nuance de ϰρίσις (V, 22, 24, 27, 30, etc.). Par ce dernier terme, il faut entendre
l'acte même de juger ; le ϰρίμα est le résultat final de la ϰρίσις, la décision, le jugement (bon ou mauvais,
favorable ou défavorable) qui est la conséquence de cet acte. Cf. Matth. 7, 2 ; Marc. 12, 40 ; Rom. 2, 2, 3,
etc. Quoique Jésus ne soit pas directement venu pour juger les hommes, mais tout au contraire pour les
sauver, 3, 17 ; 8, 15, son séjour parmi eux opérait néanmoins un jugement inévitable. Les méchants se
séparaient des justes, la foi et l'incrédulité étaient manifestées. Cf. 3, 19 ; Luc. 2, 34 ; mais en réalité chacun
était jugé par sa propre conduite envers N.-S. Jésus-Christ. - Je (pronom très accentué) suis venu dans ce
monde. Locution animée de S. Jean. Cf. 8, 23 ; 11, 9 ; 12, 25, 31 ; 13, 1 ; 16, 11 ; 18, 36 ; 1 Joan. 4, 17. Ce
monde, tel que nous le voyons encore, avec son étonnant mélange de bien et de mal. - Afin que ceux qui ne
voient pas... Langage métaphorique qui est très clair d'après le contexte. Jésus explique dans quel but (ἵνα) il
s'est incarné. La terre était remplie d'aveugles beaucoup plus à plaindre que celui qui avait recouvré naguère
la vue auprès de la piscine de Siloé : à ceux-là également il apportait le bienfait de la pleine lumière (voient),
βλέπωσιν). C'était la masse ignorante, la foule des petits et des humbles qui n'avaient qu'une connaissance
imparfaite de Dieu et de ses volontés. Cf. 7, 49 ; Luc. 10, 21 ; Matth. 11, 25 ; 12, 31-32. - Et que ceux qui
voient... Il y a un changement significatif dans l'expression. Jésus ne dit pas « ne voient pas » mais
« deviennent aveugles » ; ce qui est beaucoup plus énergique, car cela marque la privation des organes
mêmes. Ces croyants rendus aveugles, ce sont évidemment, d'après l'ensemble de l'évangile, les Pharisiens et
les docteurs superbes.