Jean 9, 29

Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »

Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
Louis-Claude Fillion
Ils développent et motivent ici leur assertion récente, en appuyant de nouveau dans les termes les plus orgueilleux (nous savons, nous ne savons pas) sur leur science soi-disant infaillible. - Dieu a parlé à Moïse : λελάληϰεν au parfait, pour exprimer que les révélations faites par le Seigneur à Moïse étaient et demeuraient complètes. - Mais celui-ci... d’où il est. Nous ignorons, en conséquence, s'il a des pouvoirs particuliers, et de qui il les tient. C'était une façon négative de dire que Jésus n'était certainement pas l'envoyé de Dieu. Voyez, 7, 27, une déclaration toute contraire, mais faite à un autre point de vue. Déjà, dans la synagogue de Capharnaüm, 6, 31 et 32, les Juifs avaient établi un rapprochement entre Notre-Seigneur et Moïse, de manière à relever celui-ci aux dépens de Jésus. Ils ont toujours été, du reste, si fiers de leur grand législateur !
Saint Thomas d'Aquin
1341. Ici est infligée à l’aveugle la malédiction des pharisiens. L’Evangéliste expose d’abord la malédiction adressée par les pharisiens à l’aveugle, puis la réplique de l’aveugle aux pharisiens .

En ce qui concerne la malédiction, il expose d’abord la malédiction proférée par les pharisiens, puis ce qui pour eux en est la cause

1342. ILS — c’est-à-dire les pharisiens s’adressant à l’aveugle — LE MAUDIRENT ET LUI DIRENT : "SOIS TOI-MÊME SON DISCIPLE", ce qui est certes une malédiction si on examine leur cœur tortueux, mais pas si on pèse attentivement leurs paroles. C’est alors, bien au contraire, la plus grande bénédiction; et qu’une telle malédiction soit sur nous et sur nos fils ! — Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples . Si cependant l’Evangéliste a dit : ILS LE MAUDIRENT, c’est parce que [la réponse des pharisiens] procédait de leur cœur mauvais. Il est dit au livre des Proverbes : Comme si tu voulais orner un vase d’argile avec de l’argent non purifié, ainsi sont des lèvres enflées associées à un cœur de la pire espèce . Et au sujet de cette malédiction il est dit dans le psaume : Ceux-ci maudiront et toi, tu béniras Et en Matthieu : Bienheureux serez-vous lorsqu'ils vous maudiront .

1343. L’Évangéliste donne ensuite la cause de la malédiction : QUANT À NOUS, NOUS SOMMES LES DISCIPLES DE MOÏSE. Ils tenaient en effet pour une malédiction ce que l’aveugle leur avait dit : qu’ils deviennent disciples du Christ alors qu’ils se glorifiaient d’être les disciples de Moïse, qu’ils estimaient plus grand. C’est pourquoi ils avancent d’abord leur condition : QUANT À NOUS, NOUS SOMMES LES DISCIPLES DE MOÏSE — Moïse consigna la Loi dans les préceptes de la justice . Mais fausse est leur gloire, parce qu’ils ne suivaient pas Moïse ni n’accomplissaient ses préceptes — Si vous croyiez à Moïse, vous croiriez peut-être aussi à moi . Autrement dit, vous ne suivez pas le serviteur et vous tournez le dos au maître . Ils exaltent ensuite la dignité de Moïse :

NOUS, NOUS SAVONS QUE DIEU A PARLÉ À MOÏSE, ce en quoi ils disent vrai puisque, selon le livre de l’Exode, le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme a coutume de parler à son ami . Et au livre des Nombres, le Seigneur dit : Si quelqu’un parmi vous est prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai en vision ou je lui parlerai en songe. Mais tel n'est pas mon serviteur Moïse qui est, dans toute ma maison, le plus fidèle en effet, c’est de bouche à bouche que je lui parle . Le Seigneur parlait donc avec lui d’une manière plus excellente qu’avec les autres prophètes. C’est à cette manière de lui parler que les pharisiens font allusion. Mais il est clair que lorsque Dieu s’adressait à Moïse par son verbe, [toute] la dignité de Moïse venait du verbe de Dieu. Et ainsi le verbe de Dieu a une dignité plus grande que celle de Moïse — Lui, c’est-à-dire le Christ, a été jugé digne d’une gloire d’autant supérieure à celle de Moïse, que la dignité de celui qui a construit une maison est plus grande que celle de la maison elle-même .

Enfin, ils insinuent à mots couverts l’indignité du Christ MAIS CELUI-LÀ, c’est-à-dire le Christ, NOUS NE SAVONS PAS D’OÙ IL EST. Cela est vrai, certes, mais pas selon leur intention. En effet ils ne connaissaient pas le Père, de qui le Christ était — Vous ne connaissez ni moi ni mon Père . Mais c’est faux quant à leur intention. Ils ont dit en effet : CELUI-LÀ, NOUS NE SAVONS PAS D’OÙ IL EST, comme pour dire : il n’a aucune autorité, il est comme un écrit inauthentique , de sorte que l’on ne peut prouver, à son sujet, s’il vient de Dieu. Par là ils semblaient lui appliquer cette parole de Jérémie : Je ne les envoyais pas, et eux couraient .